(1) Lire le paragraphe consacré à cette scène dans l'article de Sébastien Mimouni sur DVDClassik : http://www.dvdclassik.com/critique/la-guerre-des-mondes-haskin
(2) Lire l'article de Jean-Marc Lalannee dans les Inrocks : JM Lalanne https://www.lesinrocks.com/cinema/films-a-l-affiche/la-guerre-des-mondes/
(3) Cette conjonction s'explique en grande partie par le fait que les droits du roman sont tombés dans le domaine public en 2016, 70 ans après la mort de HG Wells.
(4) Le film à un propose relativement ambigü : on peut l'interpréter comme anticommuniste mais aussi comme antimaccarthyste. Voir l'article sur les Etats-Unis à travers leur cinéma de SF.
(5) Ce film fait écho aux Chroniques martiennes de Ray Bradbury, recueil de nouvelles sortie l'année précédente dans lequel l'humanité ainsi que la civilisation martienne sont anéanties.
Ci-dessous : l'affiche du film ; le pasteur ; l'acteur Charles Gemora dans son costume...
Original de l'édition de 1898
Herbert Georges Wells
(6) Il existait au temps de l'apartheid un district 6, ghetto évacué par la force pour y loger de riches blancs
(9) Cette partie doit beaucoup au travail du sociologue des sciences, Pierre Lagrange (voir bibliographie / xebographie).
(10) Littérature populaire ou pas, n'oublions pas que ces magazines permirent aussi de faire connaître les plus grands auteurs américains de la SF dite classique des années 50-80.
(11) On pourra peut être oublier, dans la série 'culture populaire' la chanson de Carlos Je rêve des petits hommes verts – 1978 -
-Lorsque la SF aborde le thème de l'Autre elle traite, en fait, de l'homme lui-même : les spécificités de l'espèce humaine, les questions de communication et d'incommunication, les rapports au divin, etc. Les descriptions de l'Autre dressent, de fait, en négatif, un portrait de l'homme dans ses rapports à l'étranger. Bien avant la naissance proprement dite de la SF et son âge classique les récits mythologiques et littéraires avaient abordé le sujet : Prométhée le voleur de feu chez Esiode ou Eschyle ; Micromégas, le géant Sirien de Voltaire (1752) ; l'andreide (sic!) de L'Eve future de Villiers de L'Isle-Adam (1886) ; le Golem de l'écrivain Gustav Meyrink en (1915) ; etc.
L'Autre dans la science-fiction c'est d'abord l'extraterrestre, ce grand révélateur de nous même, de nos craintes, de nos peurs, de nos espoirs aussi. Au cinéma cela débute par les Sélénites de Georges Mélies (Le voyage dans la Lune, 1904), les premiers d'une longue série d'extraterrestres mythiques... L'Autre peut aussi être le produit de l'évolution (du moins une évolution fantasmée), soit des formes de vie terrestres soit de l'homme lui-même, devenant plus qu'humain (Les plus qu'humains très beau roman de Théodore Sturgeon, 1953), le plus souvent par la science ou par accident. L'Autre enfin c'est la Machine qui place l'homme devant sa création et pose les questions de la relation au divin et de la définition et des limites de l'humanité.
Dans tous les cas aborder l'Autre permet d'interroger l'homme et les société dans leurs réactions devant la différence : ouverture et tolérance ou fermeture, hostilité et crainte ? Au fond, l’Autre est-il une menace ou un apport ?
Devant l'ampleur de la tâche et l'abondance des sources et des références nous traiterons ce sujet en 4 articles successifs :
« Deux possibilités existent : soit celle que nous sommes seuls dans l’univers, soit celle que nous ne le sommes pas. Les deux hypothèses sont tout aussi effrayantes. » Arthur C. Clarke
« S'il y avait des civilisations extraterrestres, leurs représentants devraient être déjà chez nous. Où sont-ils donc ? » Enrico Fermi
« La preuve qu'il y a des êtres intelligents ailleurs que sur Terre est qu'ils n'ont pas essayé de nous contacter. » Bill Watterson
Dans le film Le Voyage dans la Lune, de Georges Méliès (1902), des astronautes équipés de chapeaux haut de forme sont envoyés sur la Lune. Sur place, ils sont faits prisonniers par les Sélénites, autochtones tribaux et zébrés. C’est la première fois que des extraterrestres apparaissent dans une œuvre cinématographique.
(12) Les MIB sont présents dans la série de films éponyme bien sûr mais aussi avec l'agent Smith dans la trilogie Matrix... Ils serviront de modèles à Dan Aykroyd et Jim Belushi dans Blues brothers de John Landis en 1980.
(13) Attention, l'Ufologie est une discipline dont le spectre des tenants s'étend du scientifique (physicien, psychologue, etc) au tenant de théories pseudo-scientifiques :
(15) Source : Science-fiction et croyance de Jean-Bruno Renard dans Sociétés 2011/3 (n°113), pages 19 à 27.
(16) Par exemple dans une interview donnée au Monde à la sortie de Rencontre du 3° type (16 février 1978) dans un entretien avec James Cameron dans son Histoire de la SF, Mana Books, 2018.
BIBLIOGRAPHIE (ouvrages - articles)
BENAÏM, Stéphane. Les extraterrestres au cinéma. Edition Lettmotif, 2017.
CAMERON, James. Histoire de la science-fiction. Mana Book. 2019.
DUFOUR, Eric. Le cinéma de science-fiction. Armand Colin, 2011.
MANFRÉDO, Stéphane. La science-fiction. Le cavalier bleu, 2005. Le chapitre consacré aux ET : "La science-fiction, c'est que des histoire d'extraterrestres !". VOIR (des extraits).
Sur le Web
ALIX, Maïwen. Inventez une civilisation extraterrestre en seulement trois étapes. Sur Slate.fr (4 janvier 2020). VOIR.
BOILEAU, Carl. Sur son blog, La représentation des extraterrestres au cinéma. VOIR.
Sur le blog Le cafard cosmique, une synthèse sur les pulps. VOIR.
Sur le blog Celluloïds, Extraterrestres et cinéma, anges et démons. VOIR.
DIDIER, Nicolas. Sur Télérama : "Nous venons en paix”, une histoire des extraterrestres à l'écran. VOIR.
CORNILLON, Claire. Thèse de doctorat (octobre 2013) : Par-delà l’Infini, La Spiritualité dans la Science-Fiction française, anglaise et américaine. VOIR.
FAKHIMI, Fabien. Les extraterrestres, aller-retour. Sur le blog Populeum. VOIR.
LACROIX, Isabelle et PREMONT, Karine. D’Asimov à Star Wars. Représentations politiques dans la science-fiction. PUQ, 2016. Une interview à VOIR.
MELLIER, Denis. D’une manière l’autre de faire des mondes : science-fiction et savoirs de la fiction. Res Futurae, 30 avril 2013. VOIR.
Les extraterrestres, entre science et culture populaire. Un dossier de Monde Diplomatique, juillet 2009. VOIR.
Sur le blog NANARLAND, l'entrée extraterrestre du glossaire. VOIR.
OSTRIA, Vincent. "Nous venons en amis": 8 extraterrestres sympas au cinéma. In Les Inrocks, 9 décembre 2016. VOIR.
PENSO, Gilles. L'encyclopédie du cinéma fantastique, article extraterrestre : VOIR.
RENARD, Jean-Bruno. Science-fiction et croyance. In Sociétés 2011/3 (n°113), pages 19 à 27. VOIR.
STEYER, Jean-Sébastien et LEHOUCQ, Roland. Pourquoi tant de grosses têtes dans la science-fiction ? In Pour la science. VOIR.
STEYER, Jean-Sébastien et LEHOUCQ, Roland.Trop d'extraterrestres à notre image. In Pour la science. VOIR.
Le blog Extraterrestresaucinéma (VOIR) propose une tyopologie. VOIR.
Sur la WIKIPEDIA :
Ecouter / voir
De GINESTEL, Guillaume. L'Alien de cinéma. Un documentaire de 52 minutes (French Connection Film, 2015) disponible sur OCS. VOIR.
La Méthode Scientifique, France Culture, Nicolas MARTIN : Extraterrestres, premies contact. Emission du 23 septembre 2016. ECOUTER.
VAN WAEREBEKE, Denis. Court-métrage d'animation (11 mn) pour « Cosmic Connexion » (Arte), Classification systématique du vivant extraterrestre. (2010). VOIR.
The history of alien in film sur le site Digg . VOIR. (vidéo malheureusement bloquée depuis...)
A propos des "petits hommes verts"
A propos de quelques extraterrestres célèbres
A propos de La Guerre des mondes
A propos de quelques films célèbres
A propos de science et extraterrestre
A propos d'Ufologie
Filmographies portant sur les extraterrestres
Si le film de Georges Méliès est une sorte de rêverie burlesque, il pose de façon sous-jacente l'une des questions les plus intéressantes qui soit : existe-t-il une vie extraterrestre ? La science-fiction a un avantage considérable sur la science : elle permet de s’affranchir des contraintes matérielles et scientifiques pour imaginer l’extrême diversité des formes que pourraient prendre les vies extraterrestres. D'ailleurs le cinéma a popularisé l'extraterrestre, si exotique, au point d'en créer des stéréotypes...
Nous verrons qu'au cinéma, l'extraterrestre est à la fois le reflet de nos peurs et de nos craintes, un outil pour évoquer (et dénoncer) nos relations à ce qui est étranger et un miroir de nos croyances.
Note : par soucis de simplification nous abrègerons parfois « extraterrestre » par ET (merci monsieur Spielberg !).
Visages figés et phrasé mécanique, machoires imbriquées et acide à gogo, yeux globuleux et phaser en plastique fluo, octopodes invulnérables... toutes ces figures extraterrestres (au fait, avez-vous reconnu les films ?) sont le miroir de nos craintes.
A- Etude de cas : la guerre des mondes au cinéma, des peurs contextualisées
Entre 1898 et 2019 les martiens d'Herbert Georges Wells sont devenus des stars qui, au fil des époques (et des adaptations) ont incarné les peurs et angoisses de leurs temps. Tour d'horizon...
1) 1898 : le Martien, colonisateur impérialiste
En page 24 du roman, H.G. Wells (1866-1946) nous livre ce qui motive l'invasion : « Cependant, par-delà le gouffre de l’espace, des esprits qui sont à nos esprits ce que les nôtres sont à ceux des bêtes qui périssent, des intellects vastes, calmes et impitoyables, considéraient cette terre avec des yeux envieux, dressant lentement et sûrement leurs plans pour la conquête de notre monde ». Ce sont donc des êtres infiniment supérieurs aux hommes qui envahissent la Terre. Ce postulat, Wells le politise puisqu'il fait du martien l'expression métaphorique du colonisateur britannique qui, en cette fin de XIX° siècle, domine un Empire sur lequel le soleil ne se couche jamais (30 millions de km² et 350 millions d'habitants) grâce à la première marine du monde, la Royal Navy qui a théorisé sa domination par le two-power standard.
Wells, très engagé à gauche, bâtit ainsi une critique de la colonisation britannique, en inversant les rôles, faisant des martiens des conquérants impitoyables face à des Londoniens devenus des autochtones impuissants. Le roman reflète également le contexte scientifique de cette fin de XIX° siècle. Giovani Schiaparelli avait révélé l'existence des canaux (canali) martiens et la presse ainsi qu'une partie de la communauté scientifique avaient donné corps à la possibilité, voire probabilité, de la vie sur Mars. De même les travaux sur l'immunologie avaient connu des progrès fulgurants, ce dont Wells se sert pour sceller le destin des envahisseurs.
Ainsi les martiens de Wells deviennent l’archétype (et futurs stéréotype) de l'extraterrestre avec cerveau hypertrophié (aboutissement de l'évolution humaine ?) et tentacules ! Par contre le message politique anti-impérialiste va beaucoup évoluer.
2) 1938, l'irrationelle peur du Martien
Une fois n'est pas coutume, quittons le cinéma pour évoquer l'émission de radio d'Orson Welles du 30 octobre 1938, adaptation pour CBS du roman de HG Wells, qui aurait créé un vent de panique à travers les Etats-Unis. On le sait maintenant cette panique a été exagérée à outrance mais elle démontre que le thème de l'invasion par des martiens agressifs, mis en scène et joué avec talent et magnifié par un support récent et moderne, la radio, est totalement crédible pour le citoyen lambda. La 2nde pierre du mythe de l'envahisseur martien est posée !
3) 1953 : tovaritch Martien et la colère de Dieu
Le film de Byron Haskins en 1953 sort au tout début de la vague SF qui va balayer Hollywood durant 2 décennies. Servis par les bons effets spéciaux de Gordon Jennings, ce film va se démarque de nombre de productions de SF de l'époque. Les envahisseurs martiens, en 1953, sont tout aussi impitoyables et incompréhensibles. Dans le contexte de l'époque ils incarnent les 2 menaces dominantes : le communisme et l'atome. Venus de la planète rouge (sic !) avec une technologie menaçante et une volonté de destruction les martiens de 1953 sont une allusion à peine voilée au communisme. De même le déferlement de destructions et l'usage (même vain) de l'arme atomique sont des marqueurs de la peur de holocauste nucléaire.
Mais, au delà d'une simple démonstration patriotique mettant en scène la grande Amérique, Byron Haskins, le fervent catholique, délivre un message éminemment religieux. Les martiens sont le mal absolu contre lequel les hommes, leur science (le héro est un ingénieur) et leur technologie ne peuvent rien. Seule la providence divine y pourvoira par la magie de l'invisible (les microbes). Les indices sont nombreux, allant de l'importance des personnages secondaires, comme le pasteur ou l'infirmière, à la place centrale que les édifices religieux tiennent dans le film (souvent les seuls épargnés par la furie martienne) comme la cathédrale à la fin du film(1). Comme son modèle, Cecil B. De Mille, Byron Haskins met litteralement en scène la devise, God bless America.
4) 1996 : le Martien, miroir de nos stupidités
En 1996 Tim Burton nous livre sa farce au vitriol, Mars Attack !, très librement adaptée de l’œuvre de Wells, en réaction au panégyrique idéologique qu'est Indépendance Day (Roland Emmerich) sorti quelques mois plus tôt. Burton transforme les Martiens en personnage de cartoons, féroces, cruels et incompréhensibles... mais, sommes toute, ces martiens aux pistolets fluo et au caquètement grinçant sont de simples faire-valoir de l'incommensurable stupidité des humains.
5) 2005 : le Martien post-11 septembre
Au cœur de certaines analyse du film de Steven Spielberg il y a une constante référence au nazisme(2) et, dans La guerre des mondes les envahisseurs seraient donc les nazis et les souffrances des américains face à ces derniers seraient une allégorie des souffrances de la 2nde guerre. Si cette hypothèse peut être fragile, il n'en reste pas moins que les martiens de Spielberg sont métaphoriques du traumatisme et de l'angoisse post-11 septembre. Spielberg instille des éléments symboliques des attentats comme dans la scène où Rey (Tom Cruise) et les habitants fuient l'avance des tripodes qui est un calque des rues de Manhattan au moment de l'effondrement des tours.
6) 2019 : le Martien à tout faire
Quelques mots sur les 2 séries télé sorties coup sur coup en 2019, qui s'attaquent à La Guerre des mondes : celle de la BBC (3 épisodes de 1h00) et celle de Canal + (8 épisodes de 52 minutes)(3). Ces 2 séries sont très éloignées l'une de l'autre, dans leur qualité (à vous de juger) et surtout dans leur intentionnalité. La série de Canal+ est très loin du roman et les martiens (qu'on ne voit jamais d'ailleurs) sont un simple prétexte pour évoquer des problématiques contemporaines comme l'immigration ou le terrorisme. La série de la BBC se veut une fidèle adaptation (certainement la plus proche du roman qui ait pu être faite) de Wells... avec une nuance de taille, le rôle majeur donné aux femmes et au personnage d'Amy (Eleanor Tomlinson) narratrice du récit.
Conclusion
Les martiens de Wells sont entrés dans la culture populaire à la fois comme un stéréotype de l'invasion extraterrestres, maintes et maintes fois repris, mais aussi comme métaphore des peurs et angoisses de chaque époque auxquelles ils servent de catharsis.
B- L'extraterrestre incarne les menaces extérieures
Si, avant la seconde guerre mondiale, les représentations de l'ET au cinéma relevaient plutôt du merveilleux et du fantastique, l’après-guerre le voit incarner des menaces très identifiables, dont la plus notable est le péril communisme. Souvent ce seront des envahisseurs, arrivant en soucoupes volantes directement de la planète rouge (sic !), Mars, s'attaquant au monde libre dans d'innombrables séries B (voire Z) américaines : La Chose d’un autre monde (Christian Nyby et Howard Hawks, 1951), Les Envahisseurs de la planète rouge (William Cameron Menzies, 1953), La Guerre des mondes (Byron Haskin, 1953), J'ai épousé un monstre (Gene Fowler Jr, 1955), Les soucoupes volantes attaquent (Fred F. Sears, 1956), It Conquered the World (Roger Corman, 1956), Danger planétaire (Irvin S. Yeaworth Jr, 1958), etc.
L'extraterrestre des années 50 est donc soit un monstre qui considère l'humanité comme une proie ou une conquête, soit un envahisseur sournois voire invisible comme dans L’invasion des profanateurs de sépulture (Don Siegel, 1956)(4) dont l'inénarrable Le Dernier Pub avant la fin du monde (Edgar Wright, 2013) est un burlesque avatar.
L'angoisse nucléaire et les risques d'escalade ont donné également un film humaniste, Le jour où la Terre s’arrêta (Robert Wise, 1951), dont le message, porté par le 1er extraterrestre d'envergure au cinéma, Klaatu (Michael Rennie), est radical : que l'humanité cesse ses recherches atomiques sous peine d’annihilation(5).
Ces films souffrent de trucages très limités (l'archétype étant le fameux Plan 9 from Outer Space d'Ed Wood, 1959). Même Ymir, la créature animée par Ray Harryhausen dans A des millions de kilomètres de la Terre (Nathan Jura, 1957) ne convainc par vraiment... mais Ray Harryhausen est en phase d'apprentissage et son travail trouvera un réel aboutissement en 1963 avec le géant de bronze Talos dans Jason et les Argonautes de Don Chaffey). Cela contribue à rendre plutôt grotesque et peu crédible l'ET au cinéma, même si les craintes et angoisses qu'il véhicule sont bien réelles.
Conclusion
L'extraterrestre incarne donc, le plus souvent, des peurs et des angoisses liées au contexte de l'époque. Nous avons ce que donnait la paranoïa anti-communiste ; on peut la prolonger avec les théories du complot comme dans la série télévisée Les Envahisseurs (Larry Cohen, 1967-1968) dont les visiteurs ne se distinguent en rien de nous et qui manipulent les autorités.
C) Le 1er contact : peur et angoisse... et espoir
Les films mettant en scène un premier contact peuvent être classés en 3 catégories :
1) L'invasion
Les extraterrestres métaphorisent nos angoisses du moment. Prenons les extraterrestres larvaires du film Les maîtres du monde (Stuart Orme, 1994) qui se diffusent dans les organismes pendant les rapports sexuels... métaphore à peine voilée des années Sida ! Or le roman original de Robert Heinlein (Marionnettes humaines, 1951) était plutôt une parabole sur la guerre froide et le danger communiste... autres temps autres invasions !
Le plus souvent dans ces films d'invasion l'ET n'est qu'un prétexte, soit pour une démonstration patriotique (Indépendance Day, Roland Emmerich, 1996) soit une dénonciation politique ou sociale comme le fait John Carpenter dans Invasion Los Angeles (1988) dans lequel le monde des affaires et de la politique est totalement corrompu. Mais le ressort principal des films mettant en scène des extraterrestres hostiles réside dans notre psychologie de la peur irrationnelle de l'inconnu (comme pour les films d'épouvante). En 1982 The Thing réalisé par John Carpenter (inspiré d'une nouvelle de 1938, de John W. Campbell et remake du film La Chose d'un autre monde de Christian Nyby en 1951) puise à cette source en donnant à l'entité extraterrestre la faculté de copier les humains (thème du double ou de la dualité). En 1979 Ridley Scott avait créé l'archétype du monstre horrifique (avec le suisse Hans Rudy Giger) dans Alien : le 8° passager. Dans la veine invasion matinée des Chasses du comte Zaroff John McTiernan cré le Prédator en 1987.
Enfin, dans la veine de l'invasion insidieuse à la façon de Don Siegel signalons le film de Kiyoshi Kurosawa, Invasion (2018), qui parle en fait du Japon contemporain et d'une société déshumanisée.
2) L'élévation
L'extraterrestre peut également être le révélateur de nos bons cotés. Dans certains films l'ET apporte quelque chose à l'humanité. Ainsi, au cœur de la guerre froide, dans un cortège d'ET hostiles 2 films en mettent en scène des aliens pacifiques. Nous avons déjà évoqué Klaatu (Le jour où la Terre s’arrêta, Robert Wise, 1951), on peut dire quelques mot du Météores de la nuit (Jack Arnold, 1953) dans lequel les ET, arrivés par accident sur la terre et désireux d'en partir au plus vite, prennent l'apparence des humains, non pour les soumettre mais pour dissimuler leur véritable apparence, trop monstrueuse. Ces 2 films, bien isolés dans leur approche, usent de l'ET comme d'un catalyseur de nos mauvais penchants et leur font porter un message humaniste. Mais c'est à Steven Spielberg que nous devons la paternité des ET pacifiques, voire sympathiques avec Rencontres du troisième type (1977) et E.T. L'extra-terrestre (1982).
Alien, le 8° passager, et Ripley - la créature métamorphe de The Thing.
Parfois le message véhiculé par les ET n'est pas entendu comme dans le film H2G2 (Garth Jennings , 2005, adapté de la série de romans humoristique de Douglas Adams Le Guide du Routard Galactique) dans lequel les humains, pas assez évolués ni assez lucides, qui n'ont pas écouté les dauphins - entité intelligente – sont anéantis car la Terre se trouve sur la trajectoire d’une voie express intersidérale en construction !
Nous verrons plus loin que science-fiction et croyance dans des entités supérieures au dessein mystérieux pour l'humanité font bon ménage.
3) L'incompréhension
Enfin des films reprennent le thème du contact entre civilisations abordé sous l'angle ethnologique (dans l'histoire : la découverte de l'Amérique, l'exploration ethnologique de l'Afrique ou des peiples de l'Arctique, etc.) pour signifier l'importance de la compréhension ou de l'incompréhension entre elles.
Métaphoriques des guerres contemporaines (Vietnam, Guerre du Golfe, etc.) les guerres de Starship troopers (Paul Verhoeven, 1998) et de La stratégie Ender (Gavin Hood, 2013) sont fondées sur l'incompréhension, dont l'une des plus belle traduction litéraire est le roman, La guerre éternelle de Joé Haldeman, sorti en 1974... dont on attend l'adaptation au cinéma.
2 films ont très bien mis en scène cette incompréhension : Solaris (tiré du roman éponyme de Stanislas Lem adapté une 1ère fois en 1972 par Andréi Tarkovski puis en 2002 par Steven Soderbergh) et Stalker (tiré d'un roman d'Arcady et Boris Strougatski et mis en scène par Andréi Tarkovski en 1979). L'océan générateur d'hallucinations et les traces du passage des ET sont totalement incompréhensibles.
Plus récemment dans le film Premier contact de Denis Villeneuve (2016) l’héroïne, Louise Banks (Amy Adams), est linguiste et c'est en apprenant la langue extraterrestre qu'elle infléchira le destin de la Terre, tout en se transformant elle-mêmede manière irrémédiable. C'est donc par le langage et la linguistique (dont le film vulgarise certaines théories) que l'humanité sera sauvée.
Conclusion
Qu’il soit ange ou démon, envahisseurs ou sauveurs, l’extraterrestre au cinéma matérialise nos propres craintes ou espoirs. Il agit comme un reflet (un double ?) de nous-mêmes en nous renvoyant (sans beaucoup de nuances d'ailleurs) notre agressivité ou notre naïveté. Mais il est un autre domaine où l'extraterrestre est un reflet souvent peu complaisant de nous-mêmes, c'est notre rapport aux autres, à l'étranger.
L'alien est une métaphore de l'étranger, un Autre très spectaculaire, ce qui le rend si populaire en SF et surtout dans le cinéma de SF. Ce thème permet l'exploration de la différence et de l'identité.
A) Etude de cas : District 9
Peur de l'autre, xénophobie, racisme, tout cela forme la trame principale de District 9 du Sud-Africain Neill Blomkamp (2009).
1) Une histoire de ghetto
Arrivés 20 ans plus tôt sur Terre (certainement suite à un accident de leur vaisseau) 1 million d'extraterrestres vit parqué dans un ghetto de Johannesburg, le District 9, victimes d'un apartheid xénophobe. Une firme du complexe militari-industrielle (la MNU), en charge de leur surveillance et de leur transfert vers un autre camp, plus éloigné des humains, s'intéresse vivement à leur armement (qui ne fonctionne que s'il est manipulé par les alien eux-mêmes). Le film relate la quête de Wikus Van de Merwe (Sharito Copley) dont l'organisme, mystérieusement contaminé, se transforme progressivement en entité alien, devenant une ressource inestimable en terme d'ingénierie génétique pour la MNU...
Si l'histoire est originale, le succès du film doit autant à son propos, très politique, qu'au talent du jeune (29 ans) réalisateur qui a su marier son petit budget (30 millions de dollars quand même !) avec les ficelles du blockbuster.
2) La métaphore
Le contexte sud-africain du film est important. En 2009 l'Afrique du sud, presque 20 ans après la fin de l'apartheid, devenue leader des Lions africains est toujours minée par d'énormes inégalités raciales et sociales et une violence omniprésente dont le film se fait l'écho. Mais le pays vit aussi dans la préparation de la future coupe du monde de football (2010), peut-être en espérant réitérer l'exploit rugbistique de 1995. Bien sûr l'allusion à l'Apartheid est évidente et le district 9(6) du film ressemble à ces ghettos sud-africains comme Soweto ou américains comme Harlem, gangrenés par la pauvreté et la violence des gangs de la fin du XX° siècle. Mais Neill Blomkamp en réalisant son film avec un parti pris très 'documentaire' (au début du moins, afin d'en augmenter la charge critique) élargit et ancre son film dans notre époque (les années 2000-2010) : l'humanité peut-elle se débarrasser de sa xénophobie ? Ainsi son propos est à la fois contemporain et universel : on peut parfaitement songer à la 'jungle de Calais' (Eric Besson, ministre de l'identité nationale, avril 2009 : « La jungle doit avoir disparue à la fin de l'année »(7)) ou aux camps de migrants en mer Egée.
On peut enfin voir dans le film un écho au débat spécisme / antispécisme : les ET sont qualifiés de crevettes (prawns) et ils adorent les boites de nourriture pour chat...
Les Little grey de Rencontre du 3° type et les adieux entre ET et Elliott.
Conclusion
District 9 est un film très politique et son contexte sud-africain ne doit pas masquer son propos très universel.
B) Choc des espèces, choc des sociétés
Samuel P. Huntington évoquait le très contesté choc des civilisations comme nouveau paradigme des relations internationales. La SF a, dès le début, soumis à questions et réflexions le contact avec les extraterrestres pour évoquer les relations entre l'humanité et l'étranger. Dans la 1ère partie nous avons évoqué l'alien, métaphore de nos peurs, évoquons l'alien, métaphore de l'étranger...
1) L'extraterrestre, cet envahisseur "pas comme nous"...
Le point commun entre les films de SF de série B des années 50 et District 9 de Neill Blomkamp ? L'alien est perçu par la population comme un envahisseur qu'il faut rejeter ou ghéttoïser. Ainsi de nombreux films mettent en scène la faillite de l'intégration d'extraterrestre victime de l'incompréhension voire de l'intolérance humaine :
Parfois l'allusion à l'immigration légale et clandestine) est plus nette. C'est le cas de la série de films Men in black. Le 1er opus s'ouvre sur une scène de passage clandestin du Rio Grande. Ce premier volet recelait une métaphore sur l’altérité où, sur le mode de la comédie, se glissait une sorte d’exaltation du melting-pot américain... à condition que l'"autre" s'américanise... pardon s'anthropomorphise ! Bien sûr on ne quitte pas réellement le registre de la comédie et le message politique, réel, est bien léger.
2) L'extraterrestre rédempteur
Dans Rencontre du troisième type (1977) et ET, l'extraterrestre (1982) Steven Spielberg avait lancé un courant de SF optimiste dans lequel les extraterrestres (amicaux et pacifiques) révélaient les bons cotés de l'humanité au travers de scientifiques généreux (et un poil intéressés), de citoyens lambda ou d'enfants au cœur pur. On retrouvera ce thème dans quelques films ultérieurs comme Cocoon (Ron Howard, 1985), Abyss (James Cameron, 1989), Premier contact (Denis Villeneuve, 2016).
3) L'extraterrestre, mon voisin, mon ami
Dans 2 grandes sagas galactiques de SF, La guerre des étoiles et Star Trek l’espèce humaine et les espèces extraterrestres vivent en harmonie, dans un multiculturalisme assumé :
Arrêts de bus : Afrique du Sud (photographie de Peter Magubane) - District 9, le film.
Des cinéastes se sont essayés à mettre en scène la rencontre et la découverte de l'autre, le plus souvent au travers de destins individuels. Ainsi Wolfgang Petersen, en 1985, fait se rapprocher et se comprendre 2 soldats, un humain et un Drac, dans une fable humaniste émouvante, Enemy Mine. On retrouve cette idée dans Avatar dans lequel le lien entre les humains et les Na'vis est tissé par une poignée d'individus en opposition avec leur communauté (Neytiri, Jack Sully, Grace, Trudy...).
Les extraterrestres sont un réceptacle très commode dans lequel nous projetons nos croyances, quelles soient profondes ou simplement liées à une mode. S'ils peuvent être l'objet de véritables cultes, ils sont aussi, et surtout, des vecteurs d'une culture populaire que le cinéma a largement contribué à construire.
A- Etude de cas : les petits hommes verts
Qui n'a pas entendu ou prononcé une phrase dans laquelle, avec ironie, les petits hommes verts étaient convoqués pour moquer (en général gentiment) son interlocuteur ? La moquerie en moins, en 2014, lors de la crise Ukrainienne la presse a qualifié de Little Green Men (LGM) des soldats en uniforme vert sans aucun signe distinctif qui auraient permis d'identifier leur origine(8). Ces 2 exemples montrent que ces fameux petits hommes verts sont encore présents dans notre imaginaire. Récit de la construction d'un mythe...
1) Du Little Green Man au Short Grey
L'usage du terme petits hommes verts(9) est ancien (Edgar Rice Burroughs évoque les green martians dans la nouvelle Une princesse de Mars dès 1912) et les auteurs publiés dans les pulps américains s'en sont emparés dès les années 30. Mais c'est dans les années 50 qu'il deviendra le qualificatif le plus fameux pour désigner les extraterrestres. La genèse de ce mythe de la culture populaire est à rechercher dans la conjonction de 2 événements :
Cette expression d'abord réservée au cercle des initiés de la SF passe dans le grand public. Mais à partir des années 70 et surtout 80-90 l'imaginaire change : on passe au little grey ; le petit gris. Celui-ci, moins populaire que le petit homme vert, est un extraterrestre de petite taille, gris, aux yeux immenses qui existait déjà dans l'imaginaire des auteurs de SF. En 1961 un récit d'enlèvement (le couple Hills) fait état d'ET petits, gris (et non verts) et assez sympathiques. Dans les années 70 son portrait se dessine peu à peu, en particulier lorsque qu'un Ufologue (et dessinateur), se fondant sur les témoignages d'abduction et autres récits de rencontres avec les extraterrestres, fait le portrait robot du petit homme vert qui, s'il reste petit, devient gris. Repris par de nombreux médias, des ufologues et auteurs de SF ce portrait va devenir le stéréotype de l'ET. Mais en réalité, c'est à Steven Spielberg dans Rencontre du 3° type (1979) que l'on doit le clou final du cercueil du petit homme vert ! Plus tard les Asgards de la série Stargate SG-1 (diffusée entre 1997 et 2007) et Paul, l'extraterrestre du film éponyme (Greg Mottola, 2011) seront les incarnations du little grey.
2) Ufologie, média et culture pop'
Ainsi l'imaginaire du petit homme vert / gris s'est construit sur 3 piliers :
La scène du bar dans l'épisode IV, Un nouvel espoir.
Conclusion
L'expression petits hommes verts renvoie donc à une construction mythique associant création, médiatisation et culture populaire... Il renvoie au thème de la rencontre avec la vie extraterrestre mais, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce terme n'est pas réellement employé par les personnes qui croient en la véracité des récits de rencontre avec les ET, au contraire, il a une consonance plutôt ironique et moqueuse.
B- L'extraterrestre : anthropomorphisme et culture populaire
1) L'ET, une projection de nous-mêmes
La littérature, les arts graphiques et le cinéma ont produit 2 types d'extraterrestres, les morphes et les amorphes. Ces derniers sont assez rares : pensons à l'océan pensant de Solaris (tiré du roman éponyme de Stanislas Lem adapté une 1ère fois en 1972 par Andréi Tarkovski puis en 2002 par Steven Soderbergh) ou aux ET invisibles (c'est commode !) du film Invisible Invaders (Edward L. Cahn, 1959). Dans la familles des morphes on retrouve les stéréotypes classiques :
Les ET les plus nombreux sont donc anthropomorphes. Pourquoi ? On peut avancer, de façon triviale, les limites technologiques (et financières) qui font qu'un acteur habilement maquillé est certainement le moyen le plus aisé de représenter un ET (pensons à Chewbacca interprété par Peter Mayhew). Mais même affranchie des contraintes par les effets numériques, la représentation de l'ET reste massivement anthropomorphe (pensons aux ET de Star Trek ou à toute l'équipe des Gardiens de la Galaxie de James Gun, 2014), surement à cause du nécessaire processus d'identification du spectateur (un visage humanoïde permettra de lire des émotions). N'y aurait-il pas aussi une forme de suprémacisme : l'humain supérieur à tout ? Quelques analyses l'évoquent mais cela me parait très spécieux comme raisonnement.
Les envahisseurs de Larry Cohen avec Roy Thinnes (David Vincent) diffusé entre 1967 et 1968.
Cet anthropomorphisme ne concerne pas que l'apparence, l'ET est aussi la projection des modes de pensée de leur époque. Ainsi, de manière quasiment caricaturale, on a vu des extraterrestres dans le cinéma de série B (voire Z) américain des années 40-60 devenir le parfait reflet de l'American Way of Life : dans Le Père Noël contre les Martiens (Nicholas Webster, 1964) les enfants martiens sont fascinés et finalement conquis (émotionnellement et surtout commercialement) par Santa Claus ; dans Destination Mars (Lesley Selander, 1951) les martiennes se baladent en mini-jupes affriolantes. On peut aussi penser aux Shingouz de Valérian et la cité des 1000 planètes (Luc Besson, 2017) qui apparaissent (comme leurs créateurs, Pierre Cristin et Philippe Mezières, les avaient souhaités) comme de parfaits produits du bizness capitaliste, vendant et revendant encore le précieux produit qu'est l'information.
2) Extraterrestre et culture populaire
On l'a vu avec les little green men, l'extraterrestre est un 'bon client' pour la pop culture. Mais, pour une fois, nous abandonnerons le cinéma américain, pour étayer notre propos dans la culture populaire française. En qui de mieux placé que LA figure de la comédie populaire franchouillarde, Louis de Funès ! A 2 reprises celui-ci eut à faire aux extraterrestres, sous la direction de Jean Girault : dans Le gendarme et les extraterrestres (1979) sur le thème de l'invasion insidieuse et dans La soupe aux choux (1981, d'après le roman de René Fallet) avec Jacques 'Télétubbies' Villeret. Bien sûr, ce ne sont pas des chefs-d’œuvre et il faut aimer le jeu Funésien... mais pour espérer faire des entrées avec des extraterrestres, il faut bien que ceux-ci soient définitivement passés dans la culture populaire.
C- Sommes-nous seuls dans l'Univers ?
En 2014 deux sondages (Gallup et Yougov cités dans Newsweek) indiquaient qu'aux Etats-Unis, 54% des sondés croyaient en une vie extraterrestre... rien de bien étonnant... mais parmi les 46% restants, les 2/3 répondaient ne pas y croire car l'homme est l'unique création de dieu ! On le voit, la question de la vie extraterrestre touche clairement aux croyances. En SF, le thème des extraterrestres permet d'aborder plutôt l'aspect philosophique de la place de l'homme dans l'univers et donc une réflexion sur l'ethnocentrisme.
1) La question de la singularité
Dans 2001 ; l'Odyssée de l'espace (Stanley Kubrick, 1968) il est question d'une entité extraterrestre invisible dont les desseins insondables font évoluer l'humanité. Le film renvoie à la spéculation pseudo-scientifique dite théorie des Anciens Astronautes. On en retrouve une influence ou du moins un écho dans quelques films comme Les Monstres de l’Espace (Roy Ward Baker, 1967), Mission to Mars (Brian De Palma, 2000), Prédictions (Alex Proyas, 2009), Prométheus (Ridley Scott, 2012, où les ET à l'origine de l'humanité se nomment les ingénieurs) ou encore Stargate, la porte des étoiles (Roland Emmerich, 1994). Liste non exhaustive...
2) SF et Ufologie
En juin 1947 le témoignage du pilote de l'USAF Kenneth Arnold, repris par les média lance la vague des Ufo (Ovni en français) associée quasi immédiatement avec l'idée que le gouvernement nous cacherait la vérité (théorie du complot et mythe des hommes en noir(12). Dans les années 60 le fossé s'est irrémédiablement creusé entre les Ufologues et la communauté scientifique. Les années 70 marquent un nouvel élan pour les thèses des Ufologues : Spielberg sort Rencontre du 3° type (1977) dans lequel les scientifiques qui œuvrent autour du professeur Lacombe (François Truffaut) le font en secret... de quoi alimenter la paranoïa complotiste alors que 3 ans plus tard est publié le 1er livre sur l'affaire de Roswell qui fera les choux gras de la presse et marquera fortement la culture populaire dans les années 80 et surtout 90(13).
Alors, l'attrait pour la science-fiction a-t-il un lien avec le fait de croire, ou non, dans les manifestations d'une vie extraterrestre(14) ? Une enquête de 1982 démontrait que les amateurs de SF sont plus « croyants » dans les mythes fantastiques (existence des ET – Ovni etc.) que la moyenne(15). En prenant l'un des plus grand réalisateur de films de SF, Steven Spielberg, celui-ci, interviewé sur sa propre croyance dans les extraterrestres et les Ovni, répond toujours de la même façon : « J'aimerais bien y croire, je veux y croire. Je suis persuadé qu'il existe d'autres formes de vie et de vie intelligente, dans l'univers spatial. Parfois, j'ai été très près de croire aux OVNI, mais, tout de même, il me manque l'expérience décisive de Richard Dreyfuss dans le film : monter dans la soucoupe volante venue d'ailleurs »(16).
Conclusion générale
L'extraterrestre est l'un des thèmes phare de la SF et de son cinéma, surtout depuis que les effets numériques ont élargi le spectre et l'efficacité de sa représentation à l'écran. Il fait appel à notre sens du merveilleux ou alors il suscite notre crainte voire notre peur. Mais c'est surtout un extraordinaire vecteur pour parler de nous (les humains) et de notre époque.
Mais l'ET a une sérieuse concurrente, aussi bien pour sa puissance évocatrice que pour les discours qu'elle permet de tenir... la Machine ! Ce sera le 2nd volet de notre étude de l'Autre dans le cinéma de SF.
A gauche : Les gardiens de la Galaxie : Star Lord ; Drax ; Gamora ; Rocket et Groot.
A droite : Marguerite Chapman, la Martienne 'sexy' de Destination Mars.