«
« Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque. »
Dernière phrase du serment d'Hippocrate (version de l'Ordre des médecins, 2012).
Introduction
La santé c’est un équilibre entre les besoins d'une population et les efforts consentis pour les satisfaire ; entre les évolutions sociétales et les règles édictées ; entre le désir individuel de la « bonne santé » et le désir collectif de « prendre soin de l'autre ». Ce sont ces tensions qui ont séduit la science-fiction qui s'est emparée du thème de la santé très tôt pour en explorer les évolutions futures.
Cela avait assez mal commencé avec 2 œuvres de Mary Shelley, le célèbre docteur Frankenstein (1818) et, moins connu, Le Dernier Homme (1826) décrivant une pandémie mondiale au XXIe siècle. Le cinéma avait poursuivi dans cette voie en adaptant très vite 3 figures inquiétantes de médecins : Frankenstein donc (James Whale, 1931), Moreau (Island of Lost Souls, Erle C. Kenton, 1932), et Jekyll (Docteur Jekyll et Mr Hyde, Victor Fleming, 1941).
Qu'est-ce que le cinéma de science-fiction nous dit de la santé des hommes et de la médecine de demain ? Après avoir analysé comment le cinéma de Sf envisage la médecine de demain nous étudierons la figure du médecin avant de terminer par le thème plus global de la santé dans le futur.
Introduction
La médecine de demain est interrogée par les scénaristes et les réalisateurs essentiellement par le biais de la technologie : informatique et ingénierie médicale, robotisation, Big Data biométrique, etc. De nombreux films, en pleins ou en creux, explorent un avenir mêlant fascination technophile et méfiance technophobe.
(1) La prothétisation et la cyborgisation du corps sont des notions assez similaires : un être humain reçoit des greffes de parties mécaniques ou électroniques. On parlera de Cyborg (de l'anglais « cybernetic organism ») quand l'artificialisation est importante. . Nous ne traiterons pas, dans cet article, des Cyborgs non-médicaux comme les Terminators ou les guerriers d'Universal Soldier)
(2) Pas seulement les firmes du biocapitalisme, mais aussi les gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) et les batx (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi).
(4) En gros le n°3 du vaisseau spatial ; cela correspondrait, dans l'armée française par exemple au grade de médecin en chef.
(6) Les figures les plus représentées dans les films de Sf sont les scientifiques et les militaires.
(5) La biographie fictive de McCoy a été construite à partir d'éléments dispersés de scénarii – films et/ou séries – recueillis par les fans, parmi lesquels le Wiki Memory-Alpha.
A) Etude de cas : la prothèse, star du cinéma de Sf
La prothèse, dans le futur médical de science-fiction, prend une place importante. En ne retenant que l'aspect strictement médical du sujet ce sont 2 personnages fictionnels que l'on retiendra d'abord : le major Steve Austin (Lee Majors), L'homme qui valait 3 milliards (série télé créée par Kenneth Jonhson, 1974-1978), dont les deux jambes, le bras droit et l'œil gauche ont été remplacés par des implants bioniques et le policier Alex Murphy (Peter Weller) dans Robocop de Paul Verhoeven, sorti en 1987, le cyborg le plus marquant du cinéma(1).
1- La prothèse médicale, symbole du progrès technologique
Après les progrès considérables dans le domaine de la prothèse au moment de la Première Guerre, ce seront les années 70-80 qui verront un 2nd élan dans ce domaine avec les frères Jacquard qui démocratisent la prothèse de jambe et la naissance de l'ONG Handicap International. Aujourd'hui la prothèse concerne quasiment toutes les fonctions du corps humain à savoir les sens (surtout ouïe et vue), la motricité (mains, pieds, membres...), l'esthétique (implants en tout genre) et l'ajout de capacité (mémoire, interfaçage, etc.) dans des objectifs de réparation mais aussi d'amélioration (surtout pour l'ajout de capacités).
Dès les années 60-70, à la télévision comme au cinéma, la prothétisation médicale est perçu plutôt favorablement et donne naissance à des héros positifs (comme l'était déjà, en 1966, Garth A7, interprété par Michaël Rennie, le cyborg venu du futur dans Cyborg 2087 de Franklin Adreon). Après Steve Austin, le rapport homme/machine prend une dimension ontologique dans Robocop : Alex Murphy passe du statut d'homme brisé et sacrifié à celui de policier redoutablement efficace après sa reconstruction. C'est le même cas de figure en 1995 dans Ghost in the Shell, dans lequel Mamoru Oshii (à la suite de Masamune Shiro en 1989 et avant Ruppert Sanders en 2017) fait du Major une arme terriblement efficace.
Alex Murphy, Steve Austin ou le Major sont des héros positifs et leurs prothèses des bienfaits technologiques : c'est aussi le cas du policier Del Spooner (Will Smith) et son bras métallique (I, robot de Alex Proyas, 2004) ou de Furiosa (Charlize Théron), l'impératrice de Mad Max, Fury Road de George Miller en 2015. Dans ce cas de héros positifs les prothèses peuvent être visibles mais ce sont les composantes humaines qui sont largement privilégiées : la bouche de Robocop, seul élément de chaire visible ; les yeux de Furiosa, réhaussés par un maquillage ad hoc, etc. Parfois la prothèse est dissimulée : ainsi Luke Skywalker (Mark Hamill) reçoit une prothèse après que sa main eut été tranchée par Dark Vador (David Prowse) dans L'Empire contre-attaque (Irvin Kershner, 1980) qui est quasiment invisible dans l'épisode suivant, Le retour du Jedi (Richard Marquand, 1983) ; ou encore le bras métallique de Del Spooner qui n'est révélé qu'au moment de son combat pour la survie contre un robot nouvelle génération.
Cela correspond à un vision positive de la médecine réparatrice de demain. D'ailleurs le cinéma de Sf déteint sur la recherche médicale en matière de prothèse avec l'émergence de prothèses, non pas proches de l'élément biologique qu'elles remplacent, mais, au contraire et volontairement, plus proche d'une représentation fictionnelle. Pourquoi ? Afin de pallier le syndrome de la vallée de l'étrange, théorisé dans les années 70 par le roboticien Masahiro Mori :
2- Un progrès, vraiment ?
La prothèse permet aux auteurs d'interroger le progrès médical et d'en mettre en évidence les failles et les éventuels dévoiements. Dans ce cas, la prothèse est associée à des figures de « méchants » ; elle est alors visible voire insupportablement visible comme le masque facial d'Immortan Joe (Hugh Keays-Bird, dans Mad Max Fury Road de Georges Miller en 2015), les bras métallique du docteur Octopus (Alfred Molina, dans Spider-man 2 de Sam Raimi en 2004) et encore la galaxie assez incroyable des cyborgs tueurs d'Alita Battle Angel (Robert Rodriguez, 2019). Ce sont, en quelque sorte, les Capitaine Crochet du futur !
La prothèse qui ajoute des capacités et/ou améliore les performances est celle qui a la représentation la plus négative dans le cinéma de Sf, outre qu'elle soit associée souvent aux héros négatifs cités plus haut, ce sont les dérives qui en résultent qui sont exposées lorsque ladite prothèse ajoute des capacités comme le font les exosquelettes qui donnent une dimension surhumaine à ceux qui les utilisent. Mais ce sera le contexte d'utilisation qui en déterminera la dimension morale : l'exosquelette est une arme au service du bien ou du mal... selon l'ennemi combattu. Endossé par Ripley (Sigourney Weaver) il sert à sauver l'héroïne et la petite fille de la reine Alien dans dans Alien le retour de James Cameron (1986) ; alors que dans Avatar (toujours James Cameron, 2009) le colonel Quaritch (Stephen Lang) le revêt pour traquer Jack Sully (Sam Worthington). Dans Elysium (Neil Blomkamp, 2013) Max (Matt Damon) affronte et tue Kruger (Sharito Copley), alors que les deux sont équipé d'un exosquelette.
La Sf existe aussi pour pousser aux limites les plus extrêmes les questionnements : ainsi des films envisagent même des prothèses totales comme dans Clones (Jonathan Mostow, 2009), film dans lequel les humains ne vivent plus que par l'intermédiaire de robots de substitution (Surrogates) pilotés par interface neurale. Le héro, Tom Greer (Bruce Willis) n'arrive même plus à communiquer avec sa femme (Rosamund Pike) qui refuse tout contact avec le « vrai » Tom. Poussé à ce point c'est l'identité humaine qui est interrogée, un thème de prédilection de la Sf comme nous le verrons également plus loin.
Conclusion
La prothèse et, plus encore, la figure du cyborg permet d'interroger les frontières homme / machine. La médecine contemporaine avance, lentement, sur cette voie ce que la Sf explore en mettant en avant cette dualité de nature schizophrénique qui fonctionne comme un combat. Le plus souvent ce combat voit la chaire et le sang triompher du synthétique !
Une prothèse de bras issue du monde du Manga.
Le re-créationn de Leeloo dans Le cinquième élément.
B) D'une vision technophile...
Lorsque Sanofi et Google s'associent pour faire avancer la recherche sur le diabète nous sommes au cœur de l'évolution de la médecine contemporaine bouleversée par les nouvelles technologies. Au cinéma cela a donné, depuis longtemps, des films au discours très technophile. Prenons quelques exemples :
2- Un médecin de demain
McCoy exerce donc au XXIII° siècle et, malicieusement, les scénaristes de Star Trek, retour sur Terre (Leonard Nimoy, 1986) le confronte à la médecine du XX° siècle qu'il qualifiera de Moyenâgeuse voire même d' « Inquisition Espagnole » ! Sa pratique doit beaucoup à la technologie, avec, en vedette, le Tricorder (Tricordeur en français). Cet appareil, ressemblant à un téléphone portable, est l'outil ultime du diagnostique : McCoy est capable d'analyser et soigner des formes de vie inconnue ou alien ! On trouve aussi l’hypospray (injecteur à pression), l’exoscalpel (un scalpel sans lame), les biolits (version ++ du lit médicalisé), etc. Comme souvent dans Star Trek, les technologies qui y apparaissent ont alimenté les fantasmes des ingénieurs et, parfois, elles sont anticipatrices. On le sait pour le communicateur, ancêtre du portable ; on le sait moins pour le tricorder car cet appareil 'magique' est, très partiellement, en cours de conception, suite à un concours lancé en 2013 par la fondation X-Prize, remporté par la société Final Frontier Medical Devices, pour un appareil capable de diagnostiquer l'absence de maladie ainsi que la présence de 34 maladies (voir).
C) … à l'angoisse technophobe
Au tournant des années 80 le cinéma de Sf épouse les visions du cyberpunk et exprime réserves et critiques vis à vis d'un progrès médical qui interroge.
1- Dérives
En 1997 Andrew Niccol tourne Bienvenue à Gattaca, une dystopie glaçante sur le contrôle génétique : une infirmière prélève une goutte de sang sur Vincent (Ethan Hawke), âgé de quelques secondes et « lit » immédiatement son avenir : « Infection neurologique 60 % de probabilité, psychose maniaco-dépressive 40 % de probabilité, hyperactivité, 89 % de probabilité, troubles cardiaques 89 % de probabilité. Espérance de vie : 30 ans et deux mois. ». Son avenir est donc déterminé et les étoiles lui seront à jamais inaccessibles. Ce thème de la manipulation génétique est repris, toujours dans une vision sombre quant aux dérives possibles, dans The Island (Michael Bay, 2005), dans lequel Lincoln Six Echo (Ewan McGregor) et Jordan Two Delta (Scarlett Johanson) sont en fait des clones conçus comme des réserves à organes pour leurs riches « originaux ».
Le modèle des dérives de la médecine, outre bien sûr Frankenstein, reste L'île du docteur Moreau dans lequel un médecin développe le projet prométhéen de fabriquer des créatures humaines ou quasi humaines. Le livre de HG Wells (1896) sera adapté 5 fois au cinéma. On retiendra la version de Erle C. Kenton (1932), celle de Don Taylor (1976) et celle de John Frankenheimer (1996). Aux greffes et à la chirurgie plastique du roman et des 1ères adaptations succèdent les manipulations génétiques et hormonales du film de 1996.
Le cadre référentiel de ces films, comme d'autres dystopie d'ailleurs, est l'Histoire de la fin du XIX° / mi-XX° siècles : l’eugénisme nazi ; les théories et programmes anglo-saxons de d'eugénisme social au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis ; le dopage à outrance et le surentraînement sportif qui broient les athlètes pour servir la propagande totalitaire (par exemple en RDA) ; etc.
Le cinéma se Sf a également beaucoup mis en scène la modification des corps : qu'ils soient agrandis (L'Attaque de la femme de 50 pieds de Nathan Juran en 1958), réduits (Le Voyage fantastique de Richard Fleischer en 1966 ou L'Aventure intérieure de Joe Dante en1987), invisibles, (L’Homme invisible de James Whale en 1933), recomposés (la Chose – Michaël Chiklis – dans Les Quatre Fantastiques de Tim Story en 2005), etc.
2- Médecine de ségrégation
Actuellement ces innovations technologiques médicales sont très coûteuses et entre les mains des grandes firmes multinationales(2) qui promeuvent une vision néolibérale individualiste réservant, de facto, les améliorations aux plus riches, creusant ainsi d'insupportables inégalités et annonçant un avenir clivé. La Sf a exploité de façon glaçante cette idée d'une médecine à 2 vitesses. Citons 2 films :
On peut noter que dans ces 2 films (comme dans de nombreux autres sur le même thème) l'état, dans son rôle législateur et régulateur, est absent. C'est une autre facette de la dystopie médicale du futur dans laquelle la santé devient affaire d'individus au détriment du collectif.
Conclusion
Cette vision technologique de la médecine dans la Sf développe, parfois de façon irraisonnée, l’attente du patient vis à vis de la médecine. Ainsi, à propos des prothèses, Nathanaël Jarrassé estime que l' « on médiatise beaucoup les prouesses techniques d’humains capables de bouger des mains robotiques par la force de la pensée. Mais dans la vie quotidienne, le combat de ces gens est bien différent car il faut du temps et beaucoup d’énergie pour qu’un patient puisse apprendre comment utiliser de nouvelles techniques comme les prothèses »(3).
Pour le meilleur comme pour le pire, l'avenir de la médecine passe, à l'en croire le cinéma de Sf, par la technologie. Mais alors, dans ce contexte, que devient la figure du médecin ?
A gauche, DeForrest Kelley - à droite Karl Urban
Le cinéma de Sf véhicule des images du médecin souvent très manichéennes : il sera un héro (ou le plus souvent un sidekick) positif ou alors un savant fou. Portrait...
A) Etude de cas : Léonard 'Bones' Mac Coy dans Star Trek
Le 8 novembre 1966 apparaît sur les écrans de chaîne de télévision américaine NBC le trio vedette de Star Trek (créé par Gene Roddenberry), le capitaine James Tibérius Kirk (William Schatner), monsieur Spock (Léonard Nimoy) et le docteur Léonard McCoy (DeForrest Kelley). Ce dernier, présent dans les 79 épisodes de la série originale, dans les 6 films produits ainsi que dans les 3 films du rebot (avec Carl Urban comme acteur) devient l'un des toubib les plus connu du petit et du grand écran. Analyse du personnage...
ARTICLES et OUVRAGES
ACHOUCHE, Mehdi. L’Utopisme technologique dans la science-fiction hollywoodienne, 1982-2010 : tran-shumanisme, posthumanité et le rêve de ”l’homme-machine. Thèse de doctorat, Université de Grenoble, 2011 : VOIR sur HAL.
BADMINGTON, Neil. Posthumanism, 2000.
BUREAU-YNIESTA, Coralie. Influences de la représentation cinématographiqueet télévisuelle du médecin à l'écran sur la relation médecin-malade. Thèse de médecine, Université de Limoges, 2015. En particulier le chapitre sur le médecin en science-fiction : VOIR.
CALVO, Stuart. Demain la santé. Anthologie de 15 textes de Sf. Editions La Volte, 2020. Sur Numerama un entretien de Marcus Dupond-Bernard avec l'auteur : VOIR.
CERQUI, Daniela & MÜLLE Barbara. La fusion de la chair et du métal: entre science-fiction et expérimentation scientifique. Revue Sociologie et sociétés, n°42, novembre 2010 : VOIR.
GOFETTE, Jérome & GILLAUD, Lauric. L'imaginaire médical dans le fantastique et la science-fiction. Bragelonne, 2011. Actes du colloque de Cerli. A noter :
A noter surtout :
HADJIMANOLIS, Pierre. Le médecin dans la littérature de science-fiction au XIXe siècle. Thèse Rennes 1, 2017. VOIR.
LECOURT, Dominique. Humain/posthumain, Paris, Presses universitaires de France, 2003.
LEHOUCQ, Roland & STEYER, Jean-Sébatien. La science fait son cinéma. Le Bélial, 2018.
MURA, Philippe. Médecine et science-fiction. Thèse médecine, Reims, 1983.
SONTAG, Susan. The Imagination of Disaster, 1965.
VEYRIE, Nadia. Vieillir, mourir, naître. Indigences sociales au travers de la science-fiction. Dans la revue Le sociographe (2011) : VOIR.
SUR LE WEB
La Wikipedia
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ANDRE, Danièle – BECKER Christophe – GOFFETTE Jérôme – HOUGUE, Clémentine. La pandémie en science-fiction, appel à contribution en cours pour Stella Incognita : VOIR.
CATELLIN, Sylvie. Le recours à la science-fiction dans le débat public sur les nanotechnologies : anticipation et prospective. Quaderni, n°61, 2006 : VOIR.
COCHARD, Sandrine. Quand la science-fiction donne des idées à la réalité. Sur le site L'ADN Tendance : VOIR.
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GOUYON, Pierre-Henri. L’immortalité, c’est pour quand ? C’est pour qui ? Entretien avec le généticien et l’auteure de science-fiction Catherine DUFOUR. Usbek&Rica : VOIR.
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RUAULT, André-François. Science-fiction et limites de la vie. Sur le blog Construktif : VOIR.
TRUDEL, Jean-Louis. Faire l'histoire des pandémies par les histoires de la science-fiction. In Irssp, Ottawa : VOIR.
En vrac
Maddy Keynote - Santé : l'avènement de l'homme augmenté. Journées nationales de l’innovation dans la santé, à la Cité de la Science (2017). Sur le blog Hiscox : VOIR.
Transférer son exprit dans un corps nouveau. Sur le site Usbek&Rica : VOIR.
Demain, la médecine sans médecin ? Sur le site Usbek&Rica, 2017 : VOIR.
Médecine : quand la réalité rejoint la (science) fiction. Sur le site de la compagnie Axa : VOIR.
Virus, la Sf en lanceur d'alerte. Sur le site de la Depeche : VOIR / ou de la RTBF : VOIR.
Mondialisation, virus et cinéma. Site Theconversation : VOIR.
A propos de l'amortalite (site transhumaniste) : VOIR.
Rêver du futur avec la Science-fiction. Sur le site Sciences au cinéma : VOIR. En particulier des articles sur plusieurs films autour de la biologie.
Retour vers le futur : A quoi va ressembler notre vie en 2045 ? Sur le site du journal 20 minutes : VOIR.
L'avenir de l'humanité est-il menacé par des mégavirus ? The Conversation : VOIR.
ECOUTER
De la science-fiction à la science du futur (épisode 7/10) : Fabriquer l’autre, se fabriquer soi-même. In Matières à penser par René Frydman sur France Culture : ECOUTER.
De la science-fiction à la science du futur (épisode 4/10) : Le déterminisme génétique est-il absolu ? In Matières à penser par René Frydman sur France Culture : ECOUTER.
REGARDER
Corps augmenté, jusqu'où peut-on aller ? Sur Arte.tv (Janvier 2019) : REGARDER.
La médecine est-elle en train de rattraper la science-fiction ? Sur Futura-science : REGARDER.
L'obsolescence des corps. Utopiales, 2018. Table ronde avec Bénédicte Leclercq, Sylvie Denis, Gilles Feron, John Scalzi . REGARDER.
LOPRESTI, Flavien. Prothèses et humains augmentés. Conférence disponible sur canal-U : REGARDER.
A PROPOS DES FILMS CITES
Scifi-movies, sur les expériences médicales : VOIR.
Sens Critique, des films de SF pour réfléchir sur la nature et la vieillesse : VOIR.
De la science-fiction à la science du futur (épisode 4/10) : Le déterminisme génétique est-il absolu ? Dans Matières à penser par René Frydman sur France Culture : ECOUTER.
Bienvenue à Gattaca : la somme de l'inné et de l'acquis, voire plus. Article de la série Rêver du futur avec la Science-fiction. Sur le site Sciences au cinéma : VOIR.
Le dossier de Transmettre le cinéma : VOIR.
RICHARD, Céline. Éthique médicale, Droits de l’Homme et dystopie dans Bienvenue à Gattaca. In Colloque Fictions médicales. Université de Nantes et Sorbonne Nouvelle. 17-19 octobre 2018.
Critique sur Dvdclassik : VOIR.
Critique sur Courte Focale : VOIR.
La critique de Nanaland : VOIR.
Critique sur Devildead : VOIR.
MOINE, Raphaëlle. Les créatures du docteur Moreau à l'écran : vertiges de la science et vertiges de la loi. Revue Tumultes n°25 (2005)/2 (n° 25): VOIR.
PERIER, Marie. Quand Iron Man fait progresser la science et la médecine. Dans le Figaro, 2015 : VOIR.
Critique dans Darksidereviews : VOIR.
Matrix : faire interagir un ordinateur et un cerveau. Article de la série Rêver du futur avec la Science-fiction. Sur le site Sciences au cinéma : VOIR.
DESPRES, Elaine. Vieillesse et passage du temps. In Revue Postures (2011) : VOIR.
Repomen et l'impression 3D en médecine. Article de la série Rêver du futur avec la Science-fiction. Sur le site Sciences au cinéma : VOIR.
PARENT, Olivier. Ce que nous apprend RepoMen sur le futur. Blog du Huffington Post : VOIR.
Une compilation sur Youtube des usages de l'Hypospray : REGARDER.
A propos de Léonard McCoy : sur la Wikipedia : VOIR / à propos de la médecine dans Star Trek (en) : VOIR
/ sur le Wiki Memory Alpha (eng) : VOIR / sur un site fan en français : VOIR.
A propos du tricordeur : sur la Wikipedia : VOIR / sur le Journaldugeek : VOIR / sur Hitek : VOIR.
50 ans de Star Trek, l'héritage scientifique. In La Méthode scientifique par Nicolas Martin. France-Culture : ECOUTER.
Une vidéo sur la science dans Star Trek du musée Canadien de l'aviation et de l'espace : REGARDER.
Sur le site Usbek&Rica. Faut-il (re)voir Soleil vert ? VOIR.
Une analyse du Monde : VOIR.
Sur DVDClassik, une critique : VOIR.
LAURENT, Anabelle. « Transferts » : et si vous pouviez changer de corps ? Sur Usebk&rica : VOIR.
A propos de Ad Vitam (la série) un point de vue des transhumanistes : VOIR.
1- I'm a doctor, not a...
Léonard 'Bones' McCoy est présent sur l'Enterprise comme officier médecin(4). Il est l'archétype du médecin « de cinéma », à savoir que le personnage présente 3 facettes, dans la série comme dans les films(5) :
B) Quelle figure du médecin du futur ?
Le cinéma de Sf offre beaucoup de personnages de médecin, en général en second rôle. 2 figures dominent : le « méchant », au service d'un progrès médical qui dérive ou bien un héro positif en lutte contre une menace.
1- Le médecin « bad guy »
Le cinéma fantastique regorge de « médecins-fous » : le docteur Frankenstein ; le docteur Gogol des Mains d'Orlac ; le docteur Moreau ; etc. En Sf la figure négative du médecin domine lorsqu'il est question de clonage et d'ADN :
Parfois, sans être un héro négatif, le médecin de Sf n'a pas le beau rôle :
3- Un médecin d'hier
Léonard McCoy, se qualifiant lui-même de « good old country doctor », est également caractéristique des multiples figures de ces nombreux médecins de fiction qui conservent une certaine réserve par rapport aux technologies modernes. Son aversion pour le téléporteur est l'un des exemples les plus frappants : bien que celui-ci fonctionne depuis des décennies, McCoy n'a toujours pas confiance dans cet appareil qui, dit-il, « disperse les atomes ». Plus que sa compétence technique, ce sont ses qualités humaines qui sont mises en avant : derrière sa bougonnerie, c'est un homme compatissant, plaçant l’intérêt de ses patients avant tout. Ce portrait emprunte plus à la figure du médecin de famille (de l’espace) qu'au spécialiste sûr de lui (comme le docteur Stephen Strange joué par Bénédict Cumberbach dans Doctor Strange de Scott Derrickson en 2016). Surtout il reste fidèle au serment d'Hippocrate, toujours en vigueur dans la fédération des Planètes Unies !
Conclusion
Médecin du futur, McCoy est surtout une figure d'un futur optimiste, à l'image de Star Trek : un médecin qui utilise une technologie qu'il contrôle, techniquement et éthiquement. Il reste un sage, un pilier de la société, fidèle à son serment d'Hyppocrate. Mais le médecin du futur sera-t-il à son image ? Nous avons vu dans la 1ère partie les évolutions possibles de la médecine... quelles seront celles du médecin ?
2- Le médecin « good guy »
Figures classiques en littérature ou au cinéma, le médecin aventurier et le médecin bienfaiteur sont également présents dans le cinéma de Sf particulièrement lorsqu'il s'agit de films avec des aliens. Mais cette présence est relativement mineure(6) et rarement héroïque. En effet, confrontés à des rencontres ou des situations extraordinaires, le médecin, même comme héro positif, atteint les limites de ses compétences et devient victime :
C- La fin du médecin ?
L'exercice de la médecine est en cours de bouleversement au regard du volume énorme de données à traiter et de la technologisation galopante. Le cinéma de Sf propose le plus souvent des figures de médecins usant d'une panoplie d'outils technologiques... jusqu'à ce que le médecin lui-même deviennent un outil ?
1- Le médecin asservi aux technologies ?
Dans Outland (Peter Hyams, 1981) le marshall William O'Neil (Sean Connery) est assisté, dans son enquête, par le docteur Marian Lazarus (Frances Sternhagen) qui dispose d'une panoplie complète d'appareils de diagnostics, scrutant et détectant la moindre petite anomalie de l'organisme humain. En effet le diagnostique est, en Sf, le domaine privilégié du déploiement de la technologie médical (se rappeler le Tricorder de McCoy dans Star Trek). Mais ce qui est intéressant c'est que dans ces films de Sf, même avec le déferlement de technologies, le médecin conserve une relation humaine avec leurs patients. Le plus bel exemple est peut-être à trouver non dans un film mais une série télévisée des années 70, Cosmos 1999, dans laquelle le docteur Héléna Russell (Barbara Bain) apporte « un côté humaniste et plein d'empathie tout au long des 2 saisons, caractère qui s'oppose, en même temps qu'il complète celui de Koenig (Martin Landau), commandant jusqu’au-boutiste, avec un esprit de sacrifice parfois démesuré » (Wikipedia).
2- Médecin-robot
Le premier concurrent du médecin, dans la science-fiction, est le robot ou du moins les systèmes robotisés :
Colin Clive (Victor Frankenstein) - Charles Laughton (Moreau) - Spencer Tracy (Hyde).
"I am a doctor, not a...
1à répliques-cultes de Mc Coy (en anglais)
Le tricorder (sur la chaine Youtube du Smithsonian Museum).
Cosmos 1999, le générique de la saison 1.
Le cinéma de science-fiction, en faisant parfois disparaître le médecin-humain, semble anticiper une évolution en cours :
L'accouchement de Padmée (Star Wars).
L'avortement d'Elisabeth Shaw (Prométhéus)
Elysium
Cette évolution est, le plus souvent, dénoncée. Les studios Disney l'ont fait avec une certaine subtilité puisque dans Les nouveaux héros (Don Hall et Chris Williams, 2014) l'un de ces héros est un robot médical gonflable (et oui !) Baymax dont la forme (tout en rondeurs) et la texture (vinyle gonflable) sont au service d'un personnage obsédé par un désir de soigner qu'il exprime par des dialogues humanistes. Les qualités humaines incarnées par Baymax sont peut-être une catharsis face à la crainte de la destruction possible de la relation soignant / patient menacée par cette figure du médecin-robot ?
Le robot chirugien Da Vinci pour les opérations de la prostate
Les nouveaux héros, la bande-annonce.
Conclusion
Si la science-fiction aime à représenter la montée en puissance de la technologie dans le domaine médical, elle s'interroge aussi sur la relation médecin-patient. Or, à part les savants-fous (qui relèvent plutôt du genre thriller, fantastique ou épouvante) et les généticiens du futur, la figure du médecin (personnage très fréquent en 2nd rôle) y est plutôt positive : il symbolise souvent un progrès technologiques au service de l'humain, permettant de dédramatiser l'avenir médical imaginé.
Conclusion
Si la science-fiction aime à représenter la montée en puissance de la technologie dans le domaine médical, elle s'interroge aussi sur la relation médecin-patient. Or, à part les savants-fous (qui relèvent plutôt du genre thriller, fantastique ou épouvante) et les généticiens du futur, la figure du médecin (personnage très fréquent en 2nd rôle) y est plutôt positive : il symbolise souvent un progrès technologiques au service de l'humain, permettant de dédramatiser l'avenir médical imaginé.
Introduction
Quand le cinéma de Sf aborde la santé et la maladie dans le futur il a 2 thèmes de prédilection : d'abord la santé éternelle qui permet d'interroger le devenir de l'homme face à la maladie et à la mort ensuite l'épidémie représentée comme une catastrophe apocalyptique.
A) Etude de cas : vieillir et mourir dans le cinéma de Sf
La Sf et son cinéma ont interrogé la vieillesse du futur essentiellement au travers de 2 biais : la place des « vieux » dans les sociétés décrites et la longévité humaine à l'aune des technologies disponibles. A coté d'une vision archi-classique de la vieillesse-sagesse le cinéma de Sf offre une sombre vision d'une vieillesse dévalorisée, évitée voire interdite(7). Quelques films s'interrogent aussi sur la suspension du vieillissement et la recherche de l'éternité.
1- La vieillesse-sagesse
C'est une association vieille comme l'humanité que la science-fiction a recyclé à souhait particulièrement dans les films qui empruntent largement aux mythes universels comme dans la saga Star Wars où Maître Yoda, agé de 800 ans, apparaît dans 6 des 9 films de la saga (épisodes I, II et III de la prélogie ; épisodes V et VI de la première trilogie ; apparition fantomatique dans l'épisode VIII) ; dans Star Trek Into Darkness (JJ Abrams, 2013) monsieur Spock, apparaît en vieillard (l'ambassadeur Spock, Léonard Nimoy) pour dispenser ses conseils à son alter égo plus jeune (Zachary Quinto).
(8) L'espérance de vie en France est passée, sexes confondus, de 48 ans en 1900 à 79 ans en 2000 et près de 83 aujourd'hui).
Pour avoir un panorama des questionnements sur ce sujet se reporter à ALLOUCHE, Sylvie. Que signifiera vieillir dans le futur ? Conférence pour le CDCS (17 novembre 2014) : VOIR.
(6) Cette typologie se trouve dans l'ouvrage de Louis-Vincent Thomas Civilisations et divagations. Mort, fantasmes, science-fiction, Payot, 1979.
L'ambassadeur Spock et le jeune Spock (StartTrek Into Darkness
On ne compte plus les films de Sf dans lesquels le pouvoir politique est entre les mains d' « anciens ». Par exemple l'actrice Glenn Close a incarné la sage Nova Prime Irani Rael, chef des Cohortes de Nova dans Les Gardiens de la Galaxie (James Gunn, 2014) puis a enchaîné avec le rôle de Nicolette Cayman, cheffe du Bureau d'Allocation des Naissances et sombre initiatrice d'un programme d'eugénisme de masse dans Seven Sisters (Tommy Wirkola, 2017).
Dans une veine proche nous trouvons des films mettant en scène des « vieux » sauvant le monde comme l'équipe de sexagénaires voire septuagénaires de Space Cowboy (Clint Eastwood, 2000).
Glenn Close, Nova Prime Irani Rael ou Nicolette Cayman
Les cowboys de l'espace et l'âge des acteurs à la sortie du film (2000) : James Garner (72 ans) - Clint Eastwood (70 ans) - Tommy Lee Jones (54 ans) - Donald Sutherland (65 ans)
2- La vieillesse dévalorisée, évitée voire interdite
En 1973 Richard Fleischer adapte, sous le titre Soleil Vert, le roman Make Room ! d'Harry Harrisson (1966). Outre les thématiques environnementales, le film (à la suite du roman) se veut une réflexion sur la vieillesse. Sol (Edward G. Robinson, dont il s'agit là du dernier rôle avant sa mort à l'âge de 80 ans) est l'un des rares New-Yorkais de 2022 à se souvenir de « la vie d'avant ». Il incarne une sorte de sage, un des rares à même de lire des livres (qui donnent la clef de l'énigme policière). Mais ce vieillard sage n'a pas sa place dans cette société dystopique et Sol ira, consentant, au Foyer pour y subir une euthanasie qui restera la scène-clef du film :
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Sol (Adwrad J. Robinson) au Foyer
Avec Soleil Vert, c’est la représentation d’une vieillesse qui s'auto-élimine (l'euthanasie est consentie, voire désirée) car elle n'a plus sa place dans la société : Make Room ! Make Room !... faites de la place !. C'est encore plus explicite dans L’Âge de cristal (Michael Anderson, 1976) dans lequel la vie humaine est limitée à 30 ans. Ces 2 films sont le reflet d'une époque qui s'interroge sur une éventuelle surpopulation mondiale (parution du livre La bombe P de Paul R. Ehrlich en 1968 ). Plus tard, dans Time Out (Andrew Niccol, 2011) l'humanité ayant trouvé le moyen de stopper le vieillissement c'est le temps de vie qui est devenu LA monnaie universelle.
3- La vieillesse suspendue
La Sf a souvent mis en scène l'immortalité et donc la négation de la mort. Mais ce qui nous intéresse pour l'heure est plutôt de savoir comment des films de Sf ont interrogé les effets et les conséquences de l'allongement de la durée de la vie surtout sous l'angle de l'espérance de vie en bonne santé(8).
D'abord l'allongement de la durée de la vie apparaît en filigrane dans nombre de films. Ainsi dans Interstellar (Christopher Nolan, 2004) le professeur Brand (Michael Cain) et Murphy Cooper (Jessica Chastain / Ellen Burstyn) meurent en ayant largement dépassés le cap des cent ans. Ensuite les différentes techniques pour allonger la vie ont été mises en scène, mais elles se focalisent surtout sur le désir d'abolir la mort et le temps :
4- La vieillesse vaincue : vie et jeunesse éternelle
En 2009 Jaco Van Dormael fait se rencontrer un monde d'êtres éternellement jeunes (grâce aux biotechnologies, dont la télomérase, l'enzyme de l'immortalité) et Mister Nobody à l'article de sa mort, à l'âge de 118 ans. Nemo Nobody (Jared Leto) incarne l'humanité toute entière dont il devient de récitant, au travers des multiples vies, possibles et impossibles qu'il a vécu. Dans une veine différente, en renouvelant le mythe de la fontaine de jouvence, Ron Howard dans Cocoon (1985) met ses héros face au dilemme : accepter la mort inéluctable ou choisir la vie éternelle... et extraterrestre. Dans les 2 cas (laissons planer le suspens) ce sera un départ sans retour, comme une allégorie de la mort.
La réflexion du cinéma de Sf sur l'immortalité touche à 3 domaines :
Conclusion
Le thème du vieillissement dépasse largement le cadre de la médecine et de la technologie. En interrogeant la place des 'vieux' dans la société le cinéma de Sf n'est pas tellement innovant ; il se concentre surtout sur des questions métaphysiques ; vaincre la mort, devenir une divinité ou bien transformer la nature de l'humanité. Quel programme !
(9) Selon les auteurs l'immortalité sera atteinte en 3 étapes : à la phase des traitements anti-vieillissement succédera la révolution biotechnologique pour aboutir aux nanotechnologies et l'IA, garantes de la reconstruction permanente de l'individu.
2- L'angoisse du virus
Dans Life, origine inconnue (Daniel Espinosa, 2017) une sonde rapporte de Mars des échantillons de vie extraterrestre sur l'ISS (la station spatiale internationale). Baptisé Calvin, cet échantillon devient un organisme hostile à toute vie, humaine incluse. C'est un bel exemple où l'Histoire est recyclée puisqu'avec l'irruption destructrice de cet organisme le film reprend, concentre et démultiplie le fameux choc microbien causé par la découverte puis la conquête des Amériques à la fin du XV° siècle.
Le virus est un bon client pour la fiction cinématographique parce qu'il :
Les films de Sf projettent 2 destins pour l'humanité infectée :
B) Catastrophes virales
Introduction
En ces temps de pandémie de la Covid-19 on peut se demander ce que la science-fiction et son cinéma ont à nous dire lorsqu'ils confrontent l'humanité à l'infiniment petit du virus et de la bactérie ?
1- Quand la Sf s'empare de l'histoire
Lorsque Richard Matheson écrit en 1954 Je suis une légende, il n'est pas, loin de là, le premier à imaginer une fin du monde par le virus. Mary Shelley avait écrit, 8 ans après Frankenstein, Le Dernier Homme qui décrit une pandémie mondiale au XXIe siècle (siècle marqué par l'imaginaire de la peste et du choléra). Les films de zombies et les apocalypses virales du cinéma puisent leurs racines dans ces œuvres, sachant que ce qui est en jeu est la fin de l'humanité, mais pas la fin de la vie : l'homme est une espèce vivante comme les autres, sa fin n'étant pas la fin de la vie !
Une autre source pour le cinéma de Sf est la guerre bactériologique dont La guerre des mondes de HG Wells, 20 ans avant les horreurs biochimiques de la 1ère guerre mondiale (1897), est l'archétype.
Enfin, les grandes pandémies de l'histoire (Peste Noire de 1348 ou grippe espagnole de 1918) deviennent des moyens de parler des horreurs (politiques, sociales, technologiques, etc.) contemporaines (Albert Camus avec La Peste en 1947 par exemple). Plus récemment les pandémies de grippe asiatique (1957-1958), de grippe de Hong-Kong (1968-1969), le SIDA (années 80...), le SRAS (2003), la grippe H1N1 (2009) ou Ebola (2014-2015) ont réactivé le thème dans le cinéma de Sf.
3- Un cinéma de Sf qui a anticipé la Covid ?
A bien y regarder la Sf a-t-elle anticipé la pandémie du COVID-19 ? En effet l'actuelle pandémie bouleverse le fonctionnement des sociétés contemporaines en posant la question des priorités dans une société (est-ce l'activité économique, le travail, la santé, la sécurité, la liberté, etc.), la question de l'interdépendance mondialisée ; la question de l'équilibre sociétal (ségrégation accrue, survivalisme individuel, réponses collectives, et.) ; la question de l'information (mensonges des régimes autoritaires, fake news, complotisme...) ; etc.
En littérature des œuvres telles L'année du Lion de Deon Meyer (2017)(10) avaient bien décrit ces phénomènes. Dans le domaine de l'anticipation ou peut citer Le Fléau de Stephen King (1978) et surtout le film Contagion de Steven Soderbergh (2011) qui avait anticipé la pandémie. Mais, globalement, le cinéma de science-fiction s'est avant tout attaché à décrire le monde post-catastrophe virale et non les chocs progressifs et les transformations en cours. On peut penser que la pandémie actuelle va l'inspirer à l'image de Songbird d'Adam Mason dans lequel le monde est confiné depuis 4 ans et on en est au Covid-23 (sorti en VOD seulement).
La bande-annonce de Songbird
C) L'homme modifié ?
Introduction
Pour terminer ce tour d'horizon santé et médecine on ne pouvait ignorer ce que le cinéma de Sf dit de l'homme et de sa nature profonde tel qu'il le projette dans le futur. On l'a vu dans les parties précédentes, la médecine de l'avenir va modifier le corps et l'esprit au point que le débat sur le transhumanisme et/ou la posthumanité est engagé.
1- La santé éternelle ?
Les partisans du transhumanisme, très présents aux Etats-Unis, espèrent allonger la vie humaine, jusqu’à 500 ans... et bientôt vaincre la mort ? La Sf, comme c'est, d'une certaine façon, son rôle, a porté en les amplifiant les débats autour de la longavité, de l'amortalité (terme employé par les tenants du transhumanisme) et de l'immortalité. En synthétisant les parties précédentes de cet article, quatre questions fondamentales ont émergé :
En simplifiant on peut caractériser 3 types d'interlocuteurs dans ce débat :
2- La Sf et le transhumanisme, des liens étroits ?
Le cinéma de Sf, en s'emparant des éléments du débat autour du transhumanisme, l'a fait d'abord par la dystopie dans les années 80-90, puis sa réflexion est devenue plus complexe. Mais si l'hybridation homme/machine semble presque admise (avec toutes les limites et précautions requises) l'atteinte au vivant que représente les biotechnologies (modification du génome, clonage, etc.) reste un sujet délicat et globalement stigmatisé.
Dans sa thèse Mehdi Achouche(11) a étudié le « contenu » posthumaniste de quelques films, dont Avatar (James Cameron, 2009) et Matrix (Lana et Lily Wachowski, 1999) : il constate que l'opposition technophile/technophobe est inopérante et que l'augmentation/amélioration de l'être humain est admise à condition qu'il en garde le contrôle par la prééminence de la part humaine sur la part artificielle et que pluralisme et liberté soient préservés. Ces films sont influencés par l'imaginaire cyberpunk et transhumaniste. Ainsi le combat des héros trans-humains (Néo ou Sully) est une libération face à une utilisation oppressive (le monde des machines) ou mercantile (la société RDA) de la science et de la technologie. C'est par la science et la technologie que Sully devient un Omaticaya et que Néo se libère de la Matrice pour évoluer vers le surhomme. De même ces films relèvent de la contre-utopie (voire contre-culture) par construction, à l'opposé des mondes initiaux, hyper-urbanisés, technologisés et dégradés, des « cités idéales » que sont Pandora et Zion.
Si le transhumaniste est un courant de pensée, il est également un imaginaire socio-technique qui nourrit la Sf autant que la Sf se nourrit de lui. On remarque que :
Conclusion
Les films de science-fiction ont inspiré une vision du posthumain, ou du moins de l'homme augmenté/amélioré, très inspirante mais porteuse de malentendus. Voici comment Nathanaël Jarrassé, spécialiste des interractions homme/machine au CNRS, résume ce malentendus en parlant des prothèses : « On explique rarement qu'un exosquelette, même dans un film de science fiction, et bien le héros a dû passer des années à s'entrainer pour bien l'utiliser. Et donc les patients arrivant avec des espoirs d'instantanéité assez grands peuvent être surpris, déçus, et voire rejeter ces technologies là quand ils apprennent les sacrifices à faire pour s'en servir ».(14)
Conclusion générale
Le cinéma de science-fiction, quelque soit le thème abordé, montre quelle médecine et quelle santé nous aurons ou nous pourrions avoir. On le sait, la Sf anticipe et amplifie les évolutions en cours actuellement... et encore une fois les visions sombres dominent, surtout quand il est question de génétique. En effet le thème de la santé touche intimement à la nature humaine que les médecins et scientifiques de demain vont remettre en cause, essentiellement par la technologie.
(13) Susan Sontag, The Imagination of Disaster, 1965.
Dominique Lecourt, Humain/posthumain, Paris, Presses universitaires de France, 2003.
Neil Badmington, Posthumanism, 2000.
(12) Sylvie Catellin, Le recours à la science-fiction dans le débat public sur les nanotechnologies : anticipation et prospective, Quaderni, n°61, 2006 . VOIR.
(11) ACHOUCHE, Mehdi. L’Utopisme technologique dans la science-fiction hollywoodienne, 1982-2010 : tran-shumanisme, posthumanité et le rêve de ”l’homme-machine. Thèse de doctorat, Université de Grenoble, 2011. Sur HAL.
(14) In Arte, Corps augmenté, jusqu'où peut-on aller ?" Janvier 2019. VOIR.