(2) Les indices : Stan Lee et Jack Kirby étaient juifs ; Magnéto (dans X-Men le commencement) est un jeune enfant juif interné dans un camp de concentration où sa famille est exterminée (sont sorties récemment sur ce thème 5 albums de Bd « Magneto, le testament » de Greg Pak et Carmine Di Giandomenico) ; ou encore la judaïté – et l'homosexualité – de Bryan Singer.
(3) La découverte de la structure de l'ADN - la fameuse double hélice - par Crick et Watson en 1953 a lancé la Sf sur la voie de la génétique. En savoir plus.
(5) Pour moi : Edward aux mains d'argent de Tim Burton (1991), Freaks de Tod Browning (1932) et Elephant Man de David Lynch (1981).
Le 1er volet des X-Men, 1/0/1963
(6) Rappelons que le cyborg : (de l'anglais « cybernetic organism ») est, le plus souvent, un être humain ayant reçu des greffes de parties mécaniques ou électroniques. En savoir plus.
(7) Dans les années 70 les frères Jacquard ont démocratisé la prothèse de jambe et dès le début des années 80 naît l'ONG Handicap International.
(8) Commandité par la National Science Foundation et le département du commerce américains, ce rapport synthétise la convergence des Nanotechnologies, des Biotechnologies, des technologies de l’Information et des sciences Cognitives pour transformer l’humanité. Il date de 2002. En anglais.
(9) Voire par exemple le cas de Donna Haraway aux Etats-Unis pour qui la technologie est un outil de libération des femmes et des minorités. Lire son Manifeste Cyborg de 1985.
(10) Bien sûr, les firmes du biocapitalisme (Johnson & Johnson ; Pfizer ; Roche ; etc...) mais aussi les gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) et les batx (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi).
(11) ACHOUCHE, Mehdi. L’Utopisme technologique dans la science-fiction hollywoodienne, 1982-2010 : tran-shumanisme, posthumanité et le rêve de ”l’homme-machine”. Thèse de doctorat, Université de Grenoble, 2011. Sur HAL.
-Lorsque la SF aborde le thème de l'Autre elle traite, en fait, de l'homme lui-même : les spécificités de l'espèce humaine, les questions de communication et d'incommunication, les rapports au divin, etc. Les descriptions de l'Autre dressent, de fait, en négatif, un portrait de l'homme dans ses rapports à l'étranger. Bien avant la naissance proprement dite de la SF et son âge classique les récits mythologiques et littéraires avaient abordé le sujet : Prométhée le voleur de feu chez Esiode ou Eschyle ; Micromégas, le géant Sirien de Voltaire (1752) ; l'andreide (sic!) de L'Eve future de Villiers de L'Isle-Adam (1886) ; le Golem de l'écrivain Gustav Meyrink en (1915) ; etc.
L'Autre dans la science-fiction c'est d'abord l'extraterrestre, ce grand révélateur de nous même, de nos craintes, de nos peurs, de nos espoirs aussi. Au cinéma cela débute par les Sélénites de Georges Mélies (Le voyage dans la Lune, 1904), les premiers d'une longue série d'extraterrestres mythiques... L'Autre peut aussi être le produit de l'évolution (du moins une évolution fantasmée), soit des formes de vie terrestres soit de l'homme lui-même, devenant plus qu'humain (Les plus qu'humains très beau roman de Théodore Sturgeon, 1953), le plus souvent par la science ou par accident. L'Autre enfin c'est la Machine qui place l'homme devant sa création et pose les questions de la relation au divin et de la définition et des limites de l'humanité.
Dans tous les cas aborder l'Autre permet d'interroger l'homme et les société dans leurs réactions devant la différence : ouverture et tolérance ou fermeture, hostilité et crainte ? Au fond, l’Autre est-il une menace ou un apport ?
Devant l'ampleur de la tâche et l'abondance des sources et des références nous traiterons ce sujet en 4 articles successifs :
« Si vous ne pouvez pas battre la machine, le mieux est d’en devenir une. »
Elon Musk, 13 février 2017, World Government Summit de Dubai.
« Omnia mutantur, nihil interit (tout change, rien ne meurt). »
Ovide, Les métamorphoses, 1er siècle.
« Un choix ontologique majeur, de la même teneur que le passage du paléolithique au néolithique. »
Dominique Lestel, philosophe.
Après avoir étudié les rapports de l'homme à l'extraterrestre et à la machine cet article aborde le face à face entre l'homme... et lui-même. Dans 2001, l'odyssée de l'espace (1968) Stanley Kubrik et Arthur C. Clarke établissent une filiation entre l'homme-singe de l'aube de l'humanité, l'astronaute Bowman en route pour Jupiter et l'enfant des étoiles de la dernière séquence. Ils posent ainsi la question de l'évolution et du futur de l'espèce humaine, sujets de prédilection de la science-fiction et de son cinéma.
Cette évolution est envisagée sous 4 angles. Le premier, la machine pour succéder à l'homme a déjà été évoqué, restent 3 approches (qui formeront nos 3 parties) :
Au grè des recherches et lectures faites pour cet article une évidence est apparue : que voilà un sujet riche (une masse impressionnante de sources) et oh combien « casse-gueule » ! Le sujet est complexe à appréhender, la polémique n'est jamais bien loin et l'équilibre difficile à atteindre. Alors en route pour un voyage à (relativement) hauts risques !
Lexique
Selon la Wikipedia...
Au cinéma, le mutant est un vecteur très commode pour interroger nos rapports à l'Autre. Dans l'imaginaire cinématographique la mutation, souvent issue d'un accident, d'un hasard ou d'une manipulation, est souvent régressive ; elle nous entraine dans le film de monstres voire le genre zombis et morts-vivant (nous aborderons ce thème dans un prochain article). Pour le moment analysons les facettes de cette interrogation existentielle : le mutant est-il une évolution de l'homme ou bien une nouvelle espèce ?
A- Etude de cas : les X-Men
Créée en 1963, l'équipe des X-Men connaîtra 3 vies : durant 7 années sous la houlette de Stan Lee et Jack Kirby ; puis la publication sera relancée par les scénaristes Len Wein et Chris Claremont, et les dessinateurs Dave Cockrum et John Byrne. La 3° vie s'ouvre au cinéma à partir de 2000, sous la houlette de Bryan Singer, pour donner une des séries de films la plus étoffée de l'univers Marvel.
1) Une histoire de gène
Un gène mutant (le gène X) confère à certains individus, bien que nés pour la plupart de parents « normaux » des capacités spéciales. Au début ils sont 5 jeunes mutants guidés par le professeur Charles Xavier : Angel, Cyclope, Le Fauve, Iceberg et Strange Girl.
Toute l'histoire est alors celle des relations entre lesdits mutants et le reste de l'humanité. Sur fond de discriminations 2 thèses extrêmes s'affrontent : pour Magnéto, les mutants sont le stade supérieur de l'évolution, destinés à remplacer l'homo sapiens. Pour certains décideurs humains ils sont des monstruosités à contrôler, parquer voire éradiquer car elles menacent l'espèce humaine.
2) Normes et écarts
En fait les X-Men questionnent la norme sociale et l'écart à celle-ci(1). D'abord dans l'origine de la mutation, très très éloignée de Darwin ! De façon générale cette mutation se révèle à la puberté, l'âge où s'élabore une 1ère prise de conscience politique ; elle est, le plus souvent, douloureuse car le pouvoir n'est pas maîtrisé : ainsi par sa genèse même le mutant est porteur de peur et d'angoisse. Ce questionnement est pleinement métaphorique, et ce sur de nombreux plans :
3) Un combat résolument politique
Le combat des X-Men, qu'ils soient des « gentils » ou des « méchants », est également politique. Charles Xavier incarne la voie réformatrice et modérée (il veut créer une sorte de « contrat social » entre humains et mutants) face à une vision radicale de la lutte portée par Eric Lehnsheer/Magnéto (une vision pessimiste fondée sur l'analyse de l'histoire : l'Autre est et sera toujours ostracisé). Replacé dans le contexte des années 60 c'est une transposition des 2 conceptions du combat pour les droits civiques opposant Martin Luther King et Malcolm Little / Malcom X. Si la sympathie du spectateur va d'emblée vers les mutants emmenés par Charles Xavier on peut noter que la perception donnée du camp radical est plus nuancée : Magnéto et Mistic évoluent, au grès des films, d'anti-héros à héros (c'est très perceptible dans Dark Phoenix de Simon Kinberg en 2019).
Par contre sont clairement catalogués dans le camp des anti-héros les tenants de l'éradication des mutants, que cela soit le sénateur Kelly, le général Stryker ou encore le magnat Warren Worthington. Ils incarnent un pouvoir qui veut contrôler la population mutante par le fichage, ou la guérir par une sorte de vaccin (cf. X-Men 2), voire même l'éradiquer (dans Days of Futur Past de Bryan Singer, sorti 2014, l'outil de leur élimination sont les sentinelles, robots géants anti-mutants).
Pour certains auteurs il y aurait également un paralléle à faire avec l'antisémitisme : les X-Men pourraient être les juifs d'un monde antisémite ?(2)
Conclusion : un hymne à la tolérance ?
Sur le blog Films pour enfant, la fiche de description du volet 4 des X-Men, le commencement met largement l'accent sur le caractère hautement moral du film qui véhicule une valeur forte, la tolérance. En effet chacun pourra voir dans la situation des mutants face aux humains « normaux » un sous-texte évocateur d'une forme de discrimination ou de ségrégation : homosexualité, minorité raciale, handicaps, etc.
Mais le message doit être nuancé car la série de films, si elle défend les positions de tolérance, envisage le combat contre les discriminations du point de vue de Charles Xavier, par la discussion, la conviction, bref la voie réformiste. La radicalité de Magnéto est rejetée voire caricaturée, en particulier par une mégalomanie quelque peu grotesque par moment ! Entre réforme et révolution le choix est fait !
Filmographie
Voici les films de la série, sans les séries dérivées Deadpool et Wolverine...
B- Frontières et normes
Les films de mutants (super-héros ou pas) interrogent l'humanité, les sciences et les normes sociales.
1) Limites et frontières de l'humanité
La mutation est une transformation qui affecterait l'humanité au point de lui en faire perdre son essence même : ce serait une forme d'apocalypse dans laquelle la destruction de l'environnement humain (collision de météore, invasion extraterrestre...) serait remplacée par la destruction de l'identité humaine. La plupart du temps le mutant représente un danger qui menace et, plus rarement, un sauveur. Le mutant devient alors un Autre, un rival, un concurrent. Le cas de Bruce Banner / Hulk donne une dimension schizophrénique à cette lutte entre l'humain et l'Autre. Dans District 9 Neil Blomkamp fait passer le personnage de Wikus Van der Merxwe (Sharito Copley), après sa contamination, par les 3 stades du rapport classique à l'Autre : le rejet xénophobe puis l'acceptation de la différence pour finir par la défense de l'altérité. Mais la mutation est également montrée comme un nouvel élan : les mutants seraient, d'un certaine façon plus humains que les humains (c'est bien le cas des X-Men).
Par contre le cinéma de mutants balaye allègrement (et de façon assumée) la science (pour notre plus grand bonheur d'ailleurs !) :
Enfin cette interrogation sur les frontières de l'humanité par la mutation tourne rapidement court car la plupart du temps le mutant est un individu ou, à la rigueur, un petit groupe d'individus... mais est-il, au moins potentiellement, une espèce ? En d'autres termes : un individu suffit-il pour faire naître une espèce nouvelle ?
2) Dérives et errances scientifiques
La Sf et son cinéma sont, par bien des cotés, des sortes de lanceurs d'alertes sur les dérives possibles et/ou supposées des sciences. Dans le cas des mutants nous pouvous mettre en évidence 2 thématiques :
3) De la norme sociale et de l'écart à la norme
Le mutant inquiète car s'il est un écart à la norme sociale, il nous est aussi très familier : un être humain (mon voisin, mon collègue, etc.) « différent »(4). Le mutant métaphorise la question : "est-ce à l'écart de rejoindre la norme ou à la norme de se plier à l'écart" (Marc Atallah) ?
On constate que la plupart du temps les mutants sont des jeunes gens qui s'interrogent sur leur être et leur devenir. Questions classiques de l'adolescence que la mutation permet de cristalliser à l'image de Peter Parker (franchise Spider-Man) ou des jeunes surdoués de la Xavier's Hight School (franchise X-Men),
Nous l'avons vu avec les X-Men : il est possible de métaphoriser toutes les formes de différences et de ségrégation avec les histoire de mutants et de mutations, mais force est de constater qu'à part les films de super-héros, la Sf peine à s'emparer de ce thème, laissant, me semble-t-il, au cinéma classique ou fantastique les plus belles pépites(5). Par contre le mutant devenu monstrueux, voire tueur, a été abondament développé (sera traité dans l'article suivant).
Conclusion
Le mutant et la mutation sont des thèmes anciens et populaires de la Sf et de son cinéma... mais force est de constater que c'est, peut-être, le thème le plus éloigné de toute réalité scientifique, bien plus encore que celui de l'exploration spatiale. Quand on voit ce que la biologie moléculaire est actuellement capable de faire (par exemple avec le fameux « ciseaux moléculaire » CRISPR-Cas9) on se dit que le temps de Tornade, Magnéto et autre Cyclope est encore bien bien loin.
Le mutant annonce peut-être la relève de l’humain, mais une chose est sûre, il est déjà lui-même « posthumain ».
Si l'on poursuit la lecture de l'article de la Wikipédia consacré au posthumanisme on lit que selon les thèses de ses défenseurs, « la science modifie la condition humaine au point que l'humanité serait à un tournant radical de son histoire voire à la fin de son histoire [...] l'espèce humaine perdant son privilège au profit d'individus inédits, façonnés par les technologies ». Quel serait donc cet individu ?
A- Etude de cas : la figure du cyborg
Avec les années 1980 et le cyberpunk, le cyborg devient un personnage phare de la Sf et de son cinéma. Cet hybrides homme-machine, pose une hypothèse sur l’évolution humaine en l’associant à la technique et à ses possibilités prothétiques. Au cinéma le cyborg va prendre les apparences, devenues quasiment emblématiques, du policier Alex Murphy (Peter Weller) dans Robocop de Paul Verhoeven, sorti en 1987 et du T800 (Arnold Schwartzenegger), le Terminator du film de James Cameron sorti en 1984.
(12) Sylvie Catellin, « Le recours à la science-fiction dans le débat public sur les nanotechnologies : anticipation et prospective », Quaderni, n°61, 2006 . VOIR.
(13) Susan Sontag, The Imagination of Disaster, 1965.
Dominique Lecourt, Humain/posthumain, Paris, Presses universitaires de France, 2003.
Neil Badmington, Posthumanism, 2000.
(14) In Arte, Corps augmenté, jusqu'où peut-on aller ?" Janvier 2019. VOIR.
(15) Se reporter à l'article du Monde : Le Batman de Christopher Nolan est-il de gauche ou de droite ?
(16) Friedrich Nietzsche écrit, dans le gai savoir « Dieu est mort. Dieu reste mort. C'est nous qui l'avons tué. »
(17) Se reporter aux écrits de Paul Zehr, Becoming Batman: The Possibility of a Superhero et Inventing Iron Man:The Possibility of a Human Machine. Johns Hopkins University Press, 2008 et 201.
(18) Pour en savoir plus lire : Elie Yazbek, Le super-héros à l'écran, mutations, transformations, évolutions. Ôrizons Cinématographiques. 2017... dont on peut avoir un avant goût ICI.
(19) Antoine Engels, article du Huffington Post, 2019. VOIR.
(20) On lira une interview de l'auteur sur le blog Comics have the power. ICI.
1) Une figure populaire
Le Cyborg est certainement la figure la plus connue du post-humain(6). Ce personnage apparaît dans un corpus riche dont certains sont devenus des franchises lucratives :
Même s'il ne s'agit ni du 1er ni d'une œuvre de cinéma le cyborg a, pour moi, un précurseur, Steve Austin (Lee Majors), L'homme qui valait 3 milliards, dont les deux jambes, le bras droit et l'œil gauche ont été remplacés par des implants bioniques.
Les années 70 sont, en tout cas à la télévision, une période où le progrès scientifique, en l’occurrence ici la prothétisation(7), est perçu plutôt favorablement et donne naissance à des héros positifs (comme l'était déjà, en 1966, Garth A7, interprété par Michaël Rennie, le cyborg venu du futur dans Cyborg 2087 de Franklin Adreon).
Avec Robocop nous sommes loin, très loin, de Steve Austin. Le rapport homme/machine prend une dimension ontologique : de l'homme brisé et sacrifié on passe au cyborg surhumain puis à l'être hybride tourmenté entre son enveloppe artificielle et sa conscience humaine pour s'achever sur la réhumanisation (« Je m'appelle Murphy »).
En 1995 dans Ghost in the Shell, Mamoru Oshii (à la suite de Masamune Shiro en 1989 et avant Ruppert Sanders en 2017) le Major est une arme programmée traquant le Marionettiste, un cybercriminel... qui, paradoxalement, l'aidera à retrouver sa part humaine.
La figure du cyborg permet d'interroger les frontières homme / machine. Le plus souvent cette dualité est de nature schizophrénique et fonctionne comme un combat : c'est la part humaine de Murphy (Peter Weller) qui triomphe dans Robocop ; ce sont les réminiscences de son passé humain qui pousse Luc Devereaux (Jean-Claude Van Damme) à s'opposer à Andrew Scott (Dolph Lundgren) dans Universal Soldier (Roland Emmerich, 1992); rien n'arrète le Major Mira Killian pour retrouver ce qu'elle fut autrefois, Motoko Kusanagi (Ghost in the shell). Dans ce combat la chaire et le sang triomphe toujours du synthétique !
2) Le bon et le mauvais cyborg
Prenons le cas des prothèses et de l'exosquelette, objets/sujets très populaires au cinéma qui les utilise pour donner une dimension surhumaine à celui qui l'utilise : quelle rôle joue la prothèse dans la représentation morale (bien/mal) du héros ?
En fait la prothèse mécanique (surtout de type exosquelette) donne une dimension surhumaine à celui qui l'utilise mais ce sera le contexte d'utilisation qui en déterminera la dimension morale. Prenons 2 exemples :
L'homme qui valait 3 milliards (le générique en Vf).
GENERALITES
ANDREVON, Jean-Pierre. 100 ans de cinéma fantastique et de SF. NED 2013.
CAMERON, James. Histoire de la science-fiction. Mana Book. 2019.
DUFOUR, Eric. Le cinéma de science-fiction. Armand Colin, 2011.
VIEVARD, Ludovic. Dix imaginaires des sciences. DPDP Grand Lyon, juin 2012. 2 chapitres en particulier : Mutations et Surhomme et sous-homme. VOIR.
Colloque « De la SF à la réalité », Centre d'analyse Stratégique, 2012. VOIR.
MUTANTS ET MUTATIONS (sur le Web)
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FERRY, Luc. La Révolution transhumaniste. Plon. 2016.
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TRANSHUMANISME (sur le Web)
L'article post-humanisme. VOIR.
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Le site Technoprog de l'association française transhumaniste : VOIR.
Le site de Ray KURSWEILl. VOIR. Et le documentaire (teaser). VOIR.
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On lira surtout : LARSKI, Henri. Steve Austin, Jaime Sommers, premier « couple bionique », Quand la prothétisation permet aux héros de séries télévisées de devenir des superhéros « scientifiques ». PELISSIER, Clément. Quand la prothèse et la machine sont au service de la Justice : Batman, chauve-souris augmentée. SANDEAU, Jules. Promesses et périls de la cyborgisation masculine dans la trilogie Iron Man.
GROLLEAU, Frédéric sur son blog propose une synthèse d'articles sur la série de films Matrix. VOIR.
LALANNE, Jean-Marc. Ghost in the shell : un remake à la beauté étrange. Critique dans les Inroks. VOIR.
LEPASTIER, Samuel. La science-fiction, matrice de l’homme augmenté. Séminaire "Le corps augmenté et ses symptômes". ISCS, 2016. VOIR.
NOEL, Valentin. L’Evangile selon Saint Paul ; A propos de Robocop. VOIR.
RIVET, Alexandre. Cinéma. L’humanité face au transhumanisme et à l’intelligence artificielle. Sur le blog Breizh.info. VOIR.
TELLO, Carlos. Images du posthumain. Un cinéma posthumaniste. Sur le blog Fabula. VOIR.
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Le transhumanisme dans le cinéma de SF. Sur le blog Celsalab. VOIR.
Transhumanisme et cinéma. Sur le blog Bisogna Morire. VOIR.
Les multiples visages du posthumanisme au cinéma. Sur le blog Usbek&Rica. VOIR.
Le blog Transhumanisme et Cinéma. VOIR.
Transcendance, le trashumanisme pour les nuls. Sur le blog Cosmo-Orbus. VOIR.
Un cours de philosophie qui s'appuie sur le film Transcendance. VOIR.
Transcendance » : science-fiction ou légère anticipation ? Sur le blog Ecologie humaine. VOIR.
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BLANC, William. Super-héros, une histoire politique. Libertalia, 2018.
DELCROIX, Olivier. Les super-héros au cinéma. Hoëbeke, 2012.
HAVER, Gianni et FOREST, Claude (dir). Du héros aux super héros : mutations cinématographiques, « Du papier au pixel ». Collection Théorème, Presses Sorbonne nouvelle, Paris, 2009. Lire une partie.
LEBEL, Genevieve. La représentation féminine au sein du genre de suoer-héros américain au XXI° siècle. Mémoire Uqam. 2016. VOIR.
O'HARA, Helen. Les super-héros du cinéma. L'Imprévu, juin 2020.
YAZBEK, Elie. Le super-héros à l'écran, mutations, transformations, évolutions. Ôrizons Cinématographiques. 2017.
SURHOMME ET SUPER-HEROS (sur le Web)
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Iron Man : VOIR.
Spider-Man : VOIR.
Superman. VOIR.
Wonder Woman : VOIR.
AUBRUN, Frédéric. Le super-héros : une figure héroïque transcendée. U Lyon III. 2018. VOIR.
DENAT, Céline. Interview pour l'émission d'Adèle Van-Reet, Les chemins de la philosophie, Tous des héros ? Épisode 4 : Le surhomme de Nietzsche est-il un héros ? ECOUTER.
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SNYDER, Zack. 75 ans de Superman. Vidéo-hommage. REGARDER.
THIRI, Maxime. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités : à propos du potentiel iconique de Spider-Man et de ses enjeux esthétiques. Communication pour le colloque Les super-héros dans le cinéma hollywoodien contemporain : innovations esthétiques et transmédialités (VALMARY, Hélène dir.). Mi 2019. VOIR.
Colloque Les super-héros dans le cinéma hollywoodien contemporain : innovations esthétiques et transmédialités (VALMARY, Hélène dir.). Mi 2019. VOIR l'annonce / VOIR l'affiche / VOIR l'appel à contribution.
Sur le blog la-philosophie.com. Nietzsche et le surhomme. VOIR.
Superhéros : des pouvoirs… atomiques ! in RGN, revue sur l'émergie nucléaire (01/05/2015). VOIR.
Le super-héros, métaphore d’une faiblesse tout à fait humaine. Uniscope, n°592, 2014. VOIR.
Doit-on considérer les super-héros comme une mythologie contemporaine ? Sur le blog Hitek.fr. VOIR.
FILMOGRAPHIES
Senscritique : 99 films.
Senscritique : 54 films (génétique au cinéma)
Senscritique : 173 films.
Vodkaster : 39 films.
Cinétrafic : 325 films.
Allociné : 83 films.
Senscritique : 15 films.
Cinétrafic : 40 films.
Sencritique : 76 films
Cinémur : 20 films.
Senscritique : 50 films.
Allociné : 100 films.
Allociné : 25 films.
Cinétrafic : 40 films.
3) Le cyborg, figure de la contestation
Le cyborg est souvent mis en scène comme symbole de la contestation de certaines pratiques scientifiques ainsi que du pouvoir, tant économique, militaire que politique. Exemples :
Conclusion
Ainsi la prothèse qui fait d'un humain un cyborg est finalement neutre : le discours technophile / technophobe est difficile à appréhender. Ce qui opère le classement moral est l'usage qui en est fait. Cette idée est défendue de façon intéressante dans I, Robot (Alex Proyas, 2004) puisque Del Spooner, lors de l'épilogue, semble revenir de sa technophobe initiale à la fois en observant différemment sa main artificielle puis en serrant (de sa main biologique) la main (robotique) de Sonny.
Ripley contre la reine Alien.
B- Transhumanisme, post-humanisme, état des lieux
1) Un débat clivé et clivant
Le rapport NBIC(8) soulignait que : « L'amélioration des performances humaines devient possible par l'intégration des technologie ». Il fut salué avec enthousiasme par les tenants du transhumanisme et du post-humanisme car, comme le souligne le philosophe Dominique Lestel, « l’homme est effectivement au bord d’une révolution ontologique car, pour la première fois de son histoire, il va pouvoir se transformer par des mutations voulues... ce qui a de quoi effrayer ou enthousiasmer... en tout cas susciter le débat ».
En simplifiant on peut caractériser 3 types d'interlocuteurs dans ce débat :
2) Le transhumanisme pose des questions de fond
Le débat autour de l'homme futur tourne autour de 4 questions fondamentales :
Ces débats et ces questions sont traités par la fiction et plus particulièrement par le cinéma de Sf.
C- Le transhumanisme / post-humanisme dans le cinéma de Sf
1) Un thème classique du cinéma de Sf
Sur les traces de Mary Shelley (Frankenstein, 1818) et H.G. Wells (L'île du docteur Moreau, 1896) le cinéma s'est emparé très tôt du posthumain.
En 1916 Otto Riper tourne Homunkulus, une série de 6 petits films sur un héros artificiellement créé et rejeté par la société ; en 1918 Michael Curtiz, dans Alraune, met en scène une créature hybride (femme / racine de Mandragore) ; enfin en 1931 James Whale adapte Frankenstein et l'année suivante Erle C. Kenton adapte L'île du docteur Moreau.
Par la suite le cinéma s'empare du transhumanisme au travers du mythe du savant fou créant une créature « améliorée », de la mutation plus ou moins volontaire, de l'hybridation homme/machine... Dans ces films l'humain amélioré relève soit de la pure fiction, rêvée ou cauchemardesque, soit de l'exploit des technologies au service de l'homme au travers de la réparation : la main de Luke tranchée par Dark Vador dans L'empire contre-attaque (Georges Lucas, 1980), la « cyborgisation » d'Anakin dans La Revanche des Siths (Georges Lucas, 2005) le corps de Rico régénéré dans Starship Troopers (Paul Verhoeven, 1998), Leloo entièrement reconstruite à partir d'un fragment de son corps dans Le 5° élément (Luc Besson, 1997), Lucy qui, exploitant 100% de son cerveau, se dématérialise totalement (Luc Besson, 2014) ; etc. Mais ce sera Stanley Kubrick dans 2001 l'odyssée de l'espace (1968) qui osera la réflexion la plus complexe sur la posthumanité en clôturant le voyage spatiotemporel de Bowman avec le « fœtus humain astral » qui prend la place du vieil homme mourant. Il y a bien une renaissance (une transcendance?) : mais quelle est la nature de cet enfant ?
2) Posthumanisme et cinéma cyberpunk
A partir des années 80-90 le courant cyberpunk s'empare du thème du transhumanisme et se fait l'écho des débats qui naissent autour de la « chair technicisée » et de l'humain modifié. Le cinéaste canadien David Cronenberg en est le plus intéressant représentant : mutations (La Mouche, 1986 ou Chromosome 3, 1979) ou virtualisation du corps (Videodrome, 1982, eXistenZ, 1999).
Le discours tenu est le plus souvent critique. Si on prend l'exemple des implants (comme les puces RFID) on se rend compte que dans les films de Sf l'obsession du héros est de s'en débarrasser :
Le film le plus marquant est Bienvenue à Gattaca, dystopie glaçante sur le contrôle génétique (Andrew Nicoll, 1997) avec eugénisme et fracture sociale en toile de fond (une infirmière prélève une goutte de sang sur Vincent, agé de quelques seconde et « lit » son avenir : « Infection neurologique 60 % de probabilité, psychose maniaco-dépressive 40 % de probabilité, hyperactivité, 89 % de probabilité, troubles cardiaques 89 % de probabilité. Espérance de vie : 30 ans et deux mois. ». Outre ce film, On peut mettre en avant quelques productions non encore mentionnées (voire les filmographies en fin d'articles pour une liste plus exhaiustive) :
3) Technophiles / technophobes : des films plus complexes qu'il n'y parait
Le cyberpunk, comme les films plus récents dépassent largement le clivage technophile / technophobe. L'un des premiers à aborder avec complexité ce clivage fut Tetsuo de Shinya Tsukamoto en 1989 (un homme se transforme progressivement en machine). Dans sa thèse Mehdi Achouche(11) a étudié le « contenu » posthumaniste de quelques films, dont Avatar (James Cameron, 2009) et Matrix (Lana et Lily Wachowski, 1999) : il constate que l'opposition technophile/technophobe est inopérante et que l'augmentation/amélioration de l'être humain est admise à condition qu'il en garde le contrôle par la prééminence de la part humaine sur la part artificielle et que pluralisme et liberté soient préservés. Ces films sont influencés par l'imaginaire cyberpunk et transhumaniste. Ainsi le combat des héros trans-humains (Néo ou Sully) est une libération face à une utilisation oppressive (le monde des machines) ou mercantile (la société RDA) de la science et de la technologie. C'est par la science et la technologie que Sully devient un Omaticaya et que Néo se libère de la Matrice pour évoluer vers le surhomme. De même ces films relèvent de la contre-utopie (voire contre-culture) par construction, à l'opposé des mondes initiaux, hyper-urbanisés, technologisés et dégradés, des « cités idéales » que sont Pandora et Zion.
On constate donc que le cinéma de Sf s'est largement emparé des éléments du débat autour du transhumanisme. Si la dystopie semble dominer dans les années 80-90 elle cède peu à peu le pas à une réflexion plus complexe sur la post-humanité. Mais si l'hybridation homme/machine semble admise (avec toutes les limites et précautions requises) l'atteinte au vivant que représente les biotechnologies (modification du génome, clonage, etc.) reste un sujet délicat et globalement stigmatisé.
D- Sf et transhumanisme, des liens très étroits
Nous l'avons vu précédemment, la question du transhumanisme trouve un écho au cinéma. Mais alors : qui influence qui : les thèses transhumanistes se nourrissent-elles des films ou bien le cinéma de Sf influencent-ils les tenants du transhumanisme ? On peut aussi se demander quel impact ce cinéma de Sf a sur l'opinion publique qui s'en nourrit ?
Un lien très étroit existe entre la Sf et le projet transhumaniste car s'il est un courant de pensée, le transhumanisme est également un imaginaire socio-technique. On remarque que :
Conclusion
Les films de science fiction ont inspiré une vision du posthumain, ou du moins de l'homme augmenté/amélioré, très inspirante mais porteuse de malentendus. Voici comment Nathanaël Jarrassé, spécialiste des interractions homme/machine au CNRS, résume ce malentendus en parlant des prothèses : « On explique rarement qu'un exosquelette, même dans un film de science fiction, et bien le héros a du passer des années à s'entrainer pour bien l'utiliser. Et donc les patients arrivant avec des espoirs d'instantanéité assez grands peuvent être surpris, déçus, et voire rejeter ces technologies là quand ils apprennent les sacrifices à faire pour s'en servir ».(14)
Alors que dans l'histoire l'être supérieur à l'homme relevait avant tout du mythe, de la divinité ou de la magie, le surhumain est actuellement incarné par le mutant, l'homme augmenté ou le super-héros qui font fusionner cette figure du surhumain avec celle du post-humain (de l'Homo sapiens à l'Homo superior). Dans cette dernière partie nous nous interrogerons sur la « surhumanité » du super-héros : quasi divinité à vénérer, danger à craindre ou menace à éliminer ?
A- Etude de cas : Superman VS Batman
Les super-héros (que nous abrègerons par SH) portent du mythe (sans les fondements religieux, donc un « mythe désenchanté » selon Max Weber). Etudions 2 d'entre eux, Superman et Batman, dont les cheminements des comics des années 30 aux films hollywoodiens du XXI° siècle, traduisent ce désenchantement.
1) Superman : surpuissant, surhumain... ringard ?
En 1938 Joe Schuster et Jerry Siegel, dans l'Action Comics #1, créent le héros Superman. D’origine extraterrestre (Krypton), Kal-El est recueilli enfant par une famille de fermiers texans (les Kent) qui l’élèveront dans des idéaux de justice et de morale bien définis. Superman porte en lui, dès sa naissance, le poids de ses pouvoirs (tel l'Hercule de la mythologie grecque) qui tracent son destin de surhomme, garant de l’ordre du monde et de la justice. Superman incarne donc une vision quasi religieuse de l’Amérique comme garante de l’ordre mondial (se reporter à l'article sur "Les Etats-Unis au miroir de son cinéma de Sf".
Superman, ne fait pourtant plus vraiment rêver aujourd'hui : trop monolithique, trop fort, trop moralisateur. Pourtant au tournant des années 80 les auteurs successifs tentèrent de réduire ses pouvoirs et d'humaniser le personnage autour de son identité de Clark Kent. Plus encore dans les deux derniers films, Batman v Superman : l'aube de la justice et Justice League (Zack Snyder, 2016-2017) Superman (qui meurt et ressuscite !) côtoie d'autres super-héros (de l'écurie DC Comics bien sûr) et endosse (par manipulation certes) le costume du méchant (jusqu'à ce qu’il reprenne ses esprits).
2) Batman : humain, surpuissant... schizophrène ?
En réponse directe à Superman, Bob Kane et Bill Finger créent l'année suivante, dans Detective Comics n°27, Batman un héros sans pouvoirs surnaturels, mais s’appuyant sur une intelligence et un arsenal technologique hors du commun, dont une extraordinaire armure (d'où l'expression « le Chevalier Noir »). Nous sommes dans l'hybridation homme/machine dans laquelle la prothèse compense les limites humaines. Dans la trilogie de Christopher Nolan la technologie de Batman apparaît aussi salvatrice qu’anxiogène : ces films reflètent ainsi la complexité de nos rapports contemporains à la science et la technique.
Surtout Batman/Bruce Wayne est profondément humain... et donc profondément complexe avec une noirceur que Nolan a su exploiter jusqu'à exposer une forme de schizophnérnie et jusqu'à lui préter, dans sa lutte contre le crime, des tendances fascisantes(15).
Image tirée de Superman II (Richard Lester, 1980) et extrait de Man of Steel (Zack Snider, 2013).
3) Superman vs Batman (2016)
En 2016 Zack Snyder livre un film, Superman vs Batman, dans lequel les évolutions des personnages, le Kryptonien et la chauve-souris, atteint un point tel qu'il résume bien des décennies de recherches et d'interrogations sur le concept de super-héros. L'affrontement (puisqu'il y a bien affrontement) qui oppose un dieu (du moins un prétendu dieu) à un représentant de la race humaine (certes riche et puissant), prend une dimension nietzschéen avec la mort de Superman(16).
Or, avec la victoire de Batman et la mort de Superman c'est l'homme augmenté qui triomphe de la divinité. On peut y voir une forme de triomphe des thèses transhumanistes ?(17)
B- L'e cinéma des Super-Héros
Le super-héros est un genre très américain, à la fois pour des raisons culturelles (ils furent, dès 1938, le miroir de l'histoire américaine) et économiques (d'abord avec le pulp, ce magazine bon marché propre aux Etats-Unis puis avec la puissance du cinéma hollywoodien). Les relais de la mondialisation en firent un personnage à l'audience planétaire.
1) Un genre lucratif
Si le genre du super-héros naît en 1938 avec Superman, il puise ses racines dans une très longue histoire : Ulysse, Arthur, Robin des bois, Don Quichotte, Edmond Dantes, Judex, Fantomas, etc. Un super-héros sera doté d'au moins 2 des ces 3 caractéristiques : des pouvoirs, une double identité et un identifiant visuel (costume par exemple). Depuis Superman ce ne sont pas moins de 8 000 personnages (quasiment tous chez Marvel ou DC Comics) qui furent créés !
Passé au cinéma dans les années 70-80 le succès est considérable (sur les 25 plus grand sucés au box-offcie mondial, hors inflation, on compte 10 films de SH dont le n°1, Avengers End Game d'Anthony et Joe Russo avec 1,7 milliards $ de recettes) : leur audience ne laisse donc guère de doutes sur leur importance dans l’imaginaire collectif.
2) Au cinéma, le 3° âge des super-héros
Les années 40 sont le 1ère âge des SH. Ils naissent, à la suite de Superman, dans les Comics américains comme réponse, à la fois à la crise économique et à la guerre mais aussi à la montée des totalitarismes (ils défendent les valeurs d'une Amérique libre et démocratique). Après la guerre de nouveaux SH naissent et les plus anciens évoluent. Ils deviennent plus complexes, à l'image de leur époque, partagée entre une certaine opulence matérielle et des doutes existentiels accompagnés de remises en questions sociales et politiques. Souvent le SH émergent après un accident ou une erreur de la science et ils apparaissent moins solides dans leur conviction, cessant d'être des agents aveugles de l'impérialisme américain.
Après une période de sérial visant un jeune public (le premier, en 1941, The Adventures of Captain Marvel) les SH passent sur le grand écran en 1978 : ce sera Superman, de Richard Donner, immense succès commercial. Dans les années 1990, les productions s'accélèrent et se transforment parfois en histoire plus sombres, moins « jeune public » comme la série des Batman, avec Batman : Le Défi (Tim Burton, 1992), Batman Forever (Joël Schumacher, 1995), et Batman et Robin (Joël Schumacher, 1997).
Enfin, dans les années 2000 (les Fx atteignent un degré de sophistication propre à servir le film de SH) les films de super-héros prennent véritablement leur essor, avec la naissance de l'Univers Cinématographique Marvel (en 2000 les X-Men de Bryan Singer, en 2002 Spider-Man de Sam Raimi, en 2008 Iron Man de Jon Favreau, etc.) face à la franchise concurrente, l'univers DC Comics, et sa locomotive, Christopher Nolan pour ses 3 Batman (Batman begins en 2005, The Dark Knight en 2008 et The Dark Knight rises en 2012) Des films de SH non franchisés (comme Hellboy de Guillermo del Toro en 2004, Incassable de M. Night Shyamalan (2000) ou Hancock de Peter Berg en 2008) ou des films d'animation (Les indestructibles de Brad Bird en 2004) sortent aussi.
Dans les années 2000 le muthe du SH a profondément évolué : il est autant le surhomme sauvant l'univers que le justicier tourmenté et humanisé, capable de revirements moraux. Plus encore le concept même de SH est contesté et questionné, autant par l'évolution que leur personnage subit que par l'apparition de super-héros bien différents comme dans Kick-Ass (Mattew Vaughn, 2000), Super (James Gunn, 2011) ou l'équipe de bras cassés de Suicide Squad (David Ayer, 2016) dans lesquels la frontière super-Héros / super-Villain se dillue quelque peu(18).
C- Super-héros et surhumain
1) Un surhomme Nietschien ?
Le concept de Surhomme est central dans la pensée de Friedrich Nietzsche... et on peut voir le super-héros au prisme de la pensée de l'auteur de Ainsi parlait Zarathoustra... et, ho surprise, rien à voir ! Analyse :
Le Batman de Christopher Nolan (Christian Bale), héros tourmenté.
2) Le super-héros... un stéréotype ?
Le SH et plus généralement le surhumain est d'abord un américain, blanc, mâle, urbain. Jusqu'aux années 90 la femme n'a pas réellement sa place dans le genre. Puis, peu à peu, et suivant en cela les évolutions sociétales et les exigences de parité et de mixité qui s'expriment, le surhumain pourra être, voire sera avant tout une femme. Mais reste une question sur cette représentation de la super-héroine, celle de son hyper (ou non) sexualisation ? En effet, dès les comics des années 60 la question de « la dualité entre un message féministe et son incarnation par un personnage sexualisé »(19) se pose. Wonder Woman en est certainement l'expression la plus intéressante : elle fut créée par William Moulton Marston, un véritable féministe, en 1941. La plupart des histoires la concernant portent un message sur la place et la condition de la femme (y compris jusqu'à l'annonce de la bisexualité de l'héroine en 2016), tout en étant incarné par un personnage très sexualisé : par le crayon de Moulton puis par Lynda Carter dans la série télé (1967-1076) et enfin Gal Gadot dans le film de Joss Wehdon en 2013.
3) Ce surhumain, mon voisin ?
Dans les parties précédentes nous avons analysé comment le cinéma de Sf envisageait la cohabitation entre mutants et homme « normal » et au sein d'une société en route vers la posthumanité. Avec le cas du super-héros cette cohabitation est au cœur des histoires contées.... mais la question est posée différemment car le SH est avant tout un individu (ou un groupe réduit d'individus) et non une « espèce ».
Le processus d'identification du SH avec le spectateur fonctionne selon 4 biais :
Conclusion
Pas si manichéen et simpliste que cela, le cinéma de super-héros est un excellent reflet des évolutions de nos sociétés occidentales (américaines surtout bien sûr). Pour approfondir le sujet on pourra lire Super-héros, une histoire politique de William Blanc (chez Libertalia, 2018) qui évoque surtout les Comics mais aussi le cinéma de SH, par exemple au travers des personnages de Wonder Woman ou de Logan.
Conclusion générale
Alors que le thème de l'extraterrestre parlait de nos relations à l'étranger et que le thème de la machine interrogeait les limites de la science, de la conscience et de l'humanité, le mutant et le surhomme questionnent notre propre évolution. Cette confrontation avec nous-même convoque la science et la technologie (et un peu de magie, pour être honnête !) pour mieux les questionner.
Au final, après ces 3 articles consacrés à l'Autre, reste une question : cette Autre, non-humain, sur-humain, trans-humain, hybride voire post-humain est-il tellement étranger qu'il suscite nécessairement à la fois la fascination mais aussi la répulsion ? En gros, l'Autre est-il nécessairement monstrueux ? Tel sera le thème du prochain, et dernier, article consacré à l'Autre dans le cinéma de science-fiction.
Wonder Woman vue par Audrey Piguet (affiche du cours de l'UNIL, « Super-héros, que nous disent-ils ? », 2014).