Pourquoi j'encense les rebelles de l'Alliance alors que je bosse pour l'Empire ? Parce qu'en tant qu'américain on bosse pour l'Empire. C'est aussi simple que cela. On ne porte peut-être pas un uniforme de Stormtroopers mais on n'en travaille pas moins pour l'Empire.
(James Cameron, Histoire de la SF, page 31)
Introduction
Rappelons que le cinéma (de SF ou non) est un miroir de la société dont il s'imprègne des attentes, des craintes ou des espoirs... qu'il contribue également à façonner voire à amplifier. Les États-Unis dominent, depuis les années 30 le cinéma mondial et particulièrement le cinéma de SF : ainsi 100 % des films de SF les plus rentables de l'histoire sont américains. La SF au cinéma est donc une élément important du Soft Power US et un reflet passionnant des évolutions de ce pays.
Nous verrons dans un premier temps comment le cinéma américain de SF traite les mythes fondateurs du pays ; puis, dans un seconde temps, nous étudierons l'histoire des États-Unis au prisme de son cinéma de science-fiction.
1) Quid des mythes fondateurs des Etats-Unis ?
On peut énoncer 6 grands mythes qui ont fondé les Etats-Unis depuis la guerre d'indépendance (1776-1783) jusqu'à nos jours :
Le cinéma, en général, s'est emparé de ces mythes, consciemment ou non, pour s'y référer, les encenser ou les mettre en pièce. Si le western en est le genre le plus représentatif, la SF n'est pas en reste...
2) Etude de cas : The Postman : au cœur du mythe(1)
(1) Danièle André, Histoire américaine et cinéma de science-fiction : du nazisme à la pastorale, paru dans Cycnos, Volume 22 n°1, mis en ligne le 13 octobre 2006, URL : http://revel.unice.fr/cycnos/index.html?id=505
(2) Extrait : " En conséquence, nous, les représentants des États-Unis d’Amérique, assemblés en Congrès général, prenant à témoin le Juge suprême de l’univers de la droiture de nos intentions, publions et déclarons solennellement au nom et par l’autorité du bon peuple de ces Colonies, que ces Colonies unies sont et ont le droit d’être des États libres et indépendants".
(3) Thomas Snégaroff. Je suis ton père : La saga Star Wars, l’Amérique et ses démons. Editions Naive, 2015
(4) MAGUIRE, Lori. Guerre froide et course aux armements : la science-fiction s'insurge. Conférence du 3 octobre 2014.
Les super héros, c'est plus rigolo en légo...
Ce film de Kevin Costner de 1997 traite directement des mythes fondateurs des États-Unis. Il relate la lutte d'un homme, le Postman (incarné par Kevin Costner) contre une dictature néo-totalitaire dans une Amérique post-apocalyptique (située en 2013), revenue à un âge pré-industriel. Le film prône un retour aux valeurs fondatrices et fait du tyran incarné par le général Bethlehem (incarné par Will Patton) un dictateur néo-nazi. Le film utilise le genre western pour valoriser les valeurs fondatrices des États-Unis : l'initiative individuelle, le droit à l'insurrection, la liberté, la communauté... le tout imprégné de religiosité. Mais il stigmatise également les errements de la société américaine qui auraient ainsi fabriqué les conditions de son effondrement : consumérisme, apathie télévisuelle, renoncement à tirer les leçons de l'histoire, etc. Le Postman triomphe du général Bethlehem moins par l'usage de la violence que par la réactivation des grands mythes américains comme une sorte de re-naissance.
3) Construction et déconstruction des mythes par le cinéma US de science-fiction
A) Roland Emmerich, propagandiste du modèle américain ?
Ce réalisateur allemand a donné au cinéma américain plusieurs blockbusters de SF très souvent analysés comme des monuments de propagande pour les États-Unis, sa puissance, ses mythes et ses valeurs : Stargate la porte des étoiles en 1994 ; Independance Day en 1996 ; Godzilla en 1998 ; Le jour d'après en 2004 ; 2012 en 2009... Moonfall est annoncée pour 2021. Plusieurs éléments confirment l'analyse :
Mais à bien y regarder Roland Emmerich émaille ses films de signaux faibles indiquant qu'il porte un regard également critique sur le modèle américain. Quelques exemples :
Au final Roland Emmerich fait ce que Hollywood sait parfaitement faire : s'adapter pour séduire (et rentabiliser!). C'est un créateur cinématographique qui fait coexister le discours dominant de son époque avec sa vision personnelle. Ceci dit, Indépendance Day vaut largement tous les discours patriotiques et autres rodomontades des faucons républicains de la Maison Blanche... alors que Roland Emmerich est plutôt un progressiste du camp démocrate !
B) Jeu de massacre : Starship Troopers et Mars Attak
En 1997 Paul Verhoeven adapte le roman de Robert Heinlein, Starship Troopers. L'accueil critique et public est plutôt froid pour ne pas dire hostile, surtout aux États-Unis où beaucoup d'analyses dénoncent le caractère quasi fasciste du film. En fait Verhoeven, en s'attaquant, par la satire, l'ironie et la subversion à un roman fondamentalement militariste met à mal de nombreux mythes américains. Il reprend les codes des films de SF des années 50 et les retourne : les extra-terrestres insectoïdes sont combattus par des héros lisses et bodybuildés ; la société terrestre est sous un totalitarisme 'doux' ; à la violence crue des 'bugs' répond la violence malsaine des scientifiques humains (habillés comme des nazis) ; etc. En gros c'est un Hara-Kiri, le journal bête et méchant, cinématographique qui s'attaque allègrement aux dérives fascisantes des sociétés démocratiques, à la guerre et son folklore mais aussi aux États-Unis dont quelques mythes fondateurs sont mis à mal :
En 1996 Tim Burton, dans Mars Attack !, passe les vieux films de SF des années 50 à la moulinette tout en rendant hommage à Ed Wood (dont il avait fait le sujet de son film de 1994). Mais au-delà il massacre, par la farce parodique (et une esthétique formidable), les valeurs et les institutions américaines : l'armée battue par des pistolets en plastique fluo ; l'American way of life incarné par une First Lady obsédée par la décoration ou des prolos en caravanes accros à la télé ; le président idiot (tué en plein discours sur les valeurs américaines justement) ; les monuments emblématiques détruits ; etc. Le public américain ne s'y est pas trompé en désertant le film ! Enfin le film de Tim Burton (sorti en novembre) est, même si le réalisateur s'en défend, un anti Independance Day (sorti en octobre).
C) Du traitement des mythes dans les films de SF américain
A travers les films évoqués précédemment les mythes fondateurs des États-Unis étaient soit clairement magnifiés (The Postman, Independance Day...) soit clairement mis à mal (Mars Attack !, Starship Troopers). En fait, dans l'ensemble des films américain de SF lesdits mythes sont, de toute façon, bien présents. Il servent de substrat dans l'architecture du récit. Exemples :
1) Etude de cas : la saga Star Wars
Pour Thomas Snégaroff(3) l’œuvre de George Lucas raconte l’histoire politique des États-Unis.
La 2nde trilogie : le basculement des États-Unis vers le coté obscur
George Lucas est directement aux manettes de la 2nde trilogie (Episode I, La menace fantôme en 1999 – Episode II, L'attaque des clones en 2003 – Episode III, La revanche des Siths en 2005) qui raconte comment une nation démocratique et républicaine peut devenir une dictature impérialiste. Le basculement d'Anakin vers le coté obscur s'accompagne de la désintégration de la République et l'avènement de l'Empire. Anakin incarnerait donc l'Amérique des origines qui bascule dans le Mal alors que Dark Vador et Dark Sidious incarnent la tentation impérialiste, permanente aux Etats-Unis, depuis l'origine. Les mécanismes de l'effondrement procèdent des agissements de Palpatine qui utilise l'argument de la nécessaire sécurité pour préserver la liberté car, face à la fédération du Commerce, la République doit se défendre grâce à une armée de clones... qui sera l'outil de sa chute.
Le contexte est clair : la Guerre du Golfe (1991) avait fait des États-Unis les gendarmes du monde (interventions en Somalie en 1992 et en ex-Yougoslavie en 1995) mais en 2001, les attentats du 11 septembre ont transformé la situation et enclenché une vague sécuritaire, incarnée par le Patriot Act. La trilogie raconte donc la tension entre sécurité et sûreté d'un coté face à liberté et principes démocratiques de l'autre, avec comme moteur du changement le paradigme de la peur.
La 1ère trilogie : un baume pour une Amérique en crise
L'épisode IV, Un nouvel espoir sort en 1977 : la défaite au Vietnam (1973 retrait US et 1975 victoire des communistes) et la crise économique (1971 fin de la convertibilité du dollar et 1973 1er choc pétrolier) ont affaibli les États-Unis, en plein doute et en perte de repères. Le traumatisme du Vietnam marque la trilogie, surtout l'épisode VI mettant en scène les Ewoks, sorte de combattants Viêt Minh maîtrisant la guérilla face à une armée impériale hyper technologique... mais qui perd le combat ! Mais ce film sort au plein boom de films dystopiques et sombres et contribuera à redonner le sourire à l'Amérique (au même titre que E.T. l'extraterrestre la même année, Superman de Richard Donner l'année suivante ou encore Star Trek le film de Robert Wise en 1979).
La 3° trilogie : une question d'héritage
La 3° trilogie (épisode VII, Le réveil de la Force, 2015 - épisode VIII, Les derniers Jedi en 2017 – épisode IX, L'ascension de Skywalker en 2019) n'a pas encore donné lieu à des analyses géopolitiques mais on peut voir dans cette ultime trilogie une histoire de transmission et d'héritage. Cinématographiquement on a un fan, JJ Abrahms (et Ryan Johnson pour l'épisode VIII) qui s'empare d'un mythe et qui doit le régénérer et le conclure ; on a aussi des personnages nouveaux relayant les figures tutélaires. Politiquement cette trilogie peut être perçue comme l'Amérique réglant ses comptes avec le passé et ses vieux démons.
2) Le XX° siècle américain en films de SF
Les 1ers films de science-fiction américains remontent aux années 20 et la production est encore maigre et dominée par le cinéma fantastique. C'est au lendemain de la seconde guerre mondiale que le cinéma US de science-fiction prend son envol.
A) L'Amérique de la guerre froide (1945 - 1989)
1. Au cœur de la guerre froide (les années 50)
En 1952 sort Red Planet Mars de Harry Horner : dans ce film on découvre qu'une conspiration fascisto-communiste est déjouée par 2 scientifiques américains aidés par... une intervention directe de Dieu ! Ce complot déjoué conduira à l'anéantissement du régime soviétique qui cède la place à un nouveau Tsar. Ce film étonnant concentre à un degré inégalé la paranoïa anticommuniste et l'hystérie religieuse de l'époque.
Ce film de SF est l'un des 500 qui sortiront sur les écrans américains entre 1945 et 1962(4). Si la puissance économique du cinéma Hollywoodien est une explication essentielle il faut aussi voir que le film de SF est une parfaite réponse aux angoisses de l'époque : lutte contre le bloc communiste, péril nucléaire, hantise de l'invasion (qui culmine avec la paranoïa du Maccarthysme)... Attention, ces films ne font pas (à de rares exceptions près), œuvres de propagande... ils expriment l'âme de la nation américaine à ce moment). Ces peurs sont portées en premier lieu par les films de monstres (issus d'une mutation radioactive le plus souvent) qui renvoient également à la peur du nucléaire :
Les peurs de l'époque s'expriment aussi au travers des films d'invasion :
Dans tous ces films des constantes reviennent : un rôle capital pour la police et l'armée (au détriment parfois, mais pas toujours, du savant) ; une vision xénophobe (voire raciste) du rapport à l'autre ; l'homme est aux commandes et la femme reléguée en faire-valoir ; etc. Il existe peu de films à contre-courant :
La peur du nucléaire donne lieu à des films de politique-fiction comme Docteur Folamour de Stanley Kubrick en 1964). En terme de SF « pure » on a Le monde, la chaire et le diable (Ranald MacDougall, 1959), Le dernier rivage (Stanley Kramer, 1959) , Five (Arch Oboler, 1951) ou encore Panique année zéro (Ray Milland, 1962). Mais ces films éludent la catastrophe elle-même, dont ils ne font pas d'analyse politique, pour se concentrer sur la psychologie des survivants.
2. Les années 60 : doutes et remises en cause
Les années 60 sont celles des remises en cause et de la contestation (Woodstock, 1969). Le cinéma de SF s'en fait l'écho, au même titre que la série télévisée Star Trek (Gene Roddenberry, 1966) révélatrice de ces changements avec la place nouvelle pour l'époque faite aux minorités et aux femmes et par son analyse Onusienne de la gouvernance. 2 grands films posent ce renouveau :
3. Les peurs de années 70-80 : fin du monde, totalitarisme et écologie
A partir des années 70, servi par la puissance financière d'Hollywood et la qualité grandissante des effets spéciaux, les films de SF supplantent peu à peu les autres genres, dont le westerns. Naissent les blockbusters (Les dents de la mer de Steven Spielberg en 1975 serait le 1er).
La guerre du Vietnam (1965-1975), les combats raciaux, la crise économique (1971 fin de la convertibilité du dollar et 1973 1er choc pétrolier) témoignent d'une Amérique affaiblie (1979, la crise des otages américains de Téhéran), déboussolée, inquiète. Le cinéma de SF s'empare de ce désarroi et des problématiques qui le sous-tendent : surpopulation et tendances totalitaires dans Soleil Vert (Richard Fleischer, 1973), crise écologique dans Silent Running (de Douglas Trumbull, 1972) ; humanité et transhumanite dans Blade Runner (Ridley Scott, 1982) ; faux paradis dans L'age de cristal (Michael Anderson, 1976) ; etc. Mais la SF apporte, en temps de doutes, des films optimistes, nécessaires pour soutenir le moral des américains : ainsi dans Superman (Richard Donner, 1978) les codes du film catastrophe sont convoqués pour un récit sage et appliqué, contrepoint des inquiétudes du temps.
Le cinéma de SF se fera aussi l'écho du renouveau reaganien (Ronald Reagan président de 1980 à 1988) soit
par des films d'action survitaminés (Rambo et autre Rocky) y compris dans la SF comme Prédator (John MacTiernan, 1987) ou Terminator (James Cameron, 1985) soit en en dénonçant les travers comme Robocop (Paul Verhoeven, 1988).
B) Les années 90 : les États-Unis combattent l'apocalypse
Star Treck VI (1991, Nicholas Meyer) épouse son temps : en parallèle à l'effondrement de l'URSS, le film met en scène l'effondrement de l'empire Klingon menacé par une catastrophe stellaire. Le chancelier du Haut Conseil klingon, Gorkon (tiens, Gorbatchev ?), choisit de normaliser les relations avec la Fédération des planètes unies et de mettre fin à une guerre larvée de soixante-dix ans. Les négociations sont rudes, la méfiance domine et un complot menace...
Après la chute de l'URSS les États-Unis sont LA puissance hégémonique. Ils se lancent dans une série d'interventions dans le cadre du Nouvel Ordre Mondial dont le cinéma de SF se fait l'écho. Stargate, la porte des étoiles (Roland Emmerich, 1994) s'inscrit dans le contexte de la Guerre du Golfe (une planète-désert, un dirigeant tyrannique, une intervention militaire américaine) mais idéalisée : les américains y sont réellement des libérateurs. En retour Paul Verhoeven, en 1997, passera cette politique néo-impériale au vitriol de Starship Troopers.
Devenus l'hyperpuissance (Hubert Védrine, 1999) et, n'ayant plus d'ennemis bien identifiés, les États-Unis vont s'en inventer : Samuel Huntington sort son Choc des civilisations en 1992, la même année que La Fin de l'histoire et le Dernier Homme de Francis Fukuyama. Les blockbusters de SF mettent en scène des menaces au travers de thèmes apocalyptiques dont Armageddon de Michael Bay (1998) est l'archétype : les deux fusées, baptisées Freedom et Independence, décollent alors que les citoyens du monde entier écoutent religieusement le discours du président des États-Unis. Le monde est représenté par une suite de clichés, comme la France, au travers d'enfants jouant au milieu d’un troupeau de moutons à côté du Mont Saint-Michel ou un Paris suranné sous le feu des météorites. Mimi Leder réalise Deep Impact en 1998 sur le même thème, avec une approche peut-être moins héroïque. Dans Independence Day de Roland Emmerich (1996) le film s'ouvre sur le drapeau américain planté sur la Lune et, face aux extraterrestres, le président devient un combattant de terrain (des airs devrait-on dire).
Beaucoup ont vu dans ce genre de films une sorte de préfiguration du 11 septembre (?) Il est sûr par contre qu'ils ont joué un rôle dans la préparation des esprits à ce qui allait arriver.
3) Le cinéma de SF post-11 septembre 2001
Je n'aurais pas fait la Guerre des mondes si le 11 septembre n'avait pas eu lieu
(Steven Spielberg, in Histoire de la SF, de James Cameron, page 31)
1. L'impact des attentats sur le cinéma de SF
Les attentats du 11 septembre créent une rupture politique et symbolique dans un événement parfaitement cinégénique. L'imaginaire est devenu réalité.... il a fallu changer d'imaginaire, ce que les films américains de SF ont illustré. De façon anecdotique, le 1er film de SF impacté par le 11 septembre est Spider-Man de Sam Raimi (2002), qui accepte de ne pas diffuser la première bande-annonce du film, dans laquelle on voyait un hélicoptère pris dans une toile d’araignée tissée entre les deux tours du World Trade Center et accepte le changement d'affiche car dans la 1ère mouture les tours du WTC se reflétaient dans les yeux de Spiderman. Les thèmes fétiches de ce cinéma de SF post-11 septembre sont le repli sur soi, la peur de l’autre, la mise en scène de nouvelles peurs (écologiques surtout), la remise en cause du héro et des valeurs traditionnelles ou encore la critique de l'unilatéralisme. Les films de destruction, de fin du monde et d'apocalypse, tous paraboles de l'effondrement des tours dominent et les super-héros font leur mue.
2. Apocalypses et fins du monde
Les films de fin du monde sont nombreux dans ces années 2000-2010. Ils sont sombres et souvent pessimistes parce qu'en fait cette fin du monde est plausible :
Deux films proposent une fin du monde « à hauteur d'hommes », sans énormes moyens financiers. D'abord Take Shelter de Jeff Nichols (2011) où la catastrophe est annoncée mais le héros est seul, incompris (de lui-même également), enfermé dans une sorte de paranoïa qui contamine le spectateur. Puis dans 4h44 Dernier jour sur Terre (Abel Ferrara, (2011) où la fin du monde est presque tranquille, vue au travers d'un couple et des médias et réseaux sociaux, dont Skype.
3. Star Trek par JJ Abrahms, l'Amérique d'Obama ?
La nouvelle saga Star Treck (3 films entre 2009 et 2016) impulsée par JJ Abrahms, très respectueuse de la veine humaniste de la série originale, peut incarner l'Amérique d'Obama (président de 2008 à 2016) par l'optimisme porté dans les films : optimisme sur l'accomplissement individuel (le jeune rebelle Kirk deviendra le commandant de l'Enterprise comme le noir Obama deviendra président des Etats-Unis), optimisme sur la communauté soudée (celle de l'Enterprise inspirerait ce que Obama voudrait pour le peuple américain), optimisme sur la victoire face au terrorisme (dans Into Darkness le Klingon peuvent incarner l'ennemi du Moyen-Orient et un Ben Laden, finalement exécuté en 2011). Une sorte de Yes we can cinématographique.
4. Les super-héros au prisme du 11 septembre
Les précédentes adaptations au cinéma étaient assez lisses et, somme toute, peu passionnantes. Les super-héros ont toujours prospéré dans des temps difficiles pour les EU : la crise de 1929 enfante Superman (1937) ; la 2nde guerre mondiale voit naître Captain America (1941) ; les années 60 sont incarnées par Spider-Man (1962) ; etc. Le 11 septembre va apporter à la fois un nouveau souffle mais également des bouleversements pour les films les mettant en scène que l'on peut analyser au prisme des peurs collectives et d'une certaine critique de l'Amérique post-11 septembre. Petit tour d'horizon...
Conclusion
Avec le Western et le film noir, le cinéma de science-fiction est une très bon outil pour lire et essayer de comprendre les fondements culturels et l'histoire des Etats-Unis. Ce qui est aussi passionnant c'est que le cinéma américain est si multiple qu'il faut se méfier des catégorisations ou des affirmations péremptoires. Les années de paranoïa anticommunistes ont donné l'ahurissant Red Planet Mars mais aussi l'humaniste Le jour où la terre s’arrêta ; à Independance Day on peut opposer Starship Troopers ; aux Avengers répondent les Watchmen...
Aujourd'hui le cinéma américain de SF paraît victime de son marketing étouffant. 2019 aura vu la fin (?) de 2 sagas, Star Wars avec L'ascension de Skywalker et The Avengers Endgame. Mais, au vu de ce que 2020 annonce le cinéma américain de SF n'est pas mort... mais que nous dira-t-il de l'Amérique ?
Liste des ouvrages, articles et sites exploités pour cet article...
A propos des mythes fondateurs
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Sur l'OBS. Les mythes US : 6 promesses de l'Amérique. Juillet 2009. Lire.
Sur SENSCRITIQUE. Une filmographie sur le rêve américain et son déclin. Lire.
WKIPEDIA. Le rêve américain. Lire.
A propos de la science-fiction et des Etats-Unis
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AKNIN, Laurent. Mythes et idéologie du cinéma américain. Editions Vendémiaires, 2012. Ned en poche 2014.
ANDRE, Danièle. Histoire américaine et cinéma de science-fiction : du nazisme à la pastorale. In Cycnos, Volume 22 n°1, octobre 2006. Lire.
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TERRE, Denise (dir). La science-fiction dans l'histoire, l'histoire dans la science-fiction. Revue Cycnos, Volume 22, n°1 et 2. Octobre 2005. Lire.
VALENTIN, Jean-Michel. Hollywood, le Pentagone et Washington: les trois acteurs d'une stratégie globale. Editions Autrement. 2003.
WOOD, Robin. Hollywood from Vietnam to Reagan. Columbia University Press, New York, 1986.
A propos de Star Trek
GOEDERT, Nathalie. Les univers juridiques de Star trek. In IMAJ, 20/04/2016. Lire.
CORCOS, Léo. Retour sur la saga Star Trek. Lire.
DEFFERRARD, Fabrice. Star Trek est avant tout une série juridique. In Libération du 13 août 2015. Lire.
A propos de Starship troopers
Sur DVDCLASSIK une critique.
Sur COURTE-FOCALE. Une critique.
Sur SLATE.FR. Une analyse.
A propos de Star Wars
ATALLAH, Marc (dir). Je suis ton père. Origines et héritages d’une saga intergalactique. Paris : Huginn & Munnin (Fantask), 2017.
SNEGAROFF, Thomas. Je suis ton père : La saga Star Wars, l’Amérique et ses démons. Editions Naive, 2015. Lire sur le site des Inrocks une interview.
SNEGAROFF, Thomas. Star Wars – Le Côte Obscur de l’Amérique. Paris, Armand Colin, 2017.
Voir – Ecouter
KANTOR, Michael. Super-héros : l'éternel combat. Doucmentaire en 3 volets. 2014.
KUPERBERG, Clara et KUPERBERG, Julia. Science-fiction et paranoïa. La culture de la peur aux Etats-Unis. Documentaire. 52 mn. 2011.
En vrac sur le Web
Le Blog de DJ MISS PHOEBE. Chroniques du cinéma de SF. Lire.
LE CINEMA EST POLITIQUE. Un blog avec des analyses 'décapantes' de certains films de SF. Lire.
NOOSFERE. Site sur la science-fiction littéraire en langue française. Lire.
PENSO Gilles. Encyclopédie du cinéma fantastique. Voir.
RES FUTURAE, revue d'étude sur la science-fiction. Un dossier à venir en 2020 : Tendances et évolution du cinéma de SF dirigé par Michel Tron. Voir.
SENS CRITIQUE. Trouver des critiques de films. Voir.
MORBIUS. Les échos d'Altaïr. Voir.