(1) Source : Document d’orientation de l’innovation de Défense pour 2019-2025 : https://www.actualitte.com/article/monde-edition/l-armee-se-dote-d-auteurs-de-science-fiction-pour-mieux-faire-la-guerre/95827

 

(2) Georges Lucas dans Histoire de la SF de James Cameron, 2019, Mana Books, page 99, à propos de la guerre menée par les rebelles contre l'Empire

 

(3) Rappelons l'extinction des dinosaures il y a 65 millions d'année ou encore l'astéroïde Apophis qui frôlera la terre en 2029.

 

Le CINEMA DE SCIENCE-FICTION et le miliTArisme :

que la guerre est belle ?

 

Je ne sais pas comment sera la Troisième Guerre Mondiale, mais je sais qu’il n’y aura plus beaucoup de monde pour voir la Quatrième. » (Albert Einstein)

 

Introduction

La guerre à l'écran est un spectacle problématique : trop la montrer c’est risquer la banalisation et/ou la fascination ; ne pas (ou pas assez) la montrer c’est risquer la déréalisation et l'ennui. Globalement les films mettant en scène la guerre naviguent entre information, spectacle et dénonciation. En ce qui concerne les films de SF les problématiques de la représentation de la guerre sont les mêmes que pour les autres genres avec une caractéristique supplémentaire, celle de débrider l'imagination en s'éloignant (du moins en supposant s'éloigner) des réalités contemporaines... ce qui donne à ce genre de film un pouvoir de réflexivité (du cinéaste comme du spectateur) très intéressant.

Ce 'pouvoir' n'a pas échappé à l'armée : par exemple, en France une cellule dite Red Team, composée de 4 ou 5 futurologues et écrivains de science-fiction sera formée pour « proposer des scénarios de disruption. L’objectif est d’orienter les efforts d’innovation en imaginant et en réfléchissant à des solutions permettant de se doter de capacités disruptives ou de s’en prémunir »(1)... Étonnant non ?

Analysons le traitement de la guerre dans le cinéma de SF, guerre spectacle, guerre magnifiée, guerre honnie.


 

I- Le Space Opéra ou la guerre spectacle

 

Ach, la guerre, gross malheur ! La guerre inévitable et subie devient un spectacle épique, particulièrement dans le genre Space Opera.

 

A- Etude de cas : la guerre dans Star Wars

 

Dans Star Wars, personne n'aime la guerre (du coté lumineux de la Force s'entend) mais celle-ci est inévitable. Interrogé sur les sources d'inspiration de la Guerre des étoiles, Georges Lucas évoque Dune et Le seigneur des anneaux pour ce qui est de la conception d'un Univers complet, la mythologie et la religion pour les mythes et les valeurs, les récits de SF de son adolescence pour l'imaginaire (Flash Gordon par exemple), le cinéma d'Akira Kurosawa (qui le fascinait)... et l'Histoire. Mais à aucun moment Georges Lucas ne définit clairement la/les sources historiques de tel ou tel aspect de la saga. En fait l'histoire et les guerres passées ne forment qu'un élément de la construction de l'imaginaire Star Wars. Décryptage...


1) La 1ère trilogie (1977 – 1983)

 

L'affrontement entre les l'Alliance rebelle et l'Empire est très manichéen (le Bien contre le Mal) et correspond à une phase, elle aussi manichéenne, de la géopolitique mondiale, la « guerre fraîche ». C'est une phase de la guerre froide qui débute après les accords d'Helsinki de 1975 avec un renouveau de l'expansionnisme communiste (Afghanistan entre 1979 et 1985) puis un durcissement de la politique américaine avec Ronald Reagan (crise des Euromissiles par exemple). Ce contexte imprègne fortement Un nouvel espoir (1977), L'Empire contre-attaque (1980) et Le retour du Jedi (1983). D'ailleurs l'administration américaine utilisa l'expression Star Wars pour désigner le projet d'Initiative de Défense Stratégique (IDS)... au grand dam de Georges Lucas qui perdit les procès qu'il intenta. C'est dans cette trilogie que se met en place un imaginaire de guerre au croisement de multiples inspirations :

  • la guerre d'Indépendance américaine (1776-1783) où les rebelles sont les Insurgents et l'Empire est le colonisateur britannique ;
  • la 2nde guerre mondiale (1939-1945) : les Stormtroopers sont inspirés des SA nazis ; les pilotes de l'Alliance rappelent les intrépides pilotes de chasse alliés ; Le triomphe de la volonté de Léni Riefensthal a été copié dans la scène finale de l'épisode VI ; la guerre génocidaire apparait lorsqu'Alderaan est détruite par l'Etoile de la Mort) ;
  • la guerre du Vietnam (1968-1975) : les Ewoks du Retour du Jedi sont totalement inspirés des Vietcongs qui, par leurs techniques de guérillas et leur connaissance du terrain ont tenu tête à l'armée moderne des Etats-Unis ;
  • la guerre froide : même si le réalisateur s'en défend on peut raisonnablement convoquer le manichéisme de la guerre froide pour interpréter cette trilogie avec les références visuelles utilisées pour représenter l'Empire et avec l'Etoile Noire comme allégorie de la menace d'extinction atomique ;

 

2) La prélogie (1999 - 2005)

 

Politiquement cette trilogie raconte comment une démocratie (la République) bascule dans le totalitarisme. Pour ce qui est du thème de la guerre, la trilogie évoque plusieurs changements ou évolutions des années 1990 – 2000 :

  • l'économie devient clairement un motif de tensions et de guerre au travers des agissements de la Fédération du Commerce et son blocus de Naboo dans La menace fantôme (cela renvoie aux enjeux pétroliers dans le Golfe) ;
  • la question de l'indépendantisme et du séparatisme est posée par la rébellion de la Confédération des Systèmes Indépendants faisant écho aux troubles en ex-Yougoslavie par exemple (1992-1999)  ;
  • la place de l'armée dans une démocratie est au cœur de L'attaque des clones et de La revanche des Siths : si la guerre est inévitable, quels sont les moyens dont les démocraties disposent et surtout, pour quels usages ? Rappelons que l'épisode II sort après le 11 septembre et la guerre en Afghanistan et que l'épisode III (2005) se fait l'écho des interrogations sur la légitimité démocratique de certaines lois d'exception (Patriot Act) ou de la guerre en Irak (2003) ;

Dans cette trilogie le manichéisme est plus nuancé car le camp du Bien porte aussi sa part sombre : en effet les clones, armée de la République, affrontent la rébellion des Séparatistes sur Géonosis, au prix de nombreuses victimes... dont on ne se soucie guère. Clones = chair à canon ?

 

3) La 3° trilogie (2015 – 2019)

 

Avertissement : nous n'avons pas encore assez de recul pour approfondir le sujet...

donc paragraphe faiblard...

 

Cette trilogie avance encore dans la complexification des tensions et formes de guerre :

  • La situation géopolitique de la Galaxie est moins simple : elle est gouvernée par un régime démocratique et pacifique, la République, mais la menace d'une impitoyable dictature existe (le Premier Ordre détruit la capitale de la République, Hosnian Prime, avec la nouvelle étoile de la mort puis devient le Dernier Ordre) et, pour contrer cette menace, la générale Leïa Organa (Carrie Fisher) a (re)bati la Résistance. On peut y voir la complexité du monde du XXI° siècle où les forces démocratiques (par exemple le système onusien) affrontent des ennemis (pêle-mêle : régimes autoritaires, multinationales hyper-puissantes, groupes terroristes...) et voient se dresser, hors de leur contrôle, des forces d'opposition (par exemple les mouvements non-gouvernementaux de type altermondialistes ou écologistes) (?)
  • les combats dans Les derniers Jedi et L'ascension de Skywalker prennent une tournure nouvelle : l'affrontement à distance. Lorsque Luke affronte Kylo Ren dans Les derniers Jedi (2017) ou lorsque Rey combat Kylo Ren dans L'ascension de Skywalker (2019), c'est la Force qui permet tout cela... mais on peut y voir une projection des nouvelles formes de combat à distance qui se développent actuellement (drones ; frappes laser-guidées ; etc.) qui déréalisent la guerre ;

 

 


B- La guerre spectacle

 

La guerre peut être conçue comme un spectacle. Ni diabolisée ni encensée, elle est là. Elle correspond le plus souvent à une obligation comme le résume cette expression souvent reprise pour kégitimer les guerres : « Il faut avoir la courage de se battre pour ses idées »(2).


1) Guerre du futur / guerres contemporaines

 

Souvent les films de SF, à l'image de la saga Star Wars, se font l'écho (en pleins ou en creux) de guerres contemporaines. Prenons 2 exemples : :

  • le Vietnam est au cœur de nombreux films des années 70-80 : dans Prédator (John McTiernan, 1987) l'alien-chasseur est en symbiose avec la jungle pour massacrer les soldats ; dans Aliens le retour (James Cameron, 1986) la jungle est devenu un enchevêtrement de constructions abandonnées, les hélicoptères Huey des navettes spatiales et le napalm des lances-flammes ; dans Avatar (James Cameron, 2009) des forces paramilitaires privées dotées d'hélicoptères de combat affrontent des autochtones en osmose absolue avec leur environnement ;
  • la Guerre du Golfe (2 août 1990 - 28 février 1991) a inspiré des films mais a aussi confirmé l'hybridation media/guerre que la SF avait anticipée. Dans Stargate, la porte des étoiles (Roland Emmerich, 1995) des unités américaines, sur une planète désertique, renversent un tyran qui asservit un peuple (soigneusement symbolisé dans le film par des enfants). On passe de l'oeil caméra au regard qui devient visée : Paul Verhoeven pour Robocop (1983), James Cameron pour Terminator (1985) ou John McTiernan pour Prédator (1987) l'avaient anticipé, ce même Verhoeven le confirmera dans Starship Troopers (1998) ;

 

2) Les caractères de la guerre spectacle

 

La représentation de la guerre comme toile de fond de nombreux films de SF repose sur quelques caractéristiques simples :

 

Un ennemi implacable

L'ennemi n'est pas raisonnable (au sens 1er du terme) et il n'y a aucun doute sur sa malfaisance, par conséquent la guerre est légitimée. Ce sont des extraterrestres envahisseurs (La guerre des mondes, Byron Hoskins, 1953) ou prédateurs (la saga Prédator entre 1997 et 2018) ou bien des humains (ou humanoïdes) maléfiques comme les Arkonens de Dune (David Lynch, 1984) ou les Nécromongers des Chroniques de Riddick (David Twohy, 2004).

 

La guerre légitime

La guerre est légitimée par sa nécessité. C'est une question soit de survie soit de valeurs (au 1er rang desquelles la liberté). Ce thème est fondateur dans les films de SF d'invasion ou de survie (Invasion Los Angeles de John Carpenter, 1988). Dans Edge of Tomorrow c'est le D-Day et l'opération Overlord (6 juin 1944) qui sont convoqués, avec tous les éléments déjà repris dans Le jour le plus long (Ken Annakin et allii, 1962) ou Il faut sauver le soldat Ryan (Steven Spielberg, 1998).

Des ennemis haïssables : le commandeur Necromonger et le baron Vladimir Harkonnen

 

Une guerre technologique

 

Les films de SF mettant en scène une guerre s'appuient, bien évidemment, sur les données technologiques de leur époque : armes atomiques dans les années 50-70 ; laser à partir des années 80 ; etc. Développons le cas des drones. C'est une inflexion majeure de l'art de la guerre du XXI° siècle, apanage des puissances militaires majeures, dont l'US Army. Le drone permet une mise à distance attaquant / cible qui déréalise l'action militaire et, d'une certaine façon dédouane le 'télé-soldat' de toute responsabilité morale. Trois films de SF récents l'évoquent :

  • After Earth (M. Night Shyamalan, 2013) met en scène le combat à distance entre un humain (Will Smith) et un extraterrestre belliqueux. A distance, parce que c'est le fils du héros (joué par Jaden, le propre fils de Will Smith) qui combat, guidé par son père et parce que cet alien ne peut être vaincu que si l'attaquant surmonte ses peurs, le rendant ainsi invisible à toute perception par ledit alien (ghosting)...astucieux !
  • dans Oblivion (Joseph Kosinski, 2013) Jack (Tom Cruise) assure la maintenance des drones de combat en charge de poursuivre des terroristes. Ce qui est intéressant dans le film c'est que l'usage des drones y est très bien décrit, mais également dénoncé, de 2 façons : la 1ère c'est lorsque Jack a la révélation de la réalité du 'travail' de ses drones qui exécutent des humains devant lui (alors qu'il ne suivait cela que par écrans et données numériques) ; la 2nde c'est lorsque la mémoire revient peu à peu (Oblivion = oubli en anglais) et qu'il réalise que lui et les drones sont les instruments de l’asservissement des survivants d'une humanité massacrée par des envahisseurs extraterrestres ;
  • dans La stratégie Ender (Gavin Hood, 2013, tiré du roman éponyme d'Orson Scott Card de 1985), le très jeune héros, Ender, combat une race d'extraterrestres envahisseurs en commandant l'escadre spatiale comme dans un jeu de simulation stratégique, sans aucun contact physique ni même la conscience de mener une guerre véritable (qui aboutira à un Xénocide d'ailleurs)

La guerre sur fond vert

N'oublions pas que les films de SF (et ce plus que tout autre genre du fait des coûts importants de production) se doivent de plaire et attirer des spectateurs (être rentables quoi !). Or, la guerre peut être, en elle même, un spectacle (surtout si on est bien calé sur son fauteuil, au chaud). et ce sont les années 80 et surtout 90 avec les effets spéciaux numériques qui permettront une représentation efficace de la guerre en SF : la guerre sur fond vert ! Par exemple dans Avengers : Infinity War (Anthony et Joe Russo, 2016) il y avait 3 000 plans dont 2 900 avec des effets spéciaux. C'est pour cela que dans les films de SF le côut des Effets Spéciaux dépassent tous les autres coûts (marketing et salaires des vedettes inclus) pour allègrement atteindre les 50 % du coût total du film.

Conclusion

 

Finalement, le film de SF mettant en scène une guerre n'est rien d'autre qu'un film de guerre, avec ses codes et ses représentations. Si la guerre est un spectacle cinégénique il peut y avoir des films prenant nettement une position morale par rapport au sujet ; c'est ce que nous allons voir maintenant.

 

 

 

 

II- La SF militariste


 

Le courant militariste de la SF a été inauguré par Robert Heinlein avec son roman Etoiles, garde à vous ! (1958). Les archétypes de la guerre spectacle sont là mais le discours qui sous-tend le film tend à glorifier, avec plus ou moins de subtilité, l'armée, à la fois dans son rôle premier, la défense, mais aussi dans ses fonctions politiques et sociales.

 

 

A) Etude de cas : Battleship


Battleship est un film de Peter Berg sorti en 2012. Lors d'un exercice en mer un groupe de combat de la marine américaine est attaqué par des extraterrestres qui viennent de lancer l'invasion de la Terre. Dépassée technologiquement l'armée ne viendra à bout de celle-ci que par l'ingéniosité et le courage de quelques soldats appuyés par une poignée de civils en utilisant, en dernier recours, un cuirassé de la 2nde guerre mondiale.

 

1) Pourquoi Battleship est-il un film militariste ?

 

On peut avancer plusieurs éléments d'analyse :

  • « Une parade militaire géante filmée avec une frénésie mi-lyrique, mi-parodique » nous dit Jacky Goldberg dans les Inrock's. Effectivement le film montre le plus important rassemblement maritime au monde, le RIMPAC (Rim of the Pacific Exercise) qui rassemble des éléments de la Flotte Américaine du Pacifique et de tous les pays bordant cet océan. Une publicité XXL pour l'US Navy ;

Les plages de Normandie : Edge of tomorrow (à gauche) - Il faut sauver le soldat Ryan (à droite)

Star Wars, le reveil de la force : les effets spéciaux.

  • Les valeurs véhiculées sont les archétypes militaires : camaraderie, discipline et loyauté ; le patriotisme (respect du drapeau ; médailles remises à la fin du film) ;
  • devant l'impuissance de la technologie ce seront le courage et l'initiative individuelle qui assureront la victoire... avec l’appui d'un symbole de l'histoire militaire américaine, le cuirassé Missouri (sur le pont duquel la capitulation du Japon a été recueillie par Mac Arthur le 2 septembre 1945) et des vétérans ;
  • même le rôle donné aux Japonais relève des valeurs militaires : ennemis d'hier, amis et alliés aujourd'hui, les Japonais, au travers du personnage de Yugi Nagata (Tadanobu Asano, commandant d'un croiseur) partagent les mêmes valeurs que les héros américains ;
  • pour finir la vieille antienne du salut du monde entre les mains américaines est bien là puisque les extraterrestres ne sont qu'une avant-garde de l'invasion imminente et que l'action des personnages du film et de la Navy ont bien sauvé le monde.

 

2) Pourquoi peut-on nuancer le propos ?

 

Faire un film de pure propagande, en 2012, n'est pas réellement concevable. C'est pourquoi Battleship, malgré un militarisme avéré, peut être regardé avec plaisir et sans trop d'arrière-pensées :

  • d'abord on perçoit une certaine charge parodique dans le film comme dans la séquence où les humains cherchent à localiser les vaisseaux ennemis, mettant le spectateur dans la peau d'un joueur de bataille navale (B3, touché, coulé...) ;
  • ensuite Peter Berg a un vrai savoir-faire pour mettre en scène cette bataille navale (vous me direz que Léni Rifensthal avait du génie dans Le triomphe de la volonté !) ; d'autant qu'il en assume la complète similitude avec le jeu du même nom (humour : les sortes d'obus tirés par les envahisseurs ont des  formes similaires aux pions du jeu) ;
  • enfin le scénario est truffé d'incohérences et d'approximations... mais qui semblent parfaitement assumées : on évite ainsi le grand récit patriotique pour rester dans le récit adolescent sympathique ;

Donc Battleship est bien militariste dans son propos et certains aspect de sa forme mais ne peut s'apparenter à un film de propagande car il reste sur le créneau du spectacle avant tout.

 

 

B) Hollywood et le Pentagone


Le film de SF militariste est un genre américain qui se rapproche de ce que Jean-Michel Valantin évoque en parlant d'un "cinéma de sécurité nationale" réunissant 3 acteurs : Hollywood, le complexe militaro-industriel et le gouvernement fédéral. Poussé au plus haut point ce rapprochement donne des films patriotiques au schéma similaire : la guerre est nécessaire car une menace pèse sur les Etats-Unis et le monde.

 

1) Guerre et menaces

 

La menace prend 2 formes : la catastrophe cosmique incarné essentiellement par l'astéroïde ou l'invasion extraterrestre :

  • Si le thème de la collision d'un astéroïde avec la terre n'est pas de la science-fiction(3) celle-ci s'en est emparé depuis pas mal de temps(4). Nombre de ces films font l'apologie du complexe militaro-industriel, en général coordonné par la NASA; comme seul rempart face à la menace. En 1998 sortent Armageddon (Michael Bay) et Deep Impact (Mimi Leder)... bon timing puisqu'ils sortent au moment des négociations financières entre la NASA et le Congrés à propos des processus de militarisation de l'espace dans le cadre d'un « parapluie anti-astéroïdes » ! L'impact de ces films dans ces négociations n'est pas mesurable bien sûr, mais le patriotisme affirmé (dans Armageddon les deux fusées, baptisées Freedom et Independence, décollent alors que les citoyens du monde entier écoutent religieusement le discours du président des États-Unis) ne peut qu'être favorable à la NASA ;
  • L'invasion extraterrestre est un thème majeur du cinéma de SF(5). Là encore le traitement de la dite invasion peut donner prétexte à une démonstration militaro-politique. Independence Day de Roland Emmerich (1996) s'ouvre sur le drapeau américain planté sur la Lune et, face aux extraterrestres, le président devient un combattant de terrain (des airs devrait-on dire). Dans World Invasion: Battle Los Angeles (Jonathan Liebesman, 2011) le spectateur est immergé dans les opérations à hauteur d'hommes (on suit une escouade de soldats au cœur de l'affrontement, véritable démonstration de l'armement US).

Cuirassé contre vaisseau Alien (Battleship) - RIMPAC 2014.

2) Les 2 temps forts de la SF militariste

 

La guerre froide

Dans les années 50 et 60 l'extraterrestre est une métaphore du communisme (organisé selon un système de ruche totalitaire) et il ne peut être qu'un destructeur aux motivations incompréhensibles : il faut donc se défendre et l'armée est là pour cela. Mais ce qui est intéressant c'est que la force armée est souvent impuissante face à la menace (elle échoue aussi bien dans La guerre des mondes de Byron Haskin

- 1953 - que Les soucoupes volantes attaquent de Fred F. Sears - 1956 -) et qu'il lui faut l'aide de la providence ou de savants ingénieux pour, au final, vaincre. Par contre son image n'est jamais négative, même dans un film profondément pacifiste comme Le jour où la Terre s'arréta de Robert Wise (1951).

World Invasion : battle Los Angeles (Jonathan Liebesman, 2011) - Bande-annonce VF.

Les années 80 - 90

Ces années correspondent au tournant qu'est la fin de la guerre froide et l'effondrement de la menace soviétique qui créent une situation où, privée d'un ennemi clairement identifié, la doctrine militaire américaine doit s'adapter aux conflits de faible intensité et aux guerres assymétriques. L'orientation prise sera le bond technologique inauguré par la guerre du Golfe de 1991. A cette période l'ennemi, au cinéma, devient l'extraterrestre (qui perd ses caractères 'communistes') ainsi que les forces naturelles (astéroïdes, climat déréglé, etc.). Cela correspond à des films comme Aliens le retour avec son escouade de Marines valeureux... mais tous tués par l'Alien ; Indépendance Day ou Stargate, la porte des étoiles (déjà évoqués)...

 

 

3) Des limites de cette approche

 

Le film de SF faisant la propagande frontale pour l'armée des Etats-Unis ou faisant l'apologie de la guerre n'est guère possible. On pourrait toujours prouver le contraire par Cherry Picking... mais reconnaissons que nous sommes très loin de films ouvertement propagandistes comme Les bérets verts (John Wayne, 1968) ou La somme de toutes les peurs (Phil Alden Robinson, 2002), summums de la collusion Hollywood / Pentagone. En effet dans les films d'invasion ou de menaces, le rôle et la place de l'armée peuvent y être ambiguës : toujours courageuse et disciplinée, fidèle à ses valeurs, elle est malgré tout bien souvent bousculée et impuissante comme dans La Guerre des Mondes (Steven Spielberg, 2005) ou bien débordée par des individus héroïques, desquels viendra la salut.

Un petit mot sur Captain America, à priori LE super-héros patriotique américain. Si on ne se concentre que sur la trilogie cinématographique certains parlent de « fascisme », de « propagande » et en font un symbole de la « suprématie de l'Amérique » d'autres mettent en avant le caractère rebelle du héros, en lutte contre le Mal certes mais aussi contre des dérives démocratiques condamnables telle la surveillance de masse (Le soldat de l'hiver, Joe Russo, 2014) ou des organisations corrompues (Civil War, Joe Russo, 2016). Par contre son pendant féminin, Captain Marvel (Anna Boden et Ryan Fleck, 2019) a été utilisé largement par la propagande de l'US Air Force puisque le film doit beaucoup à sa contribution (avions – pilotes – entraînement).

 

 

 

III- GUERRE A LA GUERRE

 

La Guerre éternelle de Joe Haldeman (1974) est la réponse 'anti guerre' au roman de Robert Heinlein. L'absurdité de la guerre y est démontré au travers de l'histoire de William Mandella soldat puis officier qui participe à la guerre de 1000 ans contre les Taurans... A lire absolument !

Avec ce roman se pose la question suivante : les œuvres hostiles à la guerre (pacifistes) sont-elles également antimilitaristes ? (Joe Haldemann avait dit « La Guerre éternelle est beaucoup plus un ouvrage dénonçant la guerre qu'un roman antimilitariste. Je suis contre la guerre, pas contre les soldats. Bien sûr, j'ai pu être dur pour une classe particulière de militaires, les officiers. »).

 

 

A- Etude de cas : Starship Troopers

 

En 1997 Paul Verhoeven adapte le roman de Robert Heinlein (datant de 1955) Starship Troopers). L'accueil critique et public est plutôt froid pour ne pas dire hostile, surtout aux États-Unis où beaucoup d'analyses dénoncent le caractère quasi fasciste du film. En fait Verhoeven, en s'attaquant, par la satire, l'ironie et la subversion à un roman fondamentalement militariste met à mal de nombreux mythes américains. Que nous apprend-il sur la guerre ?

 

1) Starship Troopers, film sur l'absurdité de la guerre

 

Même si le propos principal de Paul Verhoeven est la dénonciation de l'impérialisme US, il s'attelle à démonter, par la parodie, le militarisme en reprenant les codes des films d'invasion des années 50 et en les retournant :

  • comme souvent dans la SF des années 50, les extra-terrestres sont insectoïdes et leur société est de type ruche, avec un cerveau pour commander les soldats (thème repris ensuite dans Edge of Tomorrow, de Doug Liman en 2014) ;
  • les soldats humains sont des héros lisses et bodybuildés (proches d'une imagerie de BD), trop parfaits pour être pris au 1er degré ;
  • la société terrestre est militariste et totalitaire : en effet la citoyenneté et les droits afférents ne s'obtiennent qu'en ayant accompli son service militaire (comme dans l'Athènes du V° siècle avant JC). Rappelons que c'était une thèse clef du roman : la nécessité pour un pays (comme les Etats-Unis du temps de la guerre froide) d'avoir une armée forte dont les valeurs structureraient également la vie sociale) ;
  • le comportement violent des humains vaut largement celui des ennemis (les 'bugs') : c'est particulièrement bien illustré par le personnage de Carl (habillé comme un nazi soit dit en passant) d'une violence glaçante vis à vis des bugs captifs ou par la scène finale où, paradoxalement, c'est vers le 'cerveau' ennemi capturé que va notre empathie ;
  • la guerre contre les 'bugs' est directement inspirée de la Guerre du Golfe (1991), tant par les paysages et stratégies militaires que par la surmédiatisation : les médias sont partout dans le film, sur les écrans ('Do you want to know more ?') comme sur le terrain (Verhoeven s'inspire autant des pools de reporters agréés lors de la guerre du Golfe, dont le rôle, quasi servile, fut d'encenser l'US Army et diaboliser l'ennemi Irakien, que des films de propagande nazie comme ceux de Leni Riefensthal)

 

2) Le spectacle de la guerre pour dénoncer la guerre

 

Starship Troopers est avant tout un film de guerre qui, portée à l'écran, devient un spectacle problématique : trop la montrer c’est risquer la banalisation et/ou la fascination ; ne pas (ou pas assez) la montrer c’est risquer la déréalisation et l'ennui. Verhoeven a choisi de la montrer de façon crue et brutale. Quelques éléments sur cette problématique :

  • un film incompris à sa sortie. La réception critique est très mitigée, surtout aux Etats-Unis (en vrac : un film ultra-patriotique, violent, fasciste, infantile, etc.) et la rentabilité du film sera tout juste assurée. En France aussi l'accueil sera nuancé entre l'enthousiasme de CinéLive et l'hostilité des Cahiers du cinéma. C'est assez logique au regard de la radicalité du film et de la charge critique contre la politique étrangère US ;
  • Paul Verhoeven sur la défensive. Le cinéaste dut maintes et maintes fois se justifier en évoquant son enfance sous le joug nazi et en martelant sans fin que le film est une charge contre la politique étrangère US (et les événements post-11 septembre lui apporteront de l'eau au moulin : Afghanistan, Irak, Patriot Act, Abu Ghraib, Guantanamo...) ;
  • le réalisateur pose le postulat que 'le spectateur est assez intelligent pour' et qu'il sera à même de trouver la morale du film puisqu'il refuse de lui donner trop facilement les clefs... Certes mais devant le déferlement de violence, si on n'a pas de pistes décelables rapidement, ne reste-t-il pas que le spectacle (malsain, gênant, dérangeant) de la dite violence ?

 

On inscrit parfois ce film dans la liste des films de guerre antimilitaristes qui ont marqué le cinéma comme A l'ouest rien de nouveau de Lewis Milestone (1930), Les sentiers de la Gloire de Stanley Kubrick (1957), Croix de Fer de Sam Peckinpah (1977) ou encore Full Metal Jacket du même Stanley Kubrick (1987). A mes yeux cela peut se justifie bien que sa charge parodique le rapproche plus d'un M.A.S.H. (Robert Altman, 1970) voire de Docteur Folamour (Stanley Kubrick, 1964).

 

 

B- Le cinéma de SF pacifiste

 

En littérature le courant pacifiste et antimilitariste de la SF culmine dans les années 70 et 80. Au cinéma le courant pacifiste de la SF dépasse les simples films de guerre et s'épanouit dans les films de « 1ers contacts » ou d'invasion. Ce courant utilise 2 moyens principaux : le message pacifiste et la dénonciation du bellicisme.

 

1) Le message pacifiste

Les soucoupes volantes attaquent et Le jour où la Terre s'arréta.

En pleine guerre froide et paranoïa anticommuniste Robert Wise réalisera Le jour où la terre s’arrêta en 1951. Le message final de Klatu résume le propos du film :

 

«  Je pars bientôt, vous m'excuserez si mes paroles sont brutales. L'univers est plus petit chaque jour, et la menace d'une agression, d'où qu'elle vienne, n'est plus acceptable. La sécurité doit être pour tous ou nul ne sera en sécurité. Cela ne signifie pas renoncer à la liberté mais renoncer à agir avec irresponsabilité. Vos ancêtres l'avaient compris quand ils ont créé les lois et engagé des policiers pour les faire respecter. Sur les autres planètes, nous avons accepté ce principe depuis longtemps. Nous avons une organisation pour la protection mutuelle des planètes et la disparition totale des agressions. Une autorité aussi haute repose bien sûr sur la police qui la représente. En guise de policiers, nous avons créé une race de robots. Leur fonction est de patrouiller dans des vaisseaux tels que celui-ci, et de préserver la paix. Pour les questions d'agression, nous leur avons donné les pleins pouvoirs. Ces pouvoirs ne peuvent être révoqués. Au premier signe de violence, ils agissent contre l'agresseur. Les conséquences de leur mise en action sont trop terribles pour s'y risquer. Résultat : nous vivons en paix, sans arme ni armée, ne craignant ni agression ni guerre, et libres d'avoir des activités plus profitables. Nous ne prétendons pas avoir atteint la perfection, mais nous avons un système qui fonctionne. Je suis venu vous donner ces informations. La façon dont vous dirigez votre planète ne nous regarde pas. Mais si vous menacez d'étendre votre violence, votre Terre sera réduite à un tas de cendres. Votre choix est simple : joignez-vous à nous et vivez en paix ou continuez sur votre voie et exposez-vous à la destruction. Nous attendrons votre réponse. La décision vous appartient.  »

 

Le message est claire et musclé : il résume l'ambiguité du pacifisme véhiculé dans ces années là : une aspiration ("nous vivons en paix, sans arme ni armée, ne craignant ni agression ni guerre") ; une injonction ("joignez-vous à nous et vivez en paix ou continuez sur votre voie et exposez-vous à la destruction") ; mais guère de pistes concrètes (on ne parlera désarmement dans la Guerre froide qu'après 1963).

 

Suivront plusieurs films qui creuseront la veine du contact pacifique avec l'Autre : Rencontres du troisième type de Steven Spielberg (1978), Abyss de James Cameron (1989), Contact de Robert Zemeckis (1997) ou plus récemment Premiers contacts de Denis Villeneuve (2016). Dans ces films il n'y a pas de charge antimilitariste : si on prend, par exemple, la paranoïa destructive de Coffey dans Abyss, elle s'explique par le mal des profondeurs ; de même l'attentat perpétré contre les heptapodes dans Premier contact est le fait de dissidents et le général Shang par qui la guerre pourrait arriver est celui qui amènera la paix.

Et pour finir un film français ! En 1973, Roland Topor et René Laloux adaptent le roman de Stefan Wull Oms en série, sous le titre de La Planète sauvage. Ce film relate la révolte des Oms (lointain ancêtres des humains) contre leurs maîtres, les Draags. Le film n'élude pas la violence mais, par un traitement très poétique, envoie un message profondément pacifiste, avec une fin où les 2 civilisations vivent en harmonie.

 

2) La dénonciation


La dénonciation la plus courante est celle où l'armée (et le pouvoir politique qui la dirige), par son inconséquence (involontaire ou criminelle) est la cause d'une catastrophe. Exemples :

  • Skynet a été enfanté par l'armée des Etats-Unis pour le compte de la défense nucléaire (Saga Terminator).
  • Les screamers de Planète Hurlante (Christian Dugay, 1995) qui menacent l'humanité d'extinction ont été créés comme arme de guerre entre 2 entités humaines ;
  • la guerre atomique a anéanti le monde dans La Planète des singes (Franklin J. Schaffner, 1968), Le livre d'Eli (Albert et Allen Hughes, 2010), Apocalypse 2024 (CQ Jones, 1975) ou encore Le dernier combat (Luc Besson, 1975)...

Rares sont les films de SF qui dénonce frontalement le fait militaire (d'ailleurs Starship Troopers ne le fait pas car la dénonciation est celle de l'impérialisme... même si l'armée en prend plein son grade). En 1972 Georges Roy Hill adapte le roman de Kurt Vonnegut (1969) Abattoir Cinq. En pleine période de doutes et de remise en cause aux Etats-Unis il garde la veine profondément antimilitariste du livre tout en proposant une mise en scène déconcertante (nombreux jump-cut typiques des années 70).

 

Ce sera plutôt le genre parodique exprimera le mieux l'antimilitarisme, l'aboutissement étant, en 1996, le film de Tim Burton, Mars Attack ! Le réalisateur passe les vieux films de SF des années 50 à la moulinette tout en rendant hommage à Ed Wood (dont il avait fait le sujet de son film de 1994). Il massacre, par la farce parodique (et une esthétique formidable), les valeurs et les institutions américaines dont l'armée. Le général Decker (Rod Steiger) rejoue le général 'va-en-guerre' Turgidson (Georges C. Scott) de Docteur Folamour ; l'armée américaine est ridiculisée par des pistolets en plastique fluo ; l'arme atomique est digéré comme un simple hamburger ; etc. Le public américain ne s'y est pas trompé en désertant le film ! Enfin le film de Tim Burton (sorti en novembre) est, même si le réalisateur s'en défend, un anti Independance Day (sorti en octobre).

 

 

Conclusion générale

 

Le cinéma de SF du genre militaire privilégie avant tout le spectacle avec l'interrogation commune à tous les films de guerre : jusqu'où, avec quels moyens et pour quels buts montrer, voire esthétiser la violence de la guerre ? En dépeignant des situations et des adversaires rendant inévitable et légitime la guerre, le cinéma de SF perd en subtilité... et quand il s'y attelle cela donne les ambiguïtés de Starship Troopers. Enfin les films de SF traitent bien sûr, en filigranes, des guerres ou du moins des situations géopolitiques de leur époque (guerre froide ; conflits asymétriques; etc.).

Mais il me semble que, sur ce thème de la guerre, le cinéma de SF est nettement inférieur à le littérature de SF pour rendre compte de la dimension philosophique et morale de la guerre. Et je suis extrêmement curieux, à la date de la rédaction de cet article, de voir ce que pourrait être une adaptation au cinéma de La guerre éternelle de Joe Haldeman ?

Le jour où la Terre s'arréta (Bande-annonce)

 

BIBLIOGRAPHIE - WEBOGRAPHIE

 

 

BIBLIOGRAPHIE (ouvrages - articles)

 

CHAMAYOU, Grégoire. Théorie du drone. Editions La Fabrique, avril 2013.


CORMIER, Thierry. Guerre des images et imaginaires de guerre dans le cinéma de science-fiction nord-américain. In Cycnos, Volume 22 n°1, octobre 2006. VOIR.


LANGLET, Irène. Guerres du futur, conflits du présent. In Imaginaire de guerre, revue Carnets. 2015. VOIR.

 

MARINONE, Isabelle. La Fleur à la caméra. Le cinéma fantastique et de science-fiction classique désarmé. In CinémAction n°113 – L’armée à l’écran. 2004.


SHAVIT, Adner. Occupy Hollywood, la nouvelle subversivité du Cinéma américain. Thèse, Paris 3, 2018. VOIR.
 

A propos de Star wars

 

HERBERT, Fabien. Evolution de la perception des conflits dans Star Wars. VOIR.

 

Le blog SyFantazy. Star Wars : les vraies guerres qui ont inspiré celle des étoiles. VOIR.


A propos de Starship Troopers

 

Une interview de Paul Verhoeven sur TCM : VOIR.


BEGHIN, Cyril. Dossier Lycéens et apprentis au cinéma. 2007. VOIR.


A propos de Battleship

 

GOLDBERG, Jacky. Une critique dans les Inrocks. VOIR.


En vrac sur le WEB

 

Sur le blog LE CINEMA EST POLITIQUE. After Earth. VOIR. Oblivion : VOIR.


GARY, Nicolas. L'armée se dote de d'auteurs de science-fiction pour faire la guerre. VOIR.

 

Blog Le Lutinesque. La guerre en Sf. VOIR.


Sur le Comicsblog. Captain Amercia est-il un personnage de propagande ? VOIR.


NORTON, Ben. A propos de Captain Marvel, sur le blog Grayzone. VOIR.

 

Regarder / voir

 

ARTE. Quand la science-fiction écrit la guerre de demain. Emission 28 minutes, été 2019. VOIR.


PACULL, Emilio et RONAI, Maurice. Opération Hollywood - Hollywood et le Pentagone. Documentaire, 2004.