(1) Pour en savoir plus lire le livre de Véronique BERGEN. Barbarella : une space oddity. Les Impressions Nouvelles – La Fabrique des Héros. 2020.
(2) En 1981 Delphine Seyrig tournera un documentaire ayant ce titre dans lequel elle interviewe des comédiennes sur leur position de femme et leurs relations avec les hommes dans le milieu du cinéma.
(4) Sur 2 441 personnages Marvel recensés depuis 1939, 402 sont de sexe féminin, soit environ 15%. Source : BOISSONNEAU, Mélanie. Enjeux de la super héroïne au cinéma. In Du héros aux super héros: mutations cinématographiques. FOREST, Claude (dir.). Presses Sorbonne nouvelle. 2009
(5) ENGELS, Antoine. Comme Captain Marvel, ces super-héroïnes de comics sont vraiment féministes. The Huffington Post, mars 2019.
(6) Certains critiques ont relevé une sexualisation plus forte de Wonder Woman dans Justice League (2017) car un homme, Josh Whedon, était aux manettes
(8) Source : La colossale différence de salaires entre hommes et femmes à Hollywood. Sur LePoint.fr, mai 2019. cet article relaie un article original du Guardian
(9) L'infertilité désigne l'incapacité biologique d’une femme, d’un homme ou d’un couple à concevoir un enfant. Elle semble en hausse depuis des décennies, une hausse liée au recul de l'âge de conception des enfants, aux modes de vie et aux facteurs exogènes comme les perturbateurs endocyniens : VOIR.
" L'érotisme est un pouvoir sexuel sans bornes, illimité, démesuré. Il faut le craindre."
Marquis de Sade (écrivain, philosophe, 1740 - 1814)
Le cinéma de Sf est avant tout un spectacle mais il offre aussi une représentation du monde et de l'époque de son/ses créateurs. A ce titre il reflètera l'état des mœurs de l'époque en matière de sexe et d'érotisme. Mais le film de Sf peut également porter une vision propspectiviste et donc interroger, voire infléchir le présent (en savoir plus sur ces « fonctions » de la Sf et de son cinéma en se reportant à l'éditorial du present site web).
En matière de sexe et d'érotisme 2 thèmes majeurs émergent rapidement. D'abord la question du rapport entre les sexes (genre, place de la femme, identité sexuelle, etc.) dans les films de Sf. Ces questions ont connu une évolution tout au long des près de 120 années d'histoire du cinéma de Sf, de la femme invisibilisée ou simple potiche sexy d'avant aux « femmes fortes » ou « femmes ingouvernables » actuelles. Ce sera l'objet de nos 2 premières parties. Le 2nd thème, quasiment biblique dans son énoncé est celui de la dialectique amour / reproduction. Nous verrons dans notre 3° partie comment les films de Sf envisagent la sexualité-plaisir et la sexualité-reproduction, dans des perspectives parfois étonnantes mais pas forcément si éloignées des réalités qui émergent en cette 1ère moitié du XXI° siècle...
D'Altaira Morbius (Anne Francis) aussi ingénue que court vétue dans Planète interdite de Fred McLeod Wilcox en 1956 à Dame Jessica (Rebecca Ferguson) de la version de Denis Villeneuve de Dune (dernier film de Sf que j'ai vu au moment de la rédaction de cet article) que de chemin parcouru ! Le cinéma de Sf reflète donc bien, lui aussi, cette évolution sociétale du patriarcat à la génération #Metoo. Analyse...
Lire : ouvrages et articles
ARMAIGNAC, Esther. Les personnages féminins des blockbusters américains. Représentations et rapports de pouvoir. Mémoire Université de Monreal , 2017 : VOIR.
AURLE, Jade et FASSE, Jacques. Les pires parodies X sont souvent les meilleures. Editions Huginn & Muninn (Génération VHS) – 2018.
BEHR, Michelle. L'image de la femme dans la science-fiction anglo-saxonne. Mémoire de thèse, 1981 : VOIR.
BOISSONNEAU, Mélanie. Enjeux de la super héroïne au cinéma. In Du héros aux super héros: mutations cinématographiques. FOREST, Claude (dir.). Presses Sorbonne nouvelle. 2009 : VOIR.
BOURQUE-BERANGER, Emilie. Les femmes violentes dans le cinéma hollywoodien à l’ère Reagan. In Communication, lettres et sciences du langage, 2008. Université de Sherbroock : VOIR.
CONRAD, Dean. Femmes Futures : one hundred years of female representation in sf cinema. Liverpool University Press . 2011.
GREELY, Henry T. The end of sex and the future of human reproduction. Cambridge, Massachusetts : Harvard University Press, 2016. 381 p.
KAC-VERGNE, Marianne. Le féminisme au secours des franchises de science-fiction : le cas de Mad Max : Fury Road (2015) et Ghostbusters (2016). Dans le dossier de Res Futurae : Tendances et évolutions du cinéma de science-fiction. VOIR.
LARBALESTIER, Justine. 2002. The Battle of Sexes in Science Fiction, Middletown: Wesleyan University Press.
LEBEL, Geneviève. La représentation féminine au sein du genre de super-héros américains du XXI° siècle. Mémoire Université de Monréal, 2016 : VOIR.
LEHOUCQ, Roland et STEYER, Jean-Sébastien. Le sexe des extraterrestres. In Pour la science, n°433, octobre 2013 : VOIR (sommaire).
MOISSEEFF, Marika et DE VIENNE, Emmanuel. Jouir ou se reproduire ? Les voies d’autonomisation de l’individu et leurs ressorts idéologiques. Terrain, Portraits, février 2018 : VOIR.
MOISSEEFF, Marika. La Procréation dans les mythes contemporains : une histoire de science-fiction. Anthropologie et sociétés. Québec : Département d’anthropologie, Faculté des sciences sociales, Uni-
versité Laval, 2005 : VOIR.
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Sur le Web
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En vrac
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Histoire de sexe-fiction. In La Grande Anthologie de la science-fiction (tome 36, 1985) : VOIR sur la Wikipedia.
En 2070, le sexe avec les robots sera banal, affirme une chercheuse. Article de Futurascience : VOIR.
Une enquête de The Foundation for Responsible Robotics de 2017 ; VOIR.
Poupées et robots sexuels
Reproduction and pregnancy in science fiction. Article disponible sur le site Bionity.com : VOIR.
Regarder - Ecouter
Table ronde : « Le cinéma de Science-fiction et les femmes ». Amazing Lucy, Lizzie Crowdagger, Cathee Dufour et Marianne Kac-Vergne. Modération : Léa Sisgimondi. Dans le cycle de tables rondes du festival de science-fiction Les Intergalactiques de Lyon, 7ème édition, avril 2018 : REGARDER.
11 héroines qui détruisent les stéréotypes. Sur la chaine Youtube Topsicle-cinéma : REGARDER.
Born Sexy Yesterday. Sur la chaine Pop Culture Détective : REGARDER (avec sous-titrage sur le blog Prenezcecouteau.com).
Le 7e cycle de tables rondes des Intergalactiques de Lyon sur La représentation des femmes dans la Science-fiction. 21 avril 2018. Le compte-rendu en vidéo : REGARDER.
Quel sexe dans la science-fiction ? Rencontre (1er Décembre 2017) à la librairie La Virevolte à Lyon, avec Sylvie Lainé, Jeanne A. Debats et Dominique Douay : REGARDER.
Utopiales 2018 : Conférence Clonage et utérus artificiel, la reproduction du futur ? Avec Thierry Harvey, Sylvie Lainé et Judith Nicogossian : ECOUTER sur Actusf.
A propos des films mentionnés
Filmographie
8 films Sf et érotisme sur Vodkaster : VOIR.
2069, a sex Odyssey
Alien
Barbarella
Ex-Machina
Flesh Gordon
Her
J'ai épousé une extra-terrestre
Mad Max : Fury Road
La Playmate des singes
La fiche Wokipedia : VOIR.
Robotrix
Strange Day
Valérian
Wonder Woman
Zeta One
A- Etude de cas : la Sf érotique des années 60 - 80
La Sf érotique fait partie, pour une bonne part, de la "Sexploitation", fruit de la révolution sexuelle et de la libération des mœurs à partir des années 60.
1- Le cas "Barbarella"
Barbarella est l'adaptation de la bande-dessinée du même nom, créée en 1962 par Jean-Claude Forest. Le film a été mis en scène par Roger Vadim (rappelons qu'il révéla Brigitte Bardot, en 1956, dans Et dieu créa la femme) en 1968. Le film retrace les aventures de la guerrière Amazone Barbarella (Jane Fonda) aidé de l'ange Pygar (John Phillip Law) face au savant fou Durand Durand (Milo O'Shea) et à la reine noire de Sogo (Anita Pallenberg). Film kitchissime et cultissime, dont l'héroine s'éloigne quelque peu du personnage créé par JC Forrest, Barbarella incarne le Peace and Love de sa décennie.
Aux Etats-Unis le code Hayes de 1946 a été aboli en 1966, la même année où, en France, le film La religieuse de Jacques Rivette fait l'objet d'une bataille juridique et citoyenne autour de sa sortie. La période fin 60' mi-70' est celle du recul de la censure et du début des sytèmes de cotation (dont le fameux X) qui ouvre la porte à l'érotisme et au porno soft (rappelons le succès incroyable du film Emmanuelle de Just Jacquin en 1974).
2- La 'sexploitation' dans le cinéma de Sf
Dans la veine du film de série B érotique (à la Russ Meyer) ou de la Blacxploitation (rappelez-vous de Pam Grier ou de Jim Kelly), le cinéma de Sf a lui aussi connu une vague de films érotiques, puis pornographique à partir des années fin 60 - 70'. Ce sont des films à petits budgets appelés films d'exploitation (selon la Wikipedia : « Le film d'exploitation est un type de film réalisé avec peu ou pas d'attention à la qualité et qui évite les dépenses des productions des films traditionnels, dans la perspective d'un bénéfice rapide »), souvent des productions indépendantes. Leur succés est également associé à l'essor de la VHS (le cinéma à la maison).
1) Bechdel et connotation frames
La mesure du déséquilibre entre les rôles masculins et féminins au cinéma a fait l'objet de mesures. Deux outils sont à signaler :
Conclusion
Ces personnages de femmes fortes reflètent également des évolutions dans l'industrie cinématographique : les femmes prennent une place plus importante comme actrices bien sûr mais aussi comme autrices (pensons à Suzanne Collins)... mais encore une fois il faut nuancer car, si l'on recense les réalisateurs de films de Sf nous ne trouvons que 5 réalisatrices (face à plus d'une centaines de réalisateurs), les sœurs Wachowski, Patty Jenkins, Mimi Leder et Katryn Bigelow.
Une scène incongrue (et mysogine) : Alice EVE est le professeur Carole Marcus dans Star Trek into Darkness
Introduction
Du New-York surpeuplé de Soleil Vert (Richard Fleischer, 1974) à l'Angleterre infertile du film Les fils de l'homme (Alfonso Cuaron, 2006) en passant par les similis humains de Clones (Jonathan Mostow, 2009), le cinéma de Sf s'est emparé du thème de la population et de ses capacités et modes de reproduction pour envisager les pires scénarii. S'il est un thème où la science d'aujourd'hui nous rapproche des perspectives tracées par la Sf, c'est bien celui-ci. Analyse...
B- L'émergence de "femmes fortes" dans le cinéma de Sf
Les "femmes fortes" (on rencontre aussi l'expression "femmes ingouvernables") se caractérisent, dans le cinéma de Sf par des rôles reprenant des attitudes jusque là plutôt réservées aux hommes, essentiellement la violence, mais aussi par un usage différent du corps et par une relation nouvelle aux personnages masculins.
1) La violence
Les 1ères femmes fortes dans les films de Sf remontent aux années 80 (années qui vont formater le film d'action hollywoodien des décennies suivantes) dans des personnages où la violence joue un rôle important :
Introduction
A partir des années 80 des femmes fortes émergent dans le cinéma de Sf. Cette émergence s'est confirmée dans les décennies suivantes. Ces rôles de « badass » (littéralement « dur(e) à cuire) passent par des représentations parfois ambiguës autour de la violence, du corps et des relations aux personnages masculins. Analyse...
Conclusion générale
Le cinéma de Sf s'est donc fait l'écho des évolutions concernant les questions de sexe et de reproduction... avec ses biais habituels : un gôut prononcé pour la dystopie (infestation, infertilité, sexe virtuel, etc.) et la nécessité du spectacle (histoires parfois un peu 'nunuches', corps dénudés, etc.). Il parait indéniable que les films de Sf ont également joué un rôle dans la libération des moeurs et les avancées du féminisme. Malgré tout on peut se demander si, par certains cotés, le futur du sexe n'est pas avant tout pensé et imaginé par des hommes pour des hommes ? Ainsi une enquête de The Foundation for Responsible Robotics de 2017, réalisée aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Pays-Bas montrent que les 2/3 des sondés hommes sont en faveur d’une utilisation des robots sexuels, contre 30 % des sondées femmes.
Alors demain, la généralisation du sexe virtuel, de la Procréation Médicalement Assistée, des sexualités alternatives ? Restons optimistes et laissons le dernier mot à Jacques Testart, biologiste et 'père' du 1er bébé-éprouvette français : "faire l’amour dans un lit, c'est quand même plus marrant que d’aller se masturber dans un laboratoire !"
2) Le corps
Soyons clair : les femmes fortes sont aussi de belles femmes (quasiment aucun contre-exemple). Dès lors quel rôle est assigné au corps (dans ses dimensions esthétiques et sexuelles) ? L'approche dominante est celle de la sexualisation du corps :
3) Les hommes
La force de ces personnages s'exprime aussi dans leurs relations aux personnages masculins. Là aussi, les postures divergent ou sont plus ambiguës qu'il n'y paraît. Petite typologie :
Le film de Roger Vadim sans être précurseur est malgré tout une bonne représentation de cette vague érotique qui touche le cinéma. Analysons le générique (ci-dessus) du film : Barbarella se débarrasse dans un streap-tease en apesanteur de 4 minutes de son scaphandre encombrant. La nudité y est plus suggérée que montrée : des plans fugitifs sur la poitrine ou le bas du dos ; des lettrines du générique qui arrivent souvent à point nommé pour cacher les parties intimes de l'actrice, etc. Le générique est à l'image du reste du film : dénuder Jane Fonda (ou suggérer sa nudité) aussi souvent que possible. La sexualisation, très soft, est en grande partie contrebalancée par l'interprétation de l'actrice, entre 1er et 2nd degrés, entre naïveté et drolerie.
Ainsi Barbarella est plus qu'un film érotique car, au delà de la nudité et du syndrome 'Born Sexy Yesterday' (voir plus loin) ; au delà du fait que le personnage est le « produit » de 4 hommes, Jean-Claude Forrest (l'auteur), Roger Vadim (le réalisateur), Terry Southern (le scénariste) et Dino De Laurantis (le producteur), Barbarella est une héroine qui affiche sa liberté de femme face à des personnages masculins quelque peu ridicules. Mais c'est un féminisme ouvert et accueillant assez loin du féminisme de combat des actuels mouvements #Metoo ou Balance ton porc(1).
1967, The Summer of Love (All you need is love chantaient les Beattles ; les Mamas & the Papas chantaient San Francisco) fait connaître au monde entier la contre-culture Hippie qui aura son point d'orgue en 1969 à Woodstock avant d'entamer un lent déclin (violence, drogues dures...) et de céder face au Punk dans les années 70. Un aspect que l'on retient de ce mouvement est l'amour libre... et Barbarella s'en fait la porte-parole cosmique. Dans l'univers du film (4 000 ans dans le futur) l'amour physique a été remplacé par des « pilules de transfert d’exaltation » (qui contribuent par simple toucher des paumes de la main à ressentir les effets d’un rapport sexuel réel)... une référence aux drogues et pratiques plus ou moins inspirées des philosophies orientales. Ainsi, des décennies avant l'amour virtuel (dont nous parlerons plus loin) le film évoque cette possibilité ainsi que l'amour cybernétique avec un curieux instrument de torture, l'orgastron ! Mais l'amour physique est aussi évoqué sous la forme de découvertes successives faîtes par l'héroine et là également le film est révolutionnaire puisqu'en faisant l'amour avec des hommes, des femmes, des robots et même un ange Barbarella célèbre l'amour transgenre ou interspéciste ! En fait le film remet en cause « une société de totale licence, où régnerait un hédonisme déshumanisé, l'amour robotisé » (citation empruntée à Pierre Billard, dans l'Express du 28 octobre 1968, Vadim et Freud dans les galaxies) ; il s'interroge aussi sur une société inégalitaire où l'esclavage serait rétabli. Mais point de dystopie dans Barbarella ! L'optimisme et la foi dans l'humanité domine dans le film.
Au delà de la (naissante) révolution sexuelle et de la libération des corps Barbarella aborde d'autres problématiques de son époque. En 1968 la décolonisation se poursuit en Afrique et la guerre du Vietnam s'amplifie... or Barbarella est libératrice des peuples opprimés : les esclaves de Sorgo sont libérés... mais sans la violence des luttes révolutionnaires, plutôt par l'amour et la persuasion (Barbarella convainct la reine noire de se joindre à elle). Emerge également mais très timidement une préoccupation écologique et une critique des modes de gouvernance, à la fois ténue et naïve.
Conclusion
Le film de Roger Vadim est, au final, très sage ; en tout cas beaucoup moins radical que ne le sont les 4 albums de BD. Barbarella est une figure de « guerrière amazone » sans la violence souvent inhérente à ce type de personnage (Wonder Woman Elektra, Miss Marvel, Hit-Girl, Lara Croft, Ellen Ripley, Alice Prospero, etc.) dont nous parlerons en 2nde partie.
Nous allons nous appuyer sur 5 films : Kiss Me Quick (Peter Perry, 1964) ; Zeta One (Michael Cort, 1969) ; 2069, a sex odyssey (Georg Tressler) et Flesh Gordon (Howard Ziehm et Michael Benveniste) tous deux de 1974 ; nous prendrons également Robotrix (Jamie Luke) de 1991 qui appartient à la catégorie III à Hong Kong (violence, sexe, immoralité... un peu le interdit aux moins de 18 ans en France) et représente une sorte d'avatar de la sexploitation. On peut dégager 4 caractéristiques de ce genre de films :
Bien sûr, le moteur n°1 de ces films est le profit qui repose sur 2 idées simples : l'exotisme (de la Sf) et le voyeurisme (pour le sexe et la violence). Mais on peut avancer d'autres éléments qui rendent ces films intéressants pour notre sujet :
B- Féminisme et sexisme dans les films de Sf
Passons d'abord par la littérature et rendons hommage à 2 autrices dont les œuvres firent un bien fou à la Sf de leur époque, Ursula Le Guin et Octavia Butler, pour nous demander s'il y-eut, dans le cinéma de Sf, les mêmes créatrices ? Pour le moment, il semble que non... Analysons alors le cinéma de Sf sous le prisme du genre : dans la mesure où nous savons que les films de Sf reflètent l'état de la société (à l'image des autres genres cinématographiques), il est intéressant de mesurer le déséquilibre entre les sexes, d'en voir les formes et d'en examiner l'évolution.
2) Quelques biais dans la représentation des femmes dans les films de Sf
Le syndrome Trinity (en savoir plus)
Cette expression que l'on doit à la journaliste et éditrice Tasha Robinson désigne le biais cinématographique par lequel un personnage féminin fort est, au final, réduite à la fonction de bras droit du héros masculin. Les personnages mentionnés sont, parmi d'autres :
Le "Born Sexy Yesterday"
La chaîne Youtube Pop Culture Détective propose depuis 2017 une vidéo dans laquelle ce trope propre aux films de Sf est expliqué : il s'agit de personnages féminins naïfs, ignorants (ou inexpérimentés) des « choses de la vie » et particulièrement du sexe et de l'amour ; en gros, l’esprit d’un enfant dans le corps d’une femme (en français on traduirait par « Née de la dernière pluie »). C'est une expression de la domination masculine de type « maître / élève ». Dans la vidéo de nombreux extraits montrent les principaux personnages de Sf affectés de ce stéréotype comme :
Compétentes... oui mais surtout sexy
Un autre biais de la représentation des femmes dans les films de Sf concerne leurs compétences scientifiques : souvent les rôles d'expertes scientifiques s'accompagnent de signes qui contribuent à induire un doute sur lesdites compétences. Prenons 2 exemples :
3- Le cinéma de Sf a-t-il pris le train MeToo des années 2010/2020 ?
Globalement la réponse est oui. Prenons le cas de Star War : les personnages féminin existaient dans les 2 premières trilogies mais restaient secondaires (la princesse Leia - Carrie Fisher - et Padmée Amidala - Nathalie Portman - faisant partie d'un trio de héros plutôt dominé par les personnages masculins : Luke - Mark Hamill - ; Han Solo - Harrisson Ford - puis Anakin - Hayden Christensen - et Obi-Wan - Ewan McGregor -). Dans leur étude sur la saga, Julien Assouline et Ioannis Antypas (Vers une égalité des genres dans la science-fiction ?) ont remarqué que les personnage féminins de la 1ère trilogie (la princesse Leia essentiellement avaient moins de dialogue que les droïdes dont C-3PO. La situation s'améliore dans la prélogie mais c'est avec la 3° trilogie qu'un changement majeur intervient avec Rey (Daisy Ridley) personnage central des 3 films.
Cette féminisation est bien réelle : Furiosa (Charlize Theron) vole la vedette à Max (Tom Hardy) dans Fury Road (Georges Miller, 2015) ; les Ghostbusters de Paul Feig en 2016 sont des femmes (dont Kristen Wiig et Melissa McCarthy). Mais, comme le fait remarquer Marianne Kac-Vergne (Le féminisme au secours des franchises de science-fiction : le cas de Mad Max : Fury Road (2015) et Ghostbusters (2016). In dossier de Res Futurae : Tendances et évolutions du cinéma de science-fiction) le film Ghostbusters de 2016 va très loin dans l'affirmation féministe et relègue les hommes à des rôles d' « idiots ou prétentieux ou les deux », ce qui lui vaudra un déchainement d'hostilité mysogyne.
Conclusion
Le cinéma de Sf a donc longtemps sous-représenté les femmes ; les a assigné à des rôles mineurs et passifs. En ce sens il reflète les stéréotypes de genre qu'il a contribué à renforcer et à infuser dans la société. Mais le changement est là !
Sois belle et tais-toi
Sois belle et tais-toi est un film de Marc Allégret, sorti en 1958 avec Mylène Demongeot : le titre deviendra une expression de dénonciation du sexisme(2). Cette expression résume bien le rôle dans lequel, durant les années 40 à 80, la femme est assignée dans les films de Sf. L'une des plus forte dénonciation de cette situation se trouve dans l'adaptation à l'écran du roman d'Ira Levin, Les femmes de Stepford (Bryan Forbes, 1975), dans lequel les femmes sont mêmes remplacées par des robots !
Cette assignation au rôle de potiche domine dans les films des années 40-60... mais ce n'est jamais aussi simple. Prenons Planete interdite (Fred McLeod Wilcox, 1956), le personnage d'Altaira (Anne Francis) est le type de Born Sexy Yesterday (cf. plus haut), avec dialogues ineptes et minijupes affriolantes... Justement, la minijupe portée par l'actrice est la 1ère apparition à l'écran de ce vêtement, jusque là réservée aux sportives et aux artistes de cabaret(3), qui deviendra à partir de 1962, avec la styliste anglaise Mary Quant, un symbole féministe. Ainsi, dans le film, le personnage d'Altaira peut aussi bien être vu comme une « sois belle et tais-toi » que comme un symbole d'émancipation (d'ailleurs le film sera interdit dans certains pays ultra-conservateurs, comme l'Espagne franquiste).
A- Etude de cas : Wonder Woman
Wonder Woman n'est pas le 1er film où une super-héroïne tient le rôle titre : avant lui il y eut Catwoman (Halle Berry dans le film éponyme de Pitof, en 2004) et Elektra (Jennifer Garner, dans le film de Rob Bowman en 2005), mais ces 2 films furent des échecs, artistiques et commerciaux, alors que le film de Patty Jenkins fut un franc succès. Analyse...
1- Une héroïne féministe
Le super-héros est d'abord et avant tout un mâle américain, blanc et urbain. Jusqu'aux années 2000, la femme n'a pas réellement sa place dans le genre(4)... sauf pour Wonder Woman qui fut créée par William Moulton Marston, un véritable féministe, en 1941. La plupart des histoires la concernant portent un message sur la place et la condition de la femme (y compris jusqu'à l'annonce de la bisexualité de l’héroïne en 2016), tout en étant incarnée par un personnage très sexualisé : par le crayon de Moulton puis par Lynda Carter dans la série télé (1967-1976) et enfin Gal Gadot dans le film de Patty Jenkins en 2017 (et sa suite, Wonder Woman 1984, toujours mis en scène par Patty Jenkins, en 2020).
Dans les 2 films tout concourt à faire de Wonder Woman une femme forte : elle occupe sans conteste le 1er rôle sur le fond de l'histoire comme sur la forme ; elle est accompagnée d'une galerie (assez folklorique) de personnages masculins secondaires (que les anglophones nomment sidekicks) ; elle est filmée dans les scènes d'action comme l'aurait été un homme (cf. plus bas) ; etc. Ce féminisme se voit en particulier dans les scènes où la candide héroïne (rappelons qu'elle a vécu toute sa vie précédente sur une île, coupée du monde) se confronte au monde des humains et, plus précisemment, aux conventions de la société anglaise du début du XX° siècle. Nous aurions pu avoir droit à toute la galerie de clichés propres au concept du Born Sexy Yesterday (un concept que nous aborderons plus loin)... mais elle s'en tire plutôt bien car le sous-texte féministe est assez fort avec des piques drôles mais incisives sur la place des femmes (secrétaires dévouées ; exclues de certaines sphères masculines ; etc.). Par contre on pourra noter que le scénario n'échappe pas à une sorte de convention d'écriture par laquelle l'héroïne ne peut s'accomplir pleinement que par l'amour d'un homme et son sacrifice (Steve Trevor – Chris Pine – donne sa vie pour sauver l'humanité et détruire le gaz mortel).
2) Un personnage sexualisé
La question de la représentation de la super-héroine se pose au travers de son hyper (ou non) sexualisation. En effet, dès les comics des années 60, la question de « la dualité entre un message féministe et son incarnation par un personnage sexualisé »(5) se pose de façon récurrente. La réalisatrice, Patty Jenkins, première femme aux commandes d'un film de super-héros, avait déjà réalisé Monster (2004) dans lequel Charlize Theron incarnait une femme forte mais terriblement « abîmée » par la vie. Pour Wonder Woman, elle a mis en scène son héroïne en concédant aux exigences d'un blockbuster mais en filmant les scènes d'action comme s'il s'agissait d'un super-héros mâle(6). A propos de la sexualisation de son héroïne, en réponse à une critique de James Cameron, elle disait , dans le Huffington Post : « […] Mais si les femmes doivent toujours être dures et perturbées pour être fortes, et si nous ne sommes pas libres de célébrer une femme parce qu'elle est belle et aimante, alors là nous n'aurons pas beaucoup avancé. Je crois que les femmes peuvent et doivent être tout ce que les personnages principaux masculins doivent être »(7).
3) Une actrice sous-payée ?
Une polémique a enflammé le Net après la sortie du film, portant sur la salaire de Gal Gadot dont le montant était de 300 000 $ que l'on a comparé aux 14 millions d'Henry Cavill pour Man of Steel ou encore aux 50 millions de Robert Downey Jr pour le 1er Avengers. Ce chiffre ne prend pas en compte les bonus liés au succès du film (qui récolta plus de 600 millions $ de recettes) et il est comparable à ceux de Chris Evans pour Captain America ou Chris Hemsworth pour Thor. Difficile donc de savoir ce qu'il en est réellement mais en ne gardant que le contrat initial, sans les bonus, le différentiel existe entre vedettes hommes et femmes à Hollywood. Selon une enquète américaine portant sur les films d'action en 2018, « les stars masculines gagnent 1,8 million de dollars de plus que leurs homologues féminines dans ces films »(13).
Conclusion
Le succès de Wonder Woman fut considérable. Outre les qualités du film, on peut penser que son message féministe en fut une des raisons. On peut alors se poser 2 questions :
Mais il existe une autre approche : le refus de la sexualisation du corps comme c'est le cas dans la saga Star War dans laquelle la force des personnages féminins ne réside pas dans une beauté valorisée : princesse Leia (Carrie Fischer), Padmé Amidala (Nathalie Portman dans la prélogie), Jyn Erso (Félicity Jones) dans le spin-off Rogue One de Gareth Edwards en 2016) ou encore Rey (Daisy Ridley) dans la 3° trilogie).
A- Etude de cas : procréer dans la saga Alien
Alien c'est une franchise de 6 films : les 4 premiers forment un ensemble (Le huitième passager, Ridley Scott, 1979 ; Le retour, James Cameron, 1986 ; Alien 3, David Fincher, 1992 ; Résurrection, Jean-Pierre Jeunet, 2007) et 2, plus tardifs, sous la direction de Ridley Scott (Prométheus en 2012 et Covenant en 2017). Disons-le tout de suite, la saga Alien ce sont des films de « femmes fortes » car, par opposition aux héroines, Ellen Ripley (Sigourney Weaver), Analee Call (Winona Ryder - Résurrection), Elisabeth Shaw (Noomi Rapace - Prometheus) et Daniels Branson (Katerine Waterston - Covenant) les hommes y sont soit faibles soit inconscients soit maléfiques... et systématiquement éliminés par les aliens ! Ces femmes fortes vont se confronter à la procréation, celle des aliens mais aussi la leur ....
1- Un thème omniprésent
La procréation est un thème central de la saga, sous 2 angles.
Les phases de la métamorphose des aliens...
Alien Résurrection : Ripley met au monde une reine alien par césarienne.
Cette thématique peut être analysée de plusieurs manières en faisant appel à la symbolique et aux mythes autour de la maternité.
L'infestation
Dans la saga la reproduction de l'espèce est la raison d'être des aliens et de leur(s) reine(s). Ridley Scott renforce, dès le 1er film de 1979, un postulat déjà évoqué dans de nombreux romans ou films des années 50 (Sf et horreur) : l'invasion extraterrestre n'est pas que celle de la Terre, elle est aussi celle des corps. Les formes Facehuger puis Chestburster sont les avatars horrifiques des Body Snatchers (Don Siegel, 1956 ou Philip Kaufman, 1978) ou des envahiseurs parasites de John Carpenter (Invasion Los Angeles, 1988) ou de Jake Sholder (Hidden, 2015). Avec les grossesses imposées de Ripley et Shaw c'est le corps des femmes qui subit ce viol. L'une éliminera l'envahisseur par le suicide, l'autre par un avortement-express avec un robot médical.
La saga Alien met en scène un cas de possession/destruction : l'hôte est tué pour permettre la naissance de l'extraterrestre, comme dans Life : origine inconnue (Daniel Espinosa, 2017) l'organisme alien Calvin, encore jeune, pénètre et tue de l'intérieur l'astronaute Rory (Ryan Reynolds) ou dans Les Maîtres du monde (Stuart Orme, 1994) des parasites prennent possession des humains et détruisent leur personnalité. Métaphoriquement c'est la défaite de l'humanité (y compris lorsque le monstre est finalement vaincu puisque que l'hôte est mort avec).
Procréation et maternité, entre mythe et symbolique
Dès les 1ères minutes du Huitième passager le thème est annoncé : l'équipage revient à la vie (il sort d'hibernation) sous la surveillance de 'Mother' l'ordinateur de bord. Parmi ces 'enfants' Ellen Ripley s'affirmera comme l'un des tous premiers personnages de « femme forte « du cinéma (de Sf) et ce statut sera confronté, tout au long des 4 premiers films, à son statut de femme 'tout court' au travers de la maternité et/ou du sentiment maternel, le tout baignant dans des références religieuses et/ou mystiques :
Le personnage et les (més)aventures de Ripley en font un personnage mystique très judéo-chrétien : elle connaitra l'enfantement sans géniteur, le sacrifice quasi christique à la fin du 3° volet et une résurrection sous une forme « plus qu'humaine » (un clone doté de capacités surdéveloppées mais vidé de ses émotions).
B- Se reproduire
Comment le cinéma de Sf a-t-il projeté le futur de la population de la Terre ? 3 thèmes ont été explorés abondament par la littérature mais aussi par le cinéma, essentiellement dans le cadre de perspectives dystopiques : le controle de la population, la fin de la procréation naturelle et la sélection génétique.
1- Une Sf Malthusienne ?
Les théories de l'évolution de Darwin ont, indirectement, alimentées le Malthusianisme : partant du postulat que le degré d'évolution d'une société est inversement proportionnel à sa fécondité, Malthus prone un contrôle actif des naissances. Malthus a oeuvré au début du XIX° siècle, mais les craintes d'une croisssance démographique incontrolée ont ressurgi dans les années 60 (le baby boom), en particulier avec la parution du livre La bombe P (Paul R. Ehrlich, 1968) et le rapport Meadows, Les Limites à la croissance (dans un monde fini) de 1972. Les romanciers (John Brunner par exemple) et les cinéastes des années 70-80 se sont emparés de cette problématique. Richard Fleisher adapte Make Room ! d'Harry Harrisson dans dans Soleil vert (1973) où l'on découvre un New-York surchauffé et surpeuplé. Michael Anderson dans L’âge de cristal (1976) évoque un contrôle drastique de la croisssance démographique : la vie en 2274 est idyllique mais s'achève, par euthanasie, à 30 ans !
Rappelons que derrière la théorie Malthusienne on trouve une vision occidentale du monde : l'Occident civilisé, controlant sa croissance démographique face aux pays arriérés rongés par une fécondité galopante. La Sf a métaphorisé cette conception au travers des films d'invasion extraterrestre : par exemple Robert Heinlein dans son roman Etoiles, garde à vous ! (1959) explique les attaques des Bugs contre la Terre par une fécondité débridée conduisant à la surpopulation et à l'expansion conquérante. Paul Verhoeven a su en faire un film ironique en 1997. Souvent donc les films d'infestation peuvent être vu à l'aune de la peur de l'invasion démographique (i.e. des pays pauvres ?) comme La Mutante (Roger Donaldson, 1995 ou X-Tro de Harry Bromley Davenport, en 1982.
La Sf a également extrapolé l'infertilité(9). Alfonso Cuaron en a fait l'argument du film Les fils de l'homme en 2006 et Margarett Atwood a imaginé, autour de ce thème de l'infertilité, une société totalitaire dans La servante écarlate (film de 1990 réalisé par Volker Schlöndorff et série télévisée dont la 4° saison en sortie en 2021).
2- La fin de la procréation 'naturelle' ?
Actuellement les méthodes d'Assistance Médicale à la Proctéation (AMP) se développent rapidement : Insémination Artificielle, PMA, GPA, FIV, DIP(10), etc. Le cinéma de Sf a prospecté cette évolution et, en mettant en scène la fin du rapport sexuel procréateur, en a envisagé les implications sociétales, éthiques et philosophiques. Bien sûr, la grande référence est Aldous Huxley. Quand il imagine une société malthusienne dans son roman Le meilleur des mondes (écrit en 1932 ; adapté en 2 téléfilms, en 1980 par Burt Brinckerhoff et 1998 par Leslie Libman et Larry Williams), c'est pour l'associer à la procréation artificielle (les fameux bébés-éprouvettes) qui est le seul mode de reproduction humaine accepté (hors de quelques réserves peuplées de sauvages) et à la stérilisation généralisée. L'acte sexuel ne relève alors que du plaisir érotique tandis que l'accouchement « naturel » est synonyme d'animalité. La biotechnologie permet l'avènement d'une jouissance sans entrave.
A la suite d'Huxley le cinéma de Sf, quand il parle de reproduction non 'naturelle', le fait systématiquement sous l'angle dystopique en convoquant les pires cauchemares : clonage ; robots de substitution ; implantations forcées d'embryons voire infestation.
(10) Pour comprendre les différences entre Procréation Médiaclement Assistée ; la Gestation Pour Autrui ; la Fécondation In Vitro ; le Diagnostique Pré Implantatoire se reporter à cet article des décodeurs sur le site du journal Le Monde : VOIR.
Alien Le retour : Newt et Ripley // Alien Résurrection : le Newborn et Ripley
3- Une population sélectionnée ?
Pour finir de nombreuses dystopies de Sf explore la sélection génétique de la population avec matinée parfois de Néo-Malthusanisme. Le modèle reste Bienvenue à Gattaca (Andrew Niccol, 1997), dystopie glaçante sur le contrôle génétique avec eugénisme et fracture sociale en toile de fond (une infirmière prélève une goutte de sang sur Vincent, agé de quelques seconde et « lit » son avenir : « Infection neurologique 60 % de probabilité, psychose maniaco-dépressive 40 % de probabilité, hyperactivité, 89 % de probabilité, troubles cardiaques 89 % de probabilité. Espérance de vie : 30 ans et deux mois ».
C- Quels rapports amoureux demain ?
Ce thème n'a guère été exploré par le cinéma de Sf et son cinéma si ce n'est dans les années 60-80 (cf. plus haut). A bien y regarder le cinéma de Sf est assez puritain !? Malgré tout, et ceci plutôt en creux qu'en pleins, l'évolution possible des rapports amoureux futurs est observable.
1- Le sexe virtuel
Actuellement l'érotisme et le porno peuvent se vivre au travers d'appareils connectés et des outils de sexe virtuels apparaissent, comme les gants haptiques ou le Kissenger qui permet d’embrasser quelqu’un à distance. Le cinéma de Sf explore très timidement cette évolution, par exemple dans Barbarella sous la forme des « pilules de transfert d’exaltation » est une 1ère évolution explorée, timidement, par le cinéma de Sf. Dans Demolition Man (Marco Brambilla, 1993) John Spartan (Sylvester Stallone), décryogénisé en 2032 après 36 années de sommeil découvre le sexe virtuel avec Lenina Huxley (Sandra Bullock). Comme dans Barbarella, ce sexe virtuel ne résiste pas au retour des bons vieux rapports physiques ! Dans le même ordre d'idée on découvre le Squid du film Strange Day (Katerine Bigelow, 1995) un procédé (illégal) d'enregistrement passant par le regard, les images étant ensuite partagées en mode immersif.
2- Sexualité(s)
La Sf a aussi exploré des formes de sexualité 'alternatives'. La littérature de Sf, à partir des années 70 en fit un biais pour parler librement d'intersexualité, de pansexualité et de liberté sexuelle (un des plus connu étant Philip Jose Farmer). Dans les films de Sf le sentiment amoureux fait parfois plus qu'ignorer le genre, il dépasse la nature même du partenaire. Parmi ces partenaires nouveaux on trouve la machine sous la forme d'IA ou robots (et cyborgs). Le plus bel exemple se trouve dans la série Suédoise Reals Humans (Harald Hamrell et Levan Akin) dans laquelle des Ubots cohabitent avec les humains, nouant des relations troubles, y compris sentimentales (pensons aux personnages-robots de Béa – Marie Robertson - et Mimi – Lisette Pagler -). Au cinéma nous avons pas mal d'exemples :
Ces histoires permettent d'interroger la nature prochaine des machines : douées ou non de sentiments et d'empathie ? (pour en savoir plus se reporter à l'article sur L'Autre, les machines). Elles extrapolent également sur le concept en développement de sex-robots, pour le moment cantonnés à des poupées gonflables 2.0 ou à des robots sexuels très primaires.
Si la littérature s'est emparé du thème des amours extraterrestres (1961, Les amants étrangers de Philip José Farmer), le cinéma est resté très en retrait sur ce sujet. Hormis le thème de l'infestation déjà évoqué plus haut, la quasi totalité des relations amoureuses, très banales, sont anthropomorphisées en romances entre extraterrestres humanoides et humain-e-s comme celle entre Mr Spock (Zachary Quinto) et Nyota Uhura (Zoé Saldana) dans les Star Trek de J.J Abrams (2009 et 2013) ou Justin Lee (2016) ou celle de Corben Dallas (Bruce Willis) et Leeloo (Mila Jovovitch) dans Le 5° élément (Luc Besson, 1997) ; sans parler de la romance entre Clark Kent-Superman et Lois Lane ! Souvent le registre de la comédie est convoqué comme dans J'ai épousé une extraterrestre (Richard Benjamin, 1988) dans lequel Steven Mill (Dan Aykroyd) et Céleste (Kim Bassinger) vivent une idylle très conventionnelle.